Les déclarations du pape sur le préservatif sous le feu du parlement

Le ministre de la Coopération au développement, Charles Michel (MR), a qualifié mercredi d'"hallucinants, scandaleux et même irresponsables" les propos du pape Benoît XVI qui a affirmé lors de son voyage en Afrique que l'utilisation du préservatif aggrave le problème du sida, tout en appuyant l'initiative parlementaire visant à protester auprès du nonce apostolique.

"J'ai eu l'occasion de réagir très rapidement, immédiatement même, et de manière publique. J'ai dit que je trouvais ces propos hallucinants, scandaleux et même irresponsables", a affirmé M. Michel en commission des relations extérieures de la Chambre.

Il joignait sa voix à celle de son collègue des Affaires étrangères, le vice-Premier ministre Karel De Gucht (Open Vld), qui a lui aussi exprimé sa désapprobation après les déclarations du souverain pontife sur l'usage du préservatif, les qualifiant d'"inappropriés" et d'"incompréhensibles".

"Je suis avec grand intérêt les initiatives du Parlement en faveur de résolutions qui puissent conduire à formaliser une protestation vers celui qui assume également une responsabilité de chef d'État", a ajouté M. Michel.

Il faisait allusion à la proposition de résolution déposée par une majorité alternative - composée des parts libéraux, socialistes et écologistes du nord et du sud du pays - demandant à M. De Gucht de convoquer le nonce apostolique en Belgique afin de protester contre les propos du pape.

Le vote sur cette résolution, émanant du MR, de l'Open Vld, du PS, du sp.a, d'Ecolo et de Groen! , aura lieu jeudi après-midi en séance plénière. M. De Gucht a indiqué mercredi matin à la VRT-radio qu'il convoquerait le nonce apostolique "comme demandé" si la résolution était votée "pour lui dire que le pape se trompe".

Il a qualifié la déclaration de Benoît XVI d'"inacceptable", ajoutant "ne pas comprendre comment quelqu'un d'intelligent peut dire quelque chose comme cela". "Cela m'échappe", a-t-il souligné.

Le souverain pontife avait déclaré mardi dernier, au début de sa première visite en Afrique, que l'on ne pouvait "pas régler le problème du sida (...) avec la distribution de préservatifs" et que, "au
contraire", leur "utilisation (aggravait) le problème".

Selon M. Michel, la Belgique consacre en moyenne 30 millions d'euros par an à des projets de lutte contre le sida dans les pays partenaires. Cette somme ne prend pas en considération d'autres projets dans le domaine de la santé qui, de manière indirecte, ont une composante de prévention des maladies sexuellement transmissibles et du sida en particulier. (belga/chds)