Pourquoi les perspectives sont meilleures en Belgique qu’aux Pays-Bas ou en Espagne
Beaucoup de lits disponibles en soins intensifs signifient plus de vies sauvées: l’Allemagne prouve cette logique imparable avec “seulement” 44 décès liés au coronavirus alors que ce dernier a frappé le pays de plein fouet. Proportionnellement, l’Italie, où règne le chaos le plus total, en compte trente fois plus. Geert Meyfroidt, membre de l’unité des soins intensifs de l’UZ Louvain, prévoit des drames humains pires encore aux Pays-Bas comme au Royaume-Uni. Mais pas en Belgique.
Partager par e-mail
La Belgique compte quelque 1.900 lits en soins intensifs, ce qui revient environ à 16 lits pour 100.000 habitants. En ces temps de coronavirus, cela semble peu, mais ce chiffre place notre pays dans le peloton de tête des pays européens, dominés en la matière par l’Allemagne et le Luxembourg. En Allemagne en effet, quelque 28.000 places en soins intensifs pour 80 millions d’Allemands assurent donc en moyenne 34 lits pour 100.000 habitants. À titre de comparaison, l’Italie compte 62 millions d’habitants mais seulement 5.300 places en soins intensifs, soit 8 lits seulement pour 100.000 Italiens. Bilan: 44 morts en Allemagne pour l’instant, contre 4.000 en Italie. Le lien de causalité semble évident.
Le prix du manque d’investissements
“Oui, il y a certainement un lien entre les deux”, confirme Geert Meyfroidt, membre du personnel de l’unité de soins intensifs de l’hôpital universitaire de Louvain. “La forte mortalité en Italie s’explique par trois facteurs: d’abord, l’Italie a une population vieillissante, et le virus touche principalement les personnes âgées. Ensuite, l’Italie a effectué trop peu de tests de dépistage et a sous-estimé le nombre de contaminations qu’elle comptait réellement. Et troisièmement et c’est le plus important, c’est le déclin total de son système de soins de santé”, résume-t-il.
Il explique qu’en Italie, des gens qui n’ont même pas le coronavirus sont les victimes collatérales - et passées sous silence - du coronavirus. “Mes meilleurs amis médecins travaillent en Lombardie actuellement et (il avale sa salive), c’est affreux là-bas. Je leur envoie des messages de soutien et je les appelle de temps en temps, mais tout le système coule. Et je ne parle pas que des patients qui souffrent du Covid-19, je parle aussi des autres patients. Car lorsque les soins intensifs voient leur capacité totalement submergée, il y a également de nombreuses victimes dont les chiffres ne parlent pas car, en tant que patients non-coronavirus, elles ne sont pas comptées. En temps normal, ces lits de soins intensifs ne sont pas vides, hein. Et ces patients-là n’ont nulle part où aller non plus”, expose-t-il.
Des patients qui ont besoin de soins intensifs meurent faute de place alors qu'ils n'ont pas le coronavirus. Mais ils ne sont pas comptés dans les bilans officiels
Il ne doute cependant pas de l’expertise de ses confrères italiens et amis. “Il y a de très bons médecins et scientifiques en Italie, et mieux: ils détiennent les meilleurs spécialistes au monde en matière d’assistance respiratoire. Mais voilà, ils doivent composer avec deux choses: des infrastructures vétustes qui sont le fruit d'une chute des investissements dans les soins de santé, mais aussi le manque de lits disponibles. En Belgique, on dispose d'une capacité bien plus grande et on est actuellement en train de l’augmenter massivement. Tous les hôpitaux belges sont en train de se créer des unités supplémentaires”.
“La stratégie de la horde, on va la suivre, mais en douceur”
Selon Geert Meyfroidt, certains pays d’Europe vont connaître des jours difficiles. Il estime par exemple que l’Espagne va gravement pâtir de la crise sanitaire. “Cela va être l’effondrement total là-bas”, explique-t-il. “Ils avaient déjà peu de lits en soins intensifs et ils en ont encore enlevé. En Espagne, cela sera encore pire qu’en Italie”, avertit-il en prévision des semaines à venir.
