Malaise: la Belgique s’est-elle servie de dons vers l’Ukraine pour liquider des médicaments presque périmés?
Mise à jourUne part importante des médicaments envoyés par la Belgique en Ukraine au début du mois de mars aurait été périmée trois semaines seulement après son arrivée, relate Het Laatste Nieuws mercredi. Et si le gouvernement a fièrement communiqué sur le matériel envoyé à des fins humanitaires, force est de constater qu’il a omis des détails excessivement gênants sur ses “dons”. Et qu’à l’heure de reconnaître son erreur, la Belgique a préféré noyer le poisson. Malaise.
Un gigantesque stock de médicaments prend la poussière à Bruxelles. On parle ici notamment d’antidouleurs, de décontractants musculaires, d’anesthésiants, mais aussi de gants, de masques buccaux, de matériel de test, aiguilles et matériel d’injections. Tout ce matériel fait partie de la réserve stratégique de l’État, et il a été adapté avec la crise du coronavirus. Mais aujourd’hui, une grande partie de ce stock reste inutilisé et bientôt inutilisable au vu des dates de péremption qui approchent.
Montant total de ce “gaspillage” qui se profile? Quelque 98 millions d’euros. Un montant qui aurait été encore un peu plus élevé si la Belgique n’avait pas offert à l’Ukraine, dès le début de l'invasion russe, l'équivalent de 3,4 millions d'euros de médicaments et de fournitures médicales. Un “geste” providentiel, mais pour qui? En effet, cette “générosité” hâtive a aussi - surtout? - permis de diminuer la facture du gâchis. Car en déclarant, le 1er mars dernier, “la guerre touche la population ukrainienne de plein fouet, nous essayons de l’aider au maximum”, le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke n’a pas précisé que les camions qui quittaient la Belgique pour la Pologne (en vue d’être dispatchés vers les hôpitaux ukrainiens) étaient chargés de fournitures médicales qui allaient expirer sous peu.
En effet, sur cette première livraison massive, “une palette de médicaments sur trois expirait le 31 mars”, écrit Het Laatste Nieuws. Cela signifie que 280.000 médicaments et 140.000 seringues seraient devenus inutilisables seulement 27 jours après leur arrivée.
De quels médicaments s’agissait-il?
Notamment de Fentanyl (antidouleur puissant), de propofol (utilisé pour anesthésier les patients) et de morphine. Or ces traitements restent utilisables deux à trois ans une fois sortis de la chaîne de production. S’ils expiraient le 31 mars 2022, on peut en déduire qu’ils étaient stockés par notre gouvernement depuis au moins 2019 ou 2020. 140.000 autres produits sur les palettes de seringues stériles et aiguilles avaient une date d’expiration fixée à fin mars. Les seringues, elles, devaient maximum être utilisées avant fin avril. Une marge de manœuvre trop courte pour l’Ukraine.
La Belgique n'a d’ailleurs pas respecté les directives internationales, puisque l'OMS indique que les médicaments donnés doivent avoir une durée de conservation d'au moins un an. "C'est vrai", admet le SPF Santé publique. “Mais il fallait aller vite.” Le ministre fédéral de la Santé souligne de son côté que l'Ukraine avait la possibilité de consulter une liste détaillée des médicaments proposés et avait “donné son accord préalable” pour ce don. Selon lui, le gouvernement ukrainien était donc au courant.
L’Ukraine est partie du principe qu’elle pouvait accepter les dons européens en toute confiance
“On parle d'un pays en guerre, qui n’a pas le temps de vérifier ce qu’on lui donne”
Mais, nuance Het Laatste Nieuws, tous les dons européens étaient consignés via une plateforme européenne et ce recensement consistait en un listage interminable de produits, références et dates de péremption. On peut donc imaginer que l’Ukraine assiégée et bombardée avait d’autres chats à fouetter qu’examiner un par un que tous les dons des pays membres de l’UE respectaient à la lettre les recommandations de l’OMS et ne surchargeaient pas les convois de produits périmés - ou presque. Ce que confirme une source de la cellule européenne de coordination des dons: “L’Ukraine n’avait ni le temps ni les effectifs pour contrôler toutes les listes. On parle d'un pays en guerre”. Et de rajouter une évidence: “L’Ukraine est partie du principe qu’elle pouvait accepter les dons européens en toute confiance”.
Bien sûr, la volonté d’envoyer des secours au plus vite semble être gage de bonne foi. Mais on parle ici de cabinets ministériels qui savent pertinemment aussi qu’en temps de guerre ou lors d'une catastrophe, l’acheminement de denrées et matériel vers les zones sinistrées prend beaucoup de temps. Il faut parfois des semaines, voire des mois, pour que les dons arrivent à destination. Ils sont stockés en Pologne, où ils sont triés en fonction des besoins, et puis redistribués en Ukraine, explique une source d'une ONG active à la frontière. Ce n’est évidemment pas pour rien que l’OMS impose une durée de conservation d'un an minimum. Si la Belgique avait appliqué ce principe de base, la moitié des livraisons aurait dû rester en Belgique.
Envoyer du matériel qui expire dans 10 jours, un peu trop gros?
“Nous devions aller vite”. Oui. Mais comment justifier alors que la seconde vague de donations (on parle ici de quelque 140.000 seringues et 40.000 médicaments), qui était déjà chargée dans de nouveaux convois humanitaires le 15 mars et prête à partir pour l’Ukraine le 22 mars, ait cette fois in extremis été modifiée? Tout simplement parce qu’il était un peu trop flagrant d’offrir ce matériel qui allait expirer le 31 mars, et d’à nouveau faire semblant de croire qu’une répartition et une utilisation effective de ces fournitures médicales sur le terrain étaient possibles en à peine dix jours. Tout le matériel dont la date d’expiration était antérieure au 31 octobre a finalement “disparu” des cargaisons, alors que l’Ukraine n’en avait pas fait la demande elle-même. Cela signifie que le gouvernement s’est rendu compte qu’il ne pouvait pas se permettre d’acheminer une nouvelle livraison problématique.
L’erreur était connue, et entre-temps, le “mal” était déjà fait: une première vague de dizaines de milliers de fournitures médicales périmées en provenance de notre pays s’était déjà retrouvée dans un pays qui vit l’une des pages les plus dramatiques de son histoire. Et le pire, conclut Het Laatste Nieuws, c’est que nous avons fièrement communiqué sur notre prétendue générosité. Pour le mea culpa par contre, on repassera.
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