Mutilations et corps en morceaux: les enquêteurs belges confrontés à l'extrême violence des narcotrafiquants

La “cravate colombienne” est l’une des méthodes d’exécution pratiquées par les narcotrafiquants. Elle consiste à trancher la gorge verticalement puis à tirer la langue vers le bas à travers la plaie. C’est l’un des nombreux exemples des pratiques macabres qui rendent les cartels de la drogue sud-américains si terrifiants. Outre la cocaïne, les “narcos” ont semble-t-il importé leur violence dans notre pays. C'est ce qui ressort de l’opération résultant du dossier Sky ECC, au cours de laquelle la mafia albanaise de la drogue a été en partie démantelée à Bruxelles mardi matin.

“Les mafias de l’Amérique latine importent un peu leurs méthodes chez nous. Nous avons eu plusieurs meurtres, plusieurs personnes découpées en morceaux, des faits de violence assez affreux”, s’est inquiété le procureur fédéral Frédéric Van Leeuw. Les enquêteurs belges ont en effet découvert l’horreur colombienne à travers les millions de messages Sky ECC qu’ils ont pu intercepter. 

“Ce sont des images terribles”, a poursuivi le procureur fédéral. “Cela montre une fois de plus que les gangs sont prêts à tout pour atteindre leurs objectifs.” Toutefois, ces images n’ont pas été prises en Belgique, a précisé Frédéric Van Leeuw. 

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Notre pays n’est cependant pas épargné par l'extrême violence. La mafia bruxelloise est notamment impliquée dans le meurtre d’un Albanais sans papiers, tué d’au moins huit balles à Bruxelles. Ce gang a réussi à échapper aux radars de la police pendant des années. Jusqu’en juillet 2020, lorsque les gendarmes français et la police néerlandaise ont pu intercepter des millions de messages cryptés sur le service de messagerie EncroChat. Certains d’entre eux avaient donné quelques indices à la police belge sur les réseaux bruxellois de la drogue. Des informations complétées suite au décryptage du réseau Sky ECC. Le résultat de plus de 1.300 jours d’enquête.

“Nous avons alors découvert l'existence d’un nouveau monde criminel à Bruxelles, qui était complètement passé inaperçu jusque-là”, selon Eric Jacobs, patron de la PJF de Bruxelles. “Un groupe de criminels situés en Belgique, principalement à Bruxelles, organise la réception de la cocaïne, son extraction et son reconditionnement dans des laboratoires belges. Nous estimons la production à une tonne de cocaïne par semaine à Bruxelles et en périphérie. Après ce reconditionnement, des “courriers” (transports organisés par voies routières) assurent la distribution vers le reste de l’Europe”.

“La criminalité organisée internationale voire mondiale est manifestement très implantée en Belgique”, a souligné Eric Snoeck, directeur général à la police judiciaire fédérale. “Nous savions déjà que le port d’Anvers est le premier port européen d’importation de la cocaïne”. La région de Bruxelles apparait aujourd’hui comme le deuxième lieu d’activité de ce réseau.” “Étant entendu que la Belgique semble jouer un rôle central dans l’importation et la distribution de la cocaïne en Europe, notre responsabilité vis-à-vis des partenaires internationaux est importante”, a souligné Frédéric Van Leeuw.

Les enquêteurs ont aussi découvert six laboratoires clandestins. Des laveries de cocaïne, avec des tonnes de produits, des dizaines de bouteilles d’eau contenant des produits chimiques et divers matériaux susceptibles d’avoir été imprégnés de cocaïne. Une fois le produit prêt à être transporté, il était exporté vers l’Italie, l’Allemagne, la France, la Suède, l’Angleterre et le Portugal. En bref, Bruxelles s’est révélée être le centre logistique du marché européen de la cocaïne. 

Au total, 64 personnes ont été arrêtées, de nationalité albanaise et colombienne. “Cela montre qu’il y a sur notre territoire des trafiquants de drogue qui viennent directement d’Amérique latine”, conclut M. Jacobs.