L’hôpital des enfants condamné pour une vaginoplastie sur une mineure intersexe

2009. Inquiète d’un retard dans l’apparition de ses premières règles, Coralie S., alors âgée de 16 ans, consulte plusieurs gynécologues. Elle apprend qu’elle est atteinte du syndrome de Rokitansky, une affection congénitale rare caractérisée par l’absence d’utérus et du vagin. Une nouvelle qui la fait plonger dans la dépression.

Quelques mois après le diagnostic, l’hôpital lui propose deux solutions: suivre un lourd traitement hormonal ou subir une vaginoplastie, une intervention chirurgicale consistant à créer un vagin.

L’opération a lieu, et est suivie de nombreuses complications qui lui feront finalement perdre l’usage de ses deux jambes. Aujourd’hui encore, Coralie estime souffrir de stress post-traumatique. Le 5 novembre 2018, l’Huderf est condamné une première fois, car l’opération ne présentait aucune urgence vitale pour la jeune femme. Une décision confirmée en appel le 7 février dernier.

Le tribunal estime que Coralie n’a pas suffisamment été informée par l’hôpital. Il ne lui a ainsi pas été expliqué qu’il lui aurait été possible de vivre sans vagin ou qu'une opération aurait été possible à l’âge adulte. Une analyse psychologique aurait également dû avoir lieu.

La décision de la Cour d’appel représente un pas en avant en Belgique, où il n’existe pas d’interdiction concernant ces procédures sur les mineurs, comme le rappellent nos confrères de BX1.

À plusieurs reprises, le Comité des droits de l’Enfant de l’ONU a sévèrement réprimandé la Belgique pour des mutilations génitales intersexes et l’a obligé à “interdire l’exécution de traitements médicaux ou chirurgicaux inutiles sur des enfants intersexués”.

Selon l’Institut pour l'égalité des femmes et des hommes, chaque jour, cinq enfants naissent chez nous avec une variation au niveau des caractéristiques sexuelles - soit avec un corps qui ne répond pas à la définition normative d’un homme ou d’une femme.

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