Marc Van Ranst satisfait du Covid Safe Ticket dans l’horeca: “Il est temps de convaincre les non-vaccinés d’une façon moins amicale”
“Si je suis satisfait des mesures? Les virologues ne sont pas des empereurs romains qui lèvent ou baissent le pouce”, indique le virologue Marc Van Ranst (KU Leuven), à propos de son opinion après la réunion du Comité de concertation. “Mais j’ai l’espoir que ce paquet de mesures fonctionne”, ajoute-t-il. M. Van Ranst explique également pourquoi il est judicieux de porter un masque buccal dans un magasin alors que vous pouvez faire la fête dans les boîtes de nuit sans limite, ce qu’il ferait en tant que ministre de l’éducation et pourquoi nous devrions être moins indulgents envers ceux qui ne se font pas vacciner.
Brecht HermanDernière mise à jour:27-10-21, 08:22
Nous devrons porter un masque buccal plus souvent. Êtes-vous satisfait de cette mesure?
“Le 1er octobre, tous les virologues ont dit à l’unisson : il est encore trop tôt pour cesser d’utiliser les masques buccaux. Pourtant, ils n’ont pas été suivis. Ne vous attendez donc pas à ce que nous soyons incroyablement heureux maintenant qu’ils ont été réintroduits.”
Voici ce qu’a décidé le Comité de Concertation à propos des masques:
Il y a un mois, le gouvernement n’a pas écouté ce que disaient les experts. Maintenant, ils ont dû faire marche-arrière.
“C’est leur droit de ne pas écouter. Je ne vais pas jubiler maintenant parce que le gouvernement a dû revenir sur ses pas.”
Cela ne vous dérange pas qu’après un an et demi, les décideurs politiques n’aient toujours pas confiance en vos conseils et ceux de vos collègues ?
“Non, ça ne me dérange pas, c’est le cours naturel des choses. Au final, on arrive toujours à un compromis, et si tout le monde est un peu mécontent, c’est généralement un bon compromis. La politique est l’art du possible. La vie ne se résume pas à la virologie.”
De nombreuses personnes trouvent ridicule l’obligation de porter un masque buccal dans les supermarchés, car entre-temps, nous sommes autorisés à danser les uns près des autres dans une discothèque.
“Je comprends les critiques. Mais ce sont les grands chiffres qui entrent en jeu: les gens sont bien plus nombreux à aller dans les magasins qu’à faire la fête dans une boîte de nuit. Il est donc logique de réduire les risques dans les magasins. En outre, l’impact sur les personnes n’est pas si important. Ce serait très différent si vous décidiez soudainement d’abolir toutes les fêtes - une grande décision sur le plan épidémiologique, cependant.”
Désormais, le personnel de restauration doit porter un masque buccal, mais pas les clients. Un serveur est-il tellement plus dangereux?
“Je trouve cela difficile à évaluer. Cela me semble être un compromis.”
Le durcissement le plus frappant est l’introduction du Covid Safe Ticket dans l’horeca. Toute personne qui n’a pas été entièrement vaccinée, qui a été récemment infectée ou dont le test est positif, ne sera pas autorisée à entrer dans un café ou un restaurant.
“Une bonne chose, car pour vraiment enrayer la hausse des chiffres, le niveau de vaccination doit augmenter. Contre la souche Wuhan (le virus original ; ndlr), notre taux de vaccination actuel aurait été suffisant, mais aujourd’hui il ne l’est manifestement plus. Il y a encore peu de marge de manœuvre dans la façon dont nous pouvons demander très gentiment aux gens de se faire vacciner, c’est pourquoi il est temps de les convaincre d’une façon moins amicale.”
“Rendre la vaccination obligatoire est un énorme cadeau aux mouvements antivax. En outre, vous devez ensuite réfléchir à ce que vous allez faire avec les personnes qui refusent toujours. Je vois donc plus d’avantages à prolonger le coronapass - je ne l’appelle délibérément pas un Covid Safe Ticket, car ce n’est pas parce que vous avez un tel ticket que vous êtes complètement en sécurité. En tant que démocrate, je ne trouve pas élégant de demander un tel laissez-passer à quiconque veut entrer dans un café ou un restaurant, mais si nous voulons augmenter le taux de vaccination, nous devons oser être moins mous. Regardez le Portugal: ils n’ont pas toujours été très amicaux là non plus (et 91% de la population adulte y est vaccinée, ndlr). Maintenant que nous introduisons un coronapass à plus grande échelle, nous devrions avoir l’honnêteté de dire que cette mesure est destinée à augmenter le taux de vaccination.”
