Licenciement, salaire moindre, travail le dimanche: la “franchisation” inquiète les employés de Delhaize

Premièrement, beaucoup de travailleurs s’inquiètent de leur avenir au sein de l’entreprise. Pour Agniezka, déléguée CNE au Delhaize Mozart, à Uccle, invitée sur le plateau de “C’est pas tous les jours dimanche”, sur RTL TVI, il s’agit d’une manœuvre de la direction pour licencier les travailleurs. Elle ne croit, par ailleurs, pas la direction de Delhaize lorsqu’elle assure garantir l’emploi pour ses travailleurs.

Tristan Dufoing se veut rassurant. L’homme est à la tête de deux Delhaize franchisés à Jupille-sur-Meuse et à Louveigné et a déjà fait face aux questionnements de ses employés. “Dans les magasins que j’ai repris, j’ai gardé l’entièreté du personnel. On a besoin du capital humain et de personnes pour nous aider. Je ne vais pas les remplacer par des machines”, a-t-il répondu à Christophe Deborsu.

Deuxièmement, les employés des magasins intégrés s’inquiètent de devoir être plus flexibles qu’auparavant, et notamment de devoir travailler le dimanche. Julie, qui travaille déjà dans un magasin franchisé de l’enseigne, explique qu’elle et ses collègues doivent effectivement travailler un dimanche par mois, mais que, en contrepartie, ils ont droit à un congé le samedi. “Pour moi, c’est même mieux. Je ne vois pas pourquoi on devrait absolument avoir congé le dimanche. Je trouve qu’il est parfois mieux d’avoir un congé en semaine, pour pouvoir faire des choses que l’on ne peut pas faire le dimanche.”

Enfin, ce qui inquiète les employés de Delhaize, c’est le salaire. “Un nouvel employeur qui voudra gérer en bon père de famille ses coûts (...), va devoir faire des choix. Il va se dire qu’il ne va pas garder un employé à trente euros brut de l’heure quand il peut avoir un étudiant à huit euros brut de l’heure.” Julie répond que les étudiants travailleraient principalement les dimanches pour décharger les salariés.

Selon le président de l’Union des classes moyennes (UCM), Pierre-Frédéric Nyst, la différence entre un employé d’un magasin intégré et celui d’un magasin franchisé, ayant tous deux zéro année d’expérience, est de 79,11 euros brut par mois. “Ce n’est pas rien”, lui lance le présentateur de RTL TVI. Certes, “mais ce n’est pas l’enfer dont on nous parle”.

Ce qui inquiète Myriam Djegham, secrétaire permanente Commerce à la CNE, c’est le modèle des franchises, grâce auquel les grandes enseignes font peser une grande part de leurs responsabilités sur les indépendants. Cela entraîne, selon elle, une dégradation des conditions de travail et une baisse des salaires certaine, “mais surtout, les travailleurs n’ont pas le droit de s’organiser collectivement”. Et d’ajouter: “On est face à une entreprise qui se porte bien. Le CEO de Delhaize gagne à l’heure 2.000 euros. Dans la franchise, on est à 12 euros de l’heure.”

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