Père Fouettard banni de Facebook: “Ce n’est pas à une entreprise américaine de déterminer ce qui est permis ou pas”

La décision prise sur Facebook fait l’objet de vives critiques en Belgique et aux Pays-Bas, où la tradition est ancrée depuis des lustres. Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes ont posté des photos de Père Fouettard pour faire part de leur indignation.

“En soi, je trouve que c’est compréhensible, mais d’un autre côté: où placer la limite?”, soupire Ignace Glorieux. “Aujourd’hui, il s’agit du Père Fouettard et de caricatures juives, mais quid des musulmans, des caricatures de Mahomet? Tout le monde a ses sensibilités. Ce qui me frappe, c’est la vitesse à laquelle tout a changé. Il n’y a pas si longtemps, il y avait encore de grandes manifestations pour la liberté d’expression après l’attentat de Charlie Hebdo. Il y avait un large soutien dans l’opinion publique pour dire que ce caricaturiste danois avait le droit de se moquer du prophète. Aujourd’hui, il y a toute une série de choses qui ne sont plus tolérées. Pour être clair, je trouvais ces caricatures de très mauvais goût mais faut-il pour autant les interdire. Je ne crois pas”, poursuit-il.

La nouvelle mesure a également suscité des commentaires dans la sphère politique, principalement au nord du pays. “On va le répéter une fois de plus: le Père Fouettard n’a rien à voir avec du racisme”, a réagi Egbert Lachaert, président de l’Open VLD. 

“En cette période, Facebook considère le Père Fouettard comme une priorité. Comprendra qui pourra”, prolonge Assita Kanko, députée européenne N-VA.

Facebook a adapté sa politique sur les stéréotypes discriminatoires dans le monde entier après un processus de neuf mois, ont indiqué les responsables de l’entreprise américaine. “Nous avons examiné différents points de vue et avons parlé à plus de 60 organisations et experts du monde entier, y compris des spécialistes et des militants des droits de l’Homme.” Parmi eux, il n’y avait pas de Belges ou de Néerlandais. Facebook est conscient qu’en Belgique et aux Pays-Bas, tout le monde n’est pas d’accord avec cette vision du Père Fouettard, compagnon de saint Nicolas, mais pour l’entreprise, il s’agit d’une “question de principe”.

“C’est quand même interpellant qu’une entreprise américaine détermine ce qui est autorisé ou pas. C’est le rôle des pouvoirs publics. La liberté d’expression est l’une des règles de base de notre démocratie. Quand vous dépassez les limites, il existe suffisamment de possibilités de sanctions mais Facebook n’a pas à se mêler de ça”.

Pour info, s’il s’agit de personnes grimées en noir et coiffées d’une perruque bouclée, les employés de Facebook retireront l’image ou la vidéo de la plateforme. Une détection automatique par le biais d’algorithmes n’a pas encore été mise en place. La figure du ramoneur, sans blackface ou grimage en noir, est quant à elle toujours autorisée.