Liège féminise l’espace public grâce aux noms de rues, places et esplanades

Ces femmes ont marqué leur époque, notamment sur les plans culturels ou scientifiques, le plus généralement à Liège. Pour marquer cette volonté de féminisation, le Collège a décidé de parfois déroger à la règle d’ancienneté afin de mettre en exergue des personnalités emblématiques.

La rue Marie Defrère sera la voie d’accès au nouveau pont des Modeleurs, à Sclessin. Cette Liégeoise a caché une petite fille juive de 8 ans prénomée Rivka Knopf, à Sclessin, durant la Seconde Guerre mondiale. Grâce à Marie Defrère et son mari, la jeune fille et sa maman ont pu échapper à la déportation dans les camps d’extermination nazis.

Cette rue mènera au terminus du tram, à Bressoux. Suzanne Clercx (1910-1985), était musicologue et professeure à l’Université de Liège. Elle a porté haut l’ethnomusicologie et s’est distinguée par l’étude du patrimoine musical liégeois. En 1957, avec l’aide de la Ville de Liège, elle a fondé le festival de musique “Nuits de Septembre”, événement incontournable de la musique ancienne en Belgique qui existe encore aujourd'hui.

La rue de Bierthe se situera dans le quartier de la rue des Quatorze Verges, à Rocourt. Ce toponyme rend hommage à cette autre professeure de musique qui, via la Gazette de Liège, faisait connaître son activité. Elle était très plébiscitée, notamment par les jeunes filles et les dames désireuses d’apprendre la harpe. Si Madame de Bierthe était moins connue que les autres femmes dont le nom a été choisi, la Ville de Liège, via ce toponyme, tient à rendre hommage aux personnalités plus populaires.

Ces deux places se situeront sur le site du Val Benoît. La première rendra hommage à l’anthropologue et ethnologue française, Françoise Héritier, qui a été médaillée d’argent du CNRS pour ses travaux sur le fonctionnement des systèmes semi-complexes de parenté et d’alliance, accomplit durant ses années de mission en Afrique Occidentale. En outre, en 1980, elle est devenue directrice d’études à l’École des hautes études en sciences sociales. Son champ de recherche sociale portait notamment sur la valence différentielle des sexes, la domination masculine, les systèmes de parenté et la prohibition de l’inceste.

Elle était une grande militante féministe, et portait un regard acéré sur notre société, et plus particulièrement sur les rapports femmes-hommes, adhérant à une nouvelle forme de féminisme qui s’attaque aux façons d’agir et de penser qui régissent notre société en général.

Toujours sur le site du Val Benoît, donc, la place Émilie Noulet rendra hommage à cette romaniste, historienne de la littérature et critique littéraire belge. Dans les années 1930, elle fut l’assistante de Gustave Charlier et se consacra à L’Œuvre poétique de Stéphane Mallarmé, sa thèse d’agrégation de l’enseignement supérieur.

Également située sur le site du Val Benoît, l’esplanade Jeanne Rademackers rendra hommage à la première femme à décrocher un diplôme de l’Enseignement supérieur au terme d’une formation en pharmacie menée au milieu de condisciples exclusivement masculins à l’Université de Liège.

Ces trois dernières propositions toponymiques renforcent la volonté de la féminisation de la voirie à Liège, dans le cadre du projet Val Benoît. En effet, ces trois propositions viennent compléter la décision prise à l’unanimité par le Conseil communal du 3 février 2020 pour les dénominations de neuf voiries du site (allée Albert Puters, allée Maria Goeppert, allée Marcel Dehalu, allée Zoé Gatti de Gamond, allée Charlotte Hauglustaine, allée Renée Greisch, rue Marie Curie, rue Albert Duesberg et rue Ferdinand Campus).

Le Collège communal liégeois proposera à l’approbation du Conseil communal du 1er mars prochain l’octroi de ces dénominations pour de nouvelles voiries et espaces sur le territoire communal.

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