Pourquoi est-il devenu si difficile de respecter les mesures anti-coronavirus?
Dix contacts par semaine? La distanciation sociale? Pour les centaines de jeunes fêtards qui se sont réunis à Bruxelles le week-end dernier, les mesures de sécurité imposées lors de la pandémie de coronavirus appartiennent au passé. Les médecins généralistes remarquent que les patients deviennent chaque jour plus laxistes. Pourquoi avons-nous tant de mal à respecter les règles? Maarteen Vansteenkiste, psychologue de la motivation à l’Université de Gand, a une explication.
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Samedi soir, des centaines de jeunes se sont rassemblés sur la place Flagey à Ixelles après la fermeture des cafés. À Anderlecht et à Hasselt, l'interdiction de se rassembler a été complètement ignorée. Le sentiment de vacances prévaut désormais sur la sécurité. Et les jours à venir promettent d’être encore plus difficiles: une vague de chaleur est annoncée et les écoles vont fermer pour l’été.
Selon Maarten Vansteenkiste, qui fait partie du groupe d’experts “psychologie et corona”, “suivre des mesures exige beaucoup de maîtrise de soi de la part de la population. Pendant des mois, nous avons dû nous contrôler et avons pu résister à la tentation. En d’autres termes, notre population est passée dans le rouge, ça a demandé une énorme quantité d’énergie. Maintenant que les mesures ont été assouplies et que nous pouvons à nouveau goûter à la liberté, certaines personnes n’arrivent plus du tout à se contrôler. Le fait de traiter les mesures avec nonchalance est une sorte de comportement compensatoire. Le fait que ce laxisme semble devenir la norme ne fait pas avancer notre motivation. Le fait de voir les autres porter des masques a un effet stimulant. Mais si personne n’en porte dans notre environnement, pourquoi devrions-nous en porter nous-mêmes?
Le psychologue aimerait un “meilleur cadre”. “Sophie Wilmès a déclaré au dernier Conseil national de sécurité que “tout est à nouveau permis sauf si c’est explicitement interdit”. Le message de liberté a prévalu. Mais si la liberté n’est pas suffisamment restreinte, elle se transforme en nonchalance. Pour beaucoup de gens, retrouver la liberté a été une excuse pour ne plus respecter les règles.”
Maarten Vansteenkiste préconise un système de “feux clignotants”. “Ce sont des codes de couleur clairement reconnaissables qui indiquent le niveau de la menace. Par exemple, nous venons du rouge et nous sommes passés de l’orange au jaune. L’objectif final est le vert. Le virus est alors complètement sous contrôle. Si nous lions des paramètres et des mesures clairs à chaque phase, nous pouvons offrir aux gens une perspective.”
Il encourage les influenceurs à expliquer comment ils font face à la tentation et comment ils respectent les mesures de sécurité. “On sait que la motivation des citoyens, et encore plus celle des jeunes, peut être stimulée s’ils peuvent se comparer à des exemples.”
Selon plusieurs médecins généralistes, les patients sont de plus en plus laxistes et présentent des symptômes du coronavirus. “Personne ne pense avoir le coronavirus. Le virus semble avoir disparu de la scène”, écrit Stefanie Vermandere, médecin généraliste à Merelbeke, dans une lettre ouverte sur Facebook. “Les enfants qui ont de la fièvre sont remis à l’école après un médicament, les employés retournent au travail avec un rhume parce que leur patron l’exige.”
Erila Vlieghe, virologiste, a mis en garde, lundi, contre une résurgence du virus dans notre pays. “Le virus n’a pas disparu”.
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