"Mon fils a aussi été victime des harceleurs de Brecht"

Il devient de plus en plus clair que les harceleurs de Brecht, cet adolescent qui s'est suicidé la semaine dernière, n'en étaient pas à leur coup d'essai, contrairement à ce qu'avait laissé entendre l'école où ils sont scolarisés. Deux ans plus tôt, les mêmes jeunes étaient déjà impliqués dans une histoire semblable. A l'époque, leur bouc-émissaire s'appelait P., qui a voulu mettre fin à ses jours en se jetant sous un train.

"A 25 autour de moi"
Le garçon est aujourd'hui âgé de 15 ans, un an de plus que Brecht, avec qui il a passé un an à l'école. Par crainte d'être à nouveau embêté, il a préféré rester anonyme. "Un jour, pendant la récréation, ils sont venus à 25 autour de moi", dit-il. "Ils me poussaient dans tous les sens. J'ai reçu un coup au visage et j'ai été poussé dans les buissons. Les enseignants savaient très bien ce qu'il se passait. Ils ont jeté un oeil mais n'intervenaient que si les choses dégénéraient."

A la sortie des cours, les harceleurs allaient encore plus loin. "La bande a envoyé des étudiants plus âgés pour qu'ils se lancent à ma poursuite. Ils venaient me chercher au parc, me suivaient jusqu'à la gare ou me retiraient mon vélo. Parfois, ils prenaient mon téléphone et appelaient "pour rigoler" les urgences."

Sur Facebook aussi, les intimidations étaient nombreuses. "On m'insultait de "janet" ou de "nerd." Les autres élèves leur mettaient la pression pour qu'ils ne me laissent pas tranquille."

La solution? Changer d'école
L'école, elle, n'a pas réagi, selon la maman de P. "J'ai imprimé les menaces lues sur Facebook pour les montrer à l'école. Mais on me disait qu'on ne pouvait rien faire."

Finalement, l'adolescent a suivi un psychologue, il a fermé son compte Facebook et il a dû changer d'établissement scolaire. "Il a toujours très peur de croiser la route de ses bourreaux. Pendant deux ans, mon fils n'a pu extéroriser sa colère et sa frustration qu'à partir de dessins, qui étaient parfois très violents."

"De graves accusations"
Confronté à ces déclarations, le Sint-Paulusinstituut a simplement précisé qu'il faisait tout pour combattre le phénomène. Les affirmations de plusieurs élèves et parents, qui disent que les enseignants n'ont pas réagi, ont été démenties. "Ce sont des graves accusations pour lesquelles je ne peux faire aucun commentaire par téléphone", a indiqué la directrice.

L'un des enseignants pointés du doigt, choqué qu'on le mette en cause, a toutefois bien voulu réagir. "Je ne suis pas un tyran. L'intimidation n'est pas tolérée. Par personne. Je suis même encore intervenu pour Brecht."

Les funérailles de Brecht se tiendront ce mercredi à midi en présence de sa classe, qui va lui lire une lettre d'adieu.