Le travail à domicile est à nouveau “fortement recommandé”. Regrettez-vous qu’elle ne soit pas rendue obligatoire?
“Les organisations d’employeurs avaient clairement indiqué au préalable qu’une obligation nuirait à l’économie. D’autre part, le travail à domicile est certainement à saluer, car il limite les contacts sociaux et, en même temps, épargne l’économie plus que si les magasins devaient fermer. Les entreprises qui autorisaient le travail à domicile continueront désormais à le faire. Certains travailleurs seront autorisés à choisir. Certaines entreprises obligent encore leurs employés à se rendre au bureau. Nous verrons bientôt dans les embouteillages si l’appel au travail à domicile est suivi.”
Supposons que ces trois mesures soient correctement suivies: quel impact auront-elles sur le nombre d’infections?
“Nous ne savons pas exactement quel sera l’effet de chaque mesure, car cela dépend d’un grand nombre de facteurs différents. Vous devez mettre autant de tranches de fromage que possible en ligne jusqu’à ce que tous les trous soient couverts. Mieux vaut un de trop qu’un de trop peu. Ça me semble être un bon paquet de mesures”.
Je pense qu’il est trop facile de faire payer aux enfants l’augmentation des taux d’infection en leur mettant un masque.
Marc Van Ranst
Parlons des écoles. Dans l’enseignement primaire notamment, le nombre d’infections ne cesse d’augmenter. Quel est votre avis sur la question?
“Je compte sur les vacances d’automne, qui permettront une remise à zéro raisonnable. Si j’étais ministre de l’éducation, je prolongerais les vacances d’automne d’une semaine afin d’avoir un redémarrage complet. Mais cela ne se produira pas, car les parents auront alors des problèmes de garde d’enfants. Je peux le comprendre.”
Alors pourquoi ne pas y rendre les masques obligatoires, comme le suggère le biostatisticien Geert Molenberghs?
“Je pense que nous devrions nous concentrer sur les mesures que les adultes prennent pour protéger les enfants au lieu de compter sur la bonne volonté des enfants. C’est pourquoi je continue de penser qu’il est dommage que les décideurs politiques n’aient pas accepté notre proposition de placer des compteurs de CO2 dans toutes les salles de classe. Pourtant, j’en attends beaucoup. Je pense qu’il est trop facile de faire payer aux enfants l’augmentation des taux d’infection en leur mettant un masque.
Ne sont-ils pas la cause de ces chiffres en hausse?
“Les enfants suivent le reste de la société et le reste de la société suit les enfants. Il n’y a pas d’ordre précis dans tout cela. Le virus se propage dans les deux sens.”
Selon les biostatisticiens, cette quatrième vague culminerait à la mi-novembre. Y aura-t-il une cinquième vague après cela?
“Le virus est un phénomène cyclique, je serais donc surpris que ce soit le dernier chapitre. Comme toute vague, celle-ci atteindra un pic puis s’apaisera: ce n’est pas difficile à prévoir. Il est difficile de dire exactement quand cela se produira, car c’est le résultat de la somme des comportements de millions de personnes. Les gens n’aiment pas m’entendre dire ça, mais cela dépend vraiment de notre propre comportement.”
Vous avez toujours dit - ou exprimé votre espoir - que nous nous comportions différemment après la pandémie. Mais lorsque j’entends des collègues tousser dans la salle de conférence et que je vois des amis se serrer la main, je ne pense pas que ce soit vraiment le cas.
“Apparemment, nous attachons beaucoup d’importance à la poignée de main. Tant qu’on fait attention par ailleurs, c’est bon. Si quelqu’un que je n’ai pas vu depuis longtemps s’approche de moi avec une main tendue, et que je pense un instant qu’elle pourrait devenir un poing mais qu’elle reste toujours une main, alors je la serre. Il est difficile de refuser.”
Avez-vous donné serré beaucoup de mains?
“Je peux les compter sur les deux mains. Mais je remarque que d’autres mesures sont devenues des habitudes. Nous nous lavons les mains plus souvent, nous utilisons les pompes désinfectantes dans les magasins et nous gardons encore un peu plus de distance qu’avant à la boulangerie. Alors que la semaine dernière, au supermarché, seuls dix pour cent des clients portaient un masque buccal, cette semaine, ils étaient cinquante pour cent, bien que ce ne soit pas obligatoire. Toutes ces choses réunies me donnent de l’espoir quant à notre comportement.”