Les nouveaux co-présidents d'Ecolo seront élus dimanche

Elue il y a trois ans pour succéder à la paire Javaux-Turine, la direction politique des Verts n'a pas survécu au scrutin. En juillet, Olivier Deleuze a annoncé qu'il ne briguerait pas de nouveau mandat. La décision n'a pas surpris grand monde, tant ont été nombreuses les critiques sur l'effacement du bourgmestre de Watermael-Boitsfort durant la campagne. En décembre, Emily Hoyos a suivi le même chemin. Le choix est plus étonnant: la Profondevilloise, poussée par Jean-Michel Javaux, incarnait une nouvelle génération d'écologistes, ou du moins une partie de celle-ci, mais ses chances de reconduction paraissaient minces après la défaite et les critiques internes qu'elle a essuyées. En outre, elle peinait, dit-on, à trouver un co-listier.

Les noms ont fourmillé jusqu'à la fin janvier. Deux duos ont finalement décidé de reprendre le flambeau. D'un côté, la députée fédérale Zakia Khattabi et l'ex-président du parlement wallon, le Cynacien Patrick Dupriez. Leur candidature était évoquée depuis un certain temps. L'Ixelloise a signé au mois de juin les constats d'une motion appelant, entre autres choses, à un renouvellement de la direction du parti. Si le texte n'a jamais été approuvé, il a néanmoins été le signal d'une fronde menée par plusieurs personnalités du parti, à commencer par le député européen Philippe Lamberts. Le mois passé, l'intéressé a d'ailleurs exprimé plubliquement son soutien au duo. Le binôme allie le parcours d'une femme issue de l'immigration maghrébine, résolument à gauche et laïque et celui d'un membre du parti depuis 1985, nourri à la culture environnementaliste et participative.

Le duo inattendu
L'autre duo a créé la surprise en présentant une candidature de dernière minute. C'est la Mouscronnoise Chloé Deltour qui a contacté Christos Doulkeridis, alors qu'il était en Grèce, pour lui proposer de tenter l'aventure. L'homme a été secrétaire d'Etat à Bruxelles sous la précédente législature. Membre d'Ecolo depuis 1988, issu de l'école "Jacky Morael", artisan des états-généraux de l'écologie politique, bon débatteur, doué d'un sens politique aiguisé mais dont la popularité électorale n'a jamais décollé. Sa colistière est une jeune militante, investie dans le parti. Pour beaucoup, il serait prématuré d'en faire une co-présidente mais sa candidature permettra peut-être l'émergence d'une nouvelle figure dans un Hainaut où Ecolo a beaucoup perdu aux dernières élections.

Les candidats ont fait le tour des 14 régionales du parti pour y débattre avec les militants. Les réunions ont rameuté du monde dans un parti déboussolé par sa défaite et en manque de débat après 5 années de participation gouvernementale. La nouvelle équipe dirigeante devra repositionner le parti dans une configuration politique bouleversée depuis le 25 mai 2014. Le temps presse: Ecolo est menacé à sa gauche par le PTB qui, selon un sondage récent, fait désormais jeu égal avec les Verts en Wallonie. Et à Bruxelles, le succès du FDF se fait au détriment d'une frange plus centriste du parti.

Les programmes des deux duos sont très proches. L'un et l'autre s'inspirent des deux rapports -Trans-Actions et Re-Générations- qui balisent le processus de refondation d'Ecolo. Il y est question du rejet du néo-libéralisme et du productivisme, de fonder encore plus l'action du parti sur les communes, de renouer les liens avec la société civile, d'impliquer mieux et différemment les militants ou de renforcer les liens avec Groen. L'intérêt pour ce rapprochement, prôné dans Re-génération qui évoque un parti fédéral, a fluctué au fil des semaines. Un groupe de travail a été mis sur pied (rassemblant Nicolas Parent, Christophe Derenne, Luc Barbé et Elke Van den Brandt) mais il n'est nullement question de fusion, ont assuré Groen et les deux duos, simplement d'une réflexion en vue d'une plus grande collaboration.