Pourquoi la Belgique tarde à envoyer de l’aide humanitaire en Turquie: “C’est honteux”

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La Belgique se prépare à envoyer une équipe médicale d’urgence (Emergency Medical Team, de B-Fast) en Turquie, a fait savoir mardi soir le ministère des Affaires étrangères. “Notre pays installera un hôpital de campagne et enverra du personnel pour fournir l’assistance médicale nécessaire à la population locale et soulager la pression sur les hôpitaux turcs”, ont indiqué les autorités belges.

Une première équipe de reconnaissance décolle ce mercredi de l’aéroport militaire de Melsbroek. Leur mission? Repérer les lieux où l’hôpital pourra être installé. Une deuxième équipe partira ce week-end pour installer l’établissement de soins provisoire qui devra être opérationnel au plus tard jeudi prochain. Le matériel, réparti dans plusieurs dizaines de conteneurs, sera acheminé par des avions de la Défense.

Certains observateurs et citoyens se demandent pourquoi la Belgique tarde à apporter une aide d’urgente, alors que d’autres pays, comme les Pays-Bas, sont déjà partis lundi. Dans la classe politique aussi, la lenteur belge interpelle. “Il est honteux que l’aide belge à la Turquie, alliée de l’OTAN, tarde autant à se mettre en place. Le gouvernement est tenu de rendre des comptes. J’ai demandé au président de la Commission de la Défense à ce que le gouvernement vienne s’expliquer et qu’on puisse en débattre”, déplore Theo Francken, député fédéral N-VA.

Du côté du gouvernement, on estime que les critiques ne sont pas justifiées. “Il faut savoir que notre pays ne dispose plus d’équipes de “search and rescue” et c’est précisément ce dont la Turquie a besoin en ce moment”, explique le porte-parole de Caroline Gennez (Vooruit), de la Coopération au développement. “Il y a aussi beaucoup d’autres pays européens qui fournissent déjà cette aide. Dans le cadre de cette coordination européenne, il a donc été décidé de se spécialiser dans un certain domaine”.

Et de poursuivre: “On aura particulièrement besoin de nous aussi dans les prochaines semaines. De nombreuses équipes sont également nécessaires après la catastrophe. Toutes les infrastructures sont en ruine et il faut aussi s’occuper des blessés à plus longue échéance”.

Frank Vandenbroucke a également répondu aux critiques sur les ondes de la VRT mardi soir. Le ministre de la Santé abonde dans le sens de sa collègue socialiste. “Les autorités kurdes étaient également demandeuses d’une aide à plus longue durée, comme la mise sur pied d’un hôpital de campagne, et c’est à cette demande que nous avons répondu. Donc, nous proposons une aide différente de celle des Pays-Bas par exemple”, prolonge-t-il.

Le fait que B-FAST tombe sous la responsabilité de plusieurs cabinets (Affaires étrangères, l’Intérieur, la Défense, la Santé publique, le Budget et la Coopération au développement) politiques a-t-il éventuellement retardé les choses. “Dans ce cas-ci, non”, rétorque Vandenbroucke, qui précise que la Belgique débloque 8 millions d’euros pour cette opération humanitaire.

Ça, c’est pour la version officielle. Pourtant, il y a quelques années encore, B-Fast jouissait d’une réputation internationale en matière de “search and rescue”. Mais, selon Het Nieuwsblad, les coupes budgétaires opérées par le gouvernement Michel I ont réduit B-Fast à néant. Selon le journal flamand, la Belgique ne dispose plus de licence internationale depuis 2019 pour ce genre de missions à l’étranger. En réalité, la Belgique ne peut en principe même pas mettre en place un hôpital de campagne, faute d’autorisation de l’Organisation Mondiale de la Santé, même si dans un cas d’urgence comme celui-ci, cela ne constitue pas un obstacle. “B-Fast n’existe de facto que sur le papier”, affirme encore une source bien informée.

Cette pour cette raison que la Belgique n’a pas pu envoyer d’équipe à Beyrouth en 2020, après l’explosion qui a ravagé le port. Elle n’est plus autorisée à effectuer des opérations de “recherche et de sauvetage” en dehors des frontières nationales. “De façon informelle toutefois, il nous revient que cette situation doit au détricotage de la protection civile entreprise par l’ex-ministre de l’Intérieur Jan Jambon (N-VA). B-Fast, qui s’est souvent illustré par son professionnalisme sur les théâtres d’opération les plus difficiles, n’est plus opérationnel en termes d’urgence”, peut-on encore lire dans Le Soir.

La Belgique va installer un hôpital de campagne en Turquie, une première équipe B-FAST partira mercredi