“Manque de leadership”, “invisible”: Sophie Wilmès n’est plus épargnée par la critique

Bon nombre d’observateurs, politiques et commentateurs, estiment que la cheffe de gouvernement manque de visibilité médiatique, de charisme et de leadership, et qu’elle laisse les virologues et autres experts occuper le terrain médiatique. Elle a été la cible de critiques jeudi à la Chambre, venues de l’opposition mais aussi de la majorité.

“C’est vrai que le style de Sophie Wilmès et des autres membres du gouvernement est différent, plus professionnel, managérial. La question est de savoir quel type de leader politique on a besoin en période de crise”, analyse Dave Sinardet, politologue de la VUB. “A-t-on vraiment besoin de figures omniprésentes dans les médias qui font des déclarations choc? Si on avait eu un gouvernement PS-N-VA, Theo Francken aurait sans doute été vice-Premier. Sans le viser lui personnellement, a-t-on vraiment besoin d’une personnalité clivante comme celle-là en période de crise? Je n’en suis pas convaincu. Maintenant, Wilmès ne doit pas tomber dans l’effet inverse non plus. Un petit passage dans le JT par semaine ne peut pas faire de tort. Elle doit trouver le juste équilibre”, poursuit-il.

Présente sur le plateau de VTM mercredi soir après le Conseil national de Sécurité et sur Radio 1 (VRT) jeudi, la Première ministre a réagi à ces critiques.

“Je suis plutôt du genre à communiquer quand il y a quelque chose d’important à dire. Je comprends qu’il y ait une demande pour plus de présence dans les médias mais il y a une demande encore plus forte pour moi d’être au travail. Quand c’est indispensable, je viendrai”, a-t-elle répondu.

De l’autre côté de la frontière linguistique, comment juge-t-on son niveau de néerlandais? “Ça dépendra à qui l’on pose la question. Le débat politique est très clivé en Flandre. Sur les réseaux sociaux, il y a des critiques de la part des nationalistes. Mais en tout cas, je n’ai pas l’impression qu’en Flandre, il y a un sentiment négatif largement partagé par la population à ce sujet. Elle s’exprime relativement bien, même si elle fait parfois des erreurs et qu’elle est moins naturelle en néerlandais qu’en français, ce qui n’est pas anormal”, explique Sinardet.

Sur le plan politique, l’annonce de l’autorisation des visites, sous conditions, d’un proche dans les maisons de repos a quelque peu tourné au fiasco. “Ce n’est pas la principale responsable mais cela ne l’a pas aidé en tout cas. J’ai surtout remarqué une cacophonie à ce sujet au sein du CD&V, notamment entre Koen Geens et Joachim Coens. Mais c’est vrai qu’elle est la cheffe du gouvernement, c’est elle qui l’annonce publiquement, donc ça ne donne pas une bonne image”.

Wilmès pourrait-elle prolonger au 16, rue de la Loi après la crise, à la tête d’un gouvernement Vivaldi (sans la N-VA)? “Rien n’est exclu mais il y aura d’autres candidats. Certains partis hésitent à entrer dans une telle coalition. Ils pourraient avoir besoin du poste de Premier ministre pour être convaincu...”, conclut Sinardet, qui fait allusion au CD&V, très réticent à laisser tomber la N-VA pour l’instant.