“Murder King”, “Ta santé, leur choix”: des militants liégeois détournent des pubs pour la malbouffe

À l’approche de la journée mondiale de lutte contre l’obésité, le 4 mars prochain, des activistes du collectif “Liège sans pub” ont décidé de mettre en lumière “ce problème important de santé publique”. Plusieurs affiches faisant la promotion de la “junk food” ont été détournées dans le quartier d’Outremeuse. On pouvait ainsi lire des slogans aussi explicites que: “Murder King”, “Un max de crasses”, ou encore “L’industrie (alimentaire) nous pigeonne”. Par cette action, le collectif liégeois entend dénoncer la responsabilité du marketing agroalimentaire et réclame l’interdiction de la publicité pour la malbouffe.

En parallèle à cette action, une pétition en ligne pour demander la suppression de la publicité pour des produits ultratransformés a été lancée. Un courrier sera également envoyé aux ministres de la Santé et à la secrétaire d’État à la Protection des consommateurs, Alexia Bertrand, pour leur demander de légiférer en la matière. “Tout comme la publicité pour le tabac a été interdite pour des raisons de santé publique, la question n’est plus de savoir s’il faut interdire la publicité pour les produits de mauvaise qualité nutritionnelle, mais bien quand. Et dans l’intérêt général, le plus tôt sera le mieux”, martèle le collectif “Liège sans pub”.

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Les militants n’en sont pas à leur coup d’essai. Plusieurs de leurs campagnes ont déjà visé la malbouffe. La plus récente a été organisée l’été dernier en collaboration avec le collectif “Nic, ta santé!”. Ensemble, ils ont détourné des publicités pour des boissons sucrées.

Selon un rapport de l’Organisation mondiale de la Santé paru en mai 2022, près de deux tiers des adultes et un tiers des enfants souffrent de surpoids ou d’obésité en Europe. D’après les chiffres de l’OCDE, en Belgique, 55,4% de la population de 15 ans et plus est en surpoids. Parmi eux, 21% souffrent d’obésité. Et ces chiffres continuent d’augmenter.

Chez les personnes obèses, le risque de maladies cardiovasculaires est plus élevé, rappelle la Ligue cardiologique belge, et plus l’indice de masse corporelle est élevé, plus le risque est important. En outre, l’obésité est intimement liée au diabète de type 2, et les événements récents ont montré qu’elle était un facteur important de comorbidité en cas de Covid-19. L’obésité augmente, par ailleurs, le risque de certains cancers, tels que celui du gros intestin, du sein, de l’œsophage, du pancréas, de l’utérus, du foie ou encore des reins, souligne la Fondation contre le cancer. D’après l’OMS, l’obésité pourrait même détrôner le tabagisme comme principal risque de cancer évitable en Europe.

Les causes de l’obésité sont multiples, mais les études tendent à prouver l’impact négatif de la publicité sur l’alimentation, surtout chez les enfants et les adolescents. “Les enfants sont exposés à des aliments et à des boissons non alcoolisées malsains dans un large éventail de contextes et de plateformes médiatiques. (...) Un vaste corpus de preuves montre que le marketing des aliments malsains contribue au développement de préférences alimentaires malsaines, à des demandes d’achat et à des régimes alimentaires malsains”, expose le Conseil supérieur de la Santé, dans un rapport publié en août 2022.

L’autorégulation étant généralement insuffisante, ce dernier demande notamment aux gouvernements de mettre en place des “réglementations détaillées pour protéger les enfants jusqu’à l’âge de 18 ans contre la publicité et le marketing des aliments malsains par le biais de divers médias”.

“Il est urgent de mettre un terme aux techniques perfides et sophistiquées du secteur publicitaire au service de la malbouffe”, souligne Liège sans pub. “Par ailleurs, ces produits malsains le sont souvent tout autant pour bien d’autres raisons (sociales, environnementales, etc.). C’est donc leur conception même qui devrait être remise en cause au-delà de l’aspect marketing.”

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