Opération Calice: Un sociologue publie le procès-verbal

Mercredi, De Standaard et Het Nieuwsblad rapportaient que des dizaines de procès-verbaux avaient disparu dans le dossier. Le lendemain, la ministre de la Justice, Annemie Turtelboom, reconnaissait toutefois à la Chambre que 445 pièces s'étaient évaporées. Celles-ci ont disparu juste avant que le juge d'instruction Wim De Troy, un temps chargé de l'enquête, ne passe le relais à la juge Calewaert. Lorsque Mme Calewaert a repris l'enquête, elle a constaté que des pièces manquaient au dossier et a rédigé un procès-verbal sur cette disparition en date du 11 avril 2012. C'est ce document que M. Hertogen a rendu public. Dans son mail, le sociologue, lui-même victime d'abus sexuels commis au sein de l'Eglise, ne donne pas une copie du procès-verbal original mais un compte-rendu presque complet de son contenu, avec le numéro du procès-verbal. L'homme a dû également retaper le procès-verbal, bien que certains pans sont manquants, notamment l'énumération des PV disparus. Le procès-verbal tel que le publie Jan Hertogen comprend en outre une courte déclaration de la juge Calewaert, dans laquelle elle explique qu'elle devait constater, rapidement après la reprise de l'affaire, que le dossier était incomplet. La juge renvoie également à une déclaration de N. B., le greffier qui devait succéder au greffier attitré de Wim De Troy, Peggy Coppens, partie en congé de maternité. Ces propos laissent apparaître que Mme Coppens emmenait régulièrement des pièces originales du dossier chez elle, avec l'assentiment du juge d'instruction De Troy. A la même période, Mme Coppens serait également revenue chercher ses affaires personnelles qu'elles mettaient dans de grands sacs en plastique blanc. Un jour, comme trois de ces sacs avaient disparu, De Troy et Coppens auraient demandé si la femme de ménage ne les avait pas emportés. Des PV originaux de l'Opération Calice auraient été entreposés dans un de ces sacs. Peggy Coppens en aurait informé à l'époque le procureur du Roi Bruno Bulthé, par ailleurs son partenaire. Dans son mail, Jan Hertogen explique aussi la diffusion du PV. Selon lui, il entendait éviter que la disparition des pièces du dossier ne soit assimilée à une manoeuvre de sabotage de l'Eglise catholique, "avec Wim De Troy comme taupe et Fernand Keuleneer comme Prince des Ténèbres". M. Hertogen évoque également la négligence du greffier. Le parquet fédéral n'est pas ravi par cette démarche. "L'homme a sans doute accès au dossier en tant que partie civile mais le procès-verbal reste une partie de l'enquête judiciaire et l'enquête est secrète", explique un porte-parole du parquet fédéral. "Nous allons examiner si un fait condamnable a été commis", ajoute-t-il qualifiant la publication du sociologue de surprenante.