Mudusar Sheikh explique son geste pour la première fois

Mudusar Sheikh doit répondre d'assassinat, avec la circonstance aggravante de crime d'honneur et de tentative de mariage forcé. Le père, la mère et la jeune soeur de la victime sont également dans le box des accusés. Le 22 octobre 2007, Sadia Sheikh, étudiante en droit, était abattue par son frère.

D'après les analyses de la téléphonie, Mudusar disposait de 3 à 5 minutes pour commettre le crime. Interrogé par le président, Olivier Delmarche, sur ce qu'il avait fait précisément pendant ce laps de temps, Mudusar Sheikh a répondu qu'il avait exhibé son arme à Sadia.

"Sadia était mon double"
"Je lui ai dit: tu as pensé à nous? Tu nous délaisses! Tu ne penses qu'à toi, à ton plaisir, pas à la famille », a indiqué l'accusé. Il a ajouté que sa soeur avait remis son manteau sans rien dire. "On était proches, on était fusionnels, Sadia était mon double. Toutes ses erreurs, ses choix, j'ai pris ça pour des trahisons. J'ai tiré", a ajouté l'accusé.

Mudusar Sheikh est ensuite revenu sur des faits de 2004, lorsque sa soeur fréquentait un Pakistanais dont elle était tombée enceinte. "Je savais qu'elle avait eu des relations avec plusieurs garçons. Je me suis dit 'une fois encore elle prend la fuite, elle refuse de s'expliquer et j'ai tiré."

Interrogé sur ce qui l'avait motivé à tirer également sur son autre soeur, Sariya, l'accusé a expliqué que, au courant du fait que son père entretenait des liaisons extraconjugales, il avait imaginé que ses parents allaient divorcer.

"Après le départ de mon père, je devrais prendre la charge de mes petites soeurs. En tirant sur Sadia, j'ai tiré sur Sarya, pour ne pas qu'elle souffre, pour ne pas qu'elle reste sans personne pour s'occuper d'elle », a confié Mudusar Sheikh.

Des préparatifs de départ pour échapper à la justice?
Les enquêteurs sont revenus sur les différents éléments qui ont mené à l'inculpation des membres de la famille Sheikh en décembre 2007, et notamment sur les écoutes mises en place au sein de leur domicile familial.  Certaines conversations, et l'attitude qu'ils adoptaient systématiquement entre eux, se rappelant de se taire sur tout ce qui concernait les faits, ainsi que le fait que Tariq, le père, ait vidé ses comptes bancaires et remis son commerce, semblaient être des signes éventuels de complot.
 
"L'attitude des membres laissaient supposer qu'ils préparaient le départ du père au Pakistan. Peut-être pour échapper à la justice", a indiqué un des inspecteurs en charge de l'enquête. Lors de leurs différentes auditions, les membres de la famille Sheikh ont affirmé ne pas savoir où Mudusar s'était réfugié. Ils niaient avoir des contacts avec lui, alors que la téléphonie démontrait le contraire. (belga)