Les récits poignants des demandeurs d’asile: “Cela fait des mois que l’on dort dans les rues sans savoir où aller”
Crise de l'accueilUne délégation de parlementaires s’est rendue jeudi matin dans le bâtiment occupé par une septantaine de personnes qui n’ont pas de places d’accueil dans le réseau de Fedasil. Quelques demandeurs d’asile entourés de volontaires qui leur viennent en aide ont livré leur récit, parfois poignant, et interpellé les députés sur leur situation, faite d’errance, d’incompréhension et d’incertitude depuis plusieurs mois.
Ces personnes ont trouvé refuge dimanche dans un bâtiment du centre de Bruxelles, sur le boulevard Albert II, appelé à accueillir le futur centre fédéral de crise. La police surveille les lieux afin d’éviter que de nouveaux occupants s’installent. Pour tenter de débloquer la situation, le gouvernement bruxellois a proposé un logement temporaire mais l’offre a été déclinée car l’accueil ne relève pas de Fedasil et n’ouvre pas les droits qui y sont liés.
Bras de fer avec les autorités
Dans le bras de fer qui s’est engagé avec les autorités, le comité de soutien de ces occupants a invité des parlementaires à les rencontrer. Une invitation qui a recueilli une réponse favorable à gauche et au centre francophone, pas à droite ni au CD&V. Jeudi matin, les députés François De Smet (DéFI), Claire Hugon et Séverine de Laveleye (Ecolo), Gladys Kazadi (Les Engagés), Nabil Boukili et Maria Vindevoghel (PTB), Els Rochette (Vooruit) et Stijn Bex (Groen) ont rencontré sur place quelques demandeurs venant de Palestine, d’Afghanistan, du Yémen ou encore de Guinée Conakry en présence de l’agence Belga.
Chacun d’entre eux a la Belgique comme premier lieu de demande de protection temporaire et devrait dès lors être accueilli par elle le temps que celle-ci soit examinée. Mais face à la saturation du réseau, les mois passent et ils dorment à la rue ou dans des abris de fortune. Ils reçoivent des rendez-vous qui sont ensuite reportés, sont livrés à eux même dans un dédale administratif et humanitaire et tentent de trouver leur chemin. Ce n’est que grâce à l’aide des associations et comités de soutien qui se sont créés au fil du temps qu’ils ne sombrent pas.
“Une forteresse qui nous protège”
“Nous sommes dans cet endroit comme dans une forteresse, une de ces forteresses en Belgique qui nous protège du froid et de la pluie et nous évite de dormir à la rue”, a expliqué Y., 50 ans, originaire de Gaza qui a laissé sa famille pour venir en Belgique. “Nous demandons des solutions immédiates car nous sommes fatigués. Cela fait des mois que l’on dort dans les rues sans savoir où aller”, a renchéri I., jeune berger originaire de Guinée Conakry. “Notre message ne concerne pas que les 70 personnes qui sont ici mais peut-être 700 ou 800 personnes, et d’autres qui vont continuer à arriver. Durant les 5 mois que j’ai passés dans la rue, j’aurais pu faire des choses, suivre des programmes au lieu de dormir dans la rue”, a ajouté un de leurs compagnons. “Fedasil ne fait pas son travail”.
Signe de la crise qui ne diminue pas: le recours au hub humanitaire ouvert par le secteur associatif près de Tour et Taxis ne désemplit pas et de 70 à 80% des personnes qu’il accueille sont des demandeurs de protection internationale qui devraient légalement être pris en charge par Fedasil.
Les associations qui soutiennent les demandeurs réitèrent leur demande d’une activation de la phase fédérale d’urgence pour faire face à la crise. Elles ont d’ailleurs rebaptisé le bâtiment occupé “Nouveau centre de crise national autogéré”.
Interpellations vives
Les interpellations aux représentants politiques ont parfois été vives. A l’illégalité de l’occupation de l’immeuble, les occupants opposent l’illégalité dans laquelle se trouve l’Etat belge condamné plusieurs milliers de fois dans ce dossier. “Aujourd’hui, la politique d’accueil de ce gouvernement n’est pas à la hauteur. Vous avez tous droit à l’accueil”, a souligné François De Smet. Les représentants de la majorité - PS et Ecolo - ont mis en avant leurs efforts pour trouver une solution, notamment pour conclure l’accord fédéral de la semaine passée qui devrait amener 4.000 places d’accueil supplémentaires mais dont la mise en oeuvre prendra du temps.
“Trop tard et insuffisant mais il y a eu un deal pour garantir plus de places”, a reconnu Séverine de Laveleye en rappelant l’isolement des partis de gauche sur cette question et les efforts menés au quotidien pour un accueil digne. “Aujourd’hui, les éléments de blocage ne sont pas avec nous. On va continuer ce qu’on fait déjà, on va le faire plus fort mais on a besoin d’un changement de culture difficile à obtenir si l’on n’a pas plus de monde”, a poursuivi Claire Hugon.
La question a rebondi jeudi à la Chambre sous l’impulsion de Nabil Boukili, Vanessa Matz (Les Engagés), Theo Francken (N-VA) et Barbara Pas (VB). La secrétaire d’Etat à l’Asile, Nicole de Moor (CD&V), a maintenu sa position et regretté le refus de la solution temporaire offerte par la Région bruxelloise qu’elle juge “incompréhensible”. “Aujourd’hui Fedasil ne peut accueillir tout le monde le jour de son arrivée en Belgique. La priorité est accordée aux familles et aux personnes vulnérables”, a-t-elle rappelé.
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