Mais il n’est pas optimiste non plus pour les Pays-Bas et le Royaume-Uni. “Ces deux pays ont beaucoup moins de places en soins intensifs que nous... En plus, ils envisagent la stratégie de laisser le virus proliférer afin de doper l’immunité collective. Cela fonctionnera, mais cela sera précédé par un drame humain immense. La stratégie de la horde, comme on l’appelle, on va aussi l’employer, mais plus lentement. Il ne faut pas aller trop vite avec cette méthode, certainement si votre capacité hospitalière ne le permet pas. Si vous regardez le Corona Tracker du Financial Times, vous voyez que cela diminue très légèrement chez nous tandis que cela grimpe cruellement chez nos voisins hollandais et britanniques”.
“La plupart des vies, c’est en restant chez nous qu'on les sauvera”
“Nos médecins et infirmières des soins intensifs peuvent sauver des vies, comme nulle part ailleurs. Mais la plupart des vies, c’est nous tous qui allons les sauver ensemble, si tout le monde reste bien enfermé chez lui. J’espère que nous allons mieux nous comporter que les Italiens qui ont manqué de clairvoyance et ce durant bien trop longtemps”, avertit-il encore en guise de conclusion.
Gratis onbeperkt toegang tot Showbytes? Dat kan!
Log in of maak een account aan en mis niks meer van de sterren.Aussi dans l'actualité
-
mise à jour
Un père se jette du viaduc de Vilvorde avec sa fille de 6 ans
-
Anvers
Un médecin complotiste distribuait les certificats d’exemption du port du masque
La Commission médicale provinciale d’Anvers a suspendu, en décembre, un médecin soupçonné d’avoir délivré des certificats d’exemption du port du masque à la simple demande de patients. Entendu par l’Ordre des médecins, le praticien avait affirmé que la pandémie était un complot, que les tests PCR n’étaient pas efficaces et que les personnes asymptomatiques n’étaient pas contaminées. -
Un nouveau pas vers le premier centre wallon de protonthérapie à Charleroi
Le 13 décembre 2018, le gouvernement wallon a annoncé officiellement la signature de la convention relative au partenariat d’innovation technologique (PIT) “Prother-wal”, projet à la base du financement du futur centre de protonthérapie wallon. Celui-ci doit prendre place sur le site de l’Hôpital Civil Marie Curie à Lodelinsart (Charleroi). Une nouvelle étape vient d’être franchie dans cette direction. -
Tout ce qui change le 1er février
-
“Quelle andouille”: un conseiller communal N-VA oublie de couper son micro et insulte Peter Mertens
L’incident s’est déroulé lundi soir lors du conseil communal en ligne de la ville d’Anvers. Un conseiller N-VA s’est fendu d’un commentaire déplacé après une intervention de Peter Mertens (PVDA-PTB) au sujet de la fréquentation des trams à Anvers. Le nationaliste a ensuite été remis à sa place par... Bart De Wever (N-VA), qui orchestrait les débats.
-
Bruxelles
Un adolescent affirme avoir été roué de coups par des policiers “à titre d’exemple”
Le père de Pirly, un jeune de 16 ans arrêté administrativement à l’issue de la manifestation contre la justice de classe organisée dimanche après-midi à Bruxelles, a annoncé mardi son intention de porter plainte pour violence contre la police. Il organise virtuellement mardi soir une réunion entre plusieurs parents concernés pour décider collégialement de l’introduction d’actions judiciaires. La police a réagi en indiquant qu’aucune plainte n’avait été déposée. -
Charleroi: une voleuse de chihuahua devant la justice
Une femme était jugée par défaut ce mardi devant le tribunal correctionnel de Charleroi pour le vol d'un chihuahua dans les locaux de la SPA à Charleroi. L'association s'est constituée partie civile. Le ministère public a décidé de laisser au tribunal l'appréciation de la sanction pénale à infliger à la prévenue. -
Une opération “Épervier” a été menée par la police de Charleroi
Les opérations de police se sont succédé à la Ville-Haute à Charleroi. Les deux dernières datent seulement du 14 et du 19 janvier 2021. Au total, 11 personnes avaient été privées de liberté administrativement pour séjour illégal ou trouble à l’ordre public. Des stupéfiants avaient également été saisis. Dernièrement, une nouvelle action s’est tenue dans l’entièreté du centre-ville.