“Pas de sexe, pas de solo”: la défense de Jan Fabre dément cette pratique

L'avocate a aussi exprimé "les regrets profonds" de son client à l'égard de celles et ceux que son attitude a pu heurter. Rattrapé par la vague #metoo en 2018, le célèbre plasticien de 63 ans, exposé dans toute l'Europe, est jugé pour "violence, harcèlement ou harcèlement sexuel au travail" à l'égard de 12 ex-collaboratrices de sa compagnie de danse Troubleyn, ainsi que pour un "attentat à la pudeur" contre l'une d'elles. Il conteste les accusations.

Le 25 mars, au premier jour du procès, auquel il a choisi de ne pas assister, il a été dépeint par les parties civiles comme un homme tyrannique au travail, humiliant régulièrement les danseuses en répétition, et ayant même pratiqué avec certaines un chantage à caractère sexuel. "Pas de sexe, pas de solo", avait résumé l'une des accusatrices, dans la lettre ouverte qui a déclenché le scandale en septembre 2018.

Après le portrait accablant brossé devant le tribunal, trois ans de prison ferme ont été requis à l'encontre de l'artiste par la procureure, qui a jugé les témoignages des victimes "particulièrement crédibles".

Vendredi, avant que le tribunal ne mette son jugement en délibéré, la parole était à la défense. Me Tritsmans a admis le "fort caractère" de Fabre, le fait que travailler avec lui à Troubleyn "c'est intense, c'est se donner à 100%" dans des performances scéniques éreintantes: "Avec cette place essentielle du corps nu, du corps en métamorphose, on vise le vrai épuisement, les vraies émotions". Mais, a insisté l'avocate, tous les "performeurs" collaborant avec lui connaissent "ce contexte ‘fabrien’ particulier".

"Il ne s'agit pas ici de mineurs sans défense qui sont abusés mais de femmes fortes, éduquées, qui choisissent d'aller faire de la danse radicale avec Jan Fabre", a affirmé Me Tritsmans. “On l'a présenté comme un Dieu qui n'accepte pas la contrariété, ça ne tient pas debout!", a-t-elle protesté. "Il est la force motrice (de la compagnie), mais donne beaucoup de place à la liberté individuelle".

Les faits reprochés portent sur la période 2002-2018. C'est en juin 2021 à l'issue de trois ans d'enquête que l'Auditorat du travail d'Anvers, section spécialisée du parquet, avait décidé de renvoyer Jan Fabre devant la justice pénale. Il encourt jusqu'à cinq ans de prison.

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