Pourquoi vacciner les enfants? Faut-il vacciner les enfants qui ont été infectés? Deux experts répondent à vos questions
Quelque 336.000 vaccins Pfizer pour enfants sont prêts à être administrés à 490.000 petits Belges de 5 à 11 ans. Lundi, les ministres de la Santé se prononceront sur la vaccination des enfants lors d’une conférence interministérielle, alors que, pour rappel, le Conseil Supérieur de la Santé a donné son feu vert à celle-ci, à condition qu’elle reste volontaire.
La décision de vacciner ou non les enfants revient donc aux parents, qui, selon la dernière grande enquête corona effectuée par l’Université d’Anvers, semblent divisés sur la question. Vous êtes vous-même parent et ne savez pas trop quoi penser? Nos confrères de Het Laatste Nieuws ont posé 9 questions à Tyl Jonckheer et François Vermeulen, président et membre de la task-force pédiatrique, pour vous aider à y voir plus clair.
1. Quels bénéfices les enfants tirent-ils de la vaccination?
Docteur Tyl Jonckheer, président de la task-force pédiatrique: “Il est vrai que nous ne constatons pas chez les enfants des lésions des poumons comme chez les patients adultes. Seuls un quart à un cinquième des enfants atteints du Covid développent des symptômes. Il s’agit généralement d’un rhume sévère, parfois accompagné de selles liquides ou d’éruptions cutanées. Cependant, même si le risque de complications dues au Covid est faible, les enfants peuvent bénéficier de la vaccination. Le vaccin leur épargne de facto le risque de contracter le syndrome inflammatoire multisystémique (MIS-C), cette maladie aiguë et rare qui touche presque exclusivement les enfants, même ceux qui n’ont pas de problèmes de santé sous-jacents. En Belgique, nous n’avons constaté aucun décès, mais un certain nombre d’enfants infectés atteints de MIS-C se sont retrouvés en soins intensifs”.
Le professeur de pneumologie pédiatrique François Vermeulen (UZ Leuven), membre de la task-force pédiatrique: “En Amérique, il semble y avoir moins de cas de MIS-C chez les adolescents depuis qu’ils sont vaccinés. Globalement, le rapport bénéfices-risques de la vaccination des enfants est plutôt neutre. La recommandation est donc la suivante: rendre le vaccin disponible pour les 5-12 ans et ne pas le pousser comme chez les adultes.”
2. Pour un groupe limité d’enfants, le vaccin est explicitement recommandé...
Tyl Jonckheer: “Les enfants présentant des comorbidités sont plus susceptibles de se retrouver à l’hôpital ou en soins intensifs. Les enfants atteints de cancer, d’un trouble grave du système immunitaire, d’asthme sévère, de maladies pulmonaires chroniques, de malformations cardiaques congénitales, d’obésité sévère ou de trisomie 21 sont considérés comme des patients à haut risque. La liste finale est encore en cours d’élaboration et sera mise à la disposition des médecins dans un avenir proche. Les parents concernés doivent contacter leur pédiatre à l’hôpital. Je voudrais également mentionner que dans ces groupes, la plupart des enfants infectés n'ont pas beaucoup souffert de symptômes. Sur les 135 enfants âgés de 5 à 11 ans qui ont été hospitalisés en Belgique pour le Covid-19, aucun n’est décédé.
3. Le Covid long a-t-il déjà été observé chez les enfants ?
Tyl Jonckheer: “Il y a beaucoup de recherches à ce sujet. Le fait est qu’après une grippe ou une autre infection virale, on peut se sentir fatigué ou mal pendant des semaines, voire des mois. Ce phénomène est également observé chez les enfants”.
4. Qu’en est-il des nombreux enfants qui ont déjà eu le Covid?
Tyl Jonckheer: Chez les enfants qui ont déjà été infectés, le vaccin donne une sorte de coup de pouce à l’immunité qu’ils ont développée. Cela peut augmenter leur protection”.
François Vermeulen: “Un vaccin supplémentaire signifie une protection supplémentaire, ce n’est pas différent avec les enfants.
5. Existe-t-il d’autres arguments en faveur de la vaccination des enfants ?
François Vermeulen: “Une circulation débridée du virus chez les enfants a également un impact indirect sur leur bien-être, avec les quarantaines, les fermetures d’écoles et la suspension de leurs activités extrascolaires. Un enfant vacciné est moins susceptible de développer et de transmettre la maladie. La question est de savoir dans quelle mesure la vaccination des enfants ralentira la circulation du virus. Chez les adultes, nous avons été déçus à ce sujet, surtout à long terme. Nous devons être honnêtes. Il est aussi vrai que les parents et les grands-parents risquent moins d’être infectés si leurs enfants sont vaccinés.”
Tyl Jonckheer: “Ce que nous ne devrions certainement pas permettre, c’est l’introduction d’un Covid Safe Ticket pour les enfants et faire une distinction entre les enfants vaccinés et non vaccinés.
6. Quelle est la différence entre le vaccin pour enfants et le vaccin Pfizer administré aux adultes ?
Tyl Jonckheer: “Les enfants reçoivent un tiers de la dose pour adultes. Des recherches menées aux États-Unis ont montré que la réponse immunitaire dans le sang de l’enfant est déjà suffisamment élevée. Cela s’explique par le fait que le système immunitaire des enfants est plus efficace que celui des adultes.”
7. Quels effets secondaires les enfants peuvent-ils subir ?
François Vermeulen: “Tout comme les adultes, les enfants peuvent temporairement souffrir de douleurs au bras, de fatigue ou de fièvre, mais ces effets secondaires sont moins fréquents. Quelques cas de myocardite - une inflammation du muscle cardiaque - ont été signalés chez des adolescents et de jeunes adultes, mais ils sont rares et peu graves. Les effets sont généralement limités à des douleurs thoraciques. D’ailleurs, plus de patients ont développé une myocardite après le Covid qu’après avoir été vacciné.”
8. Que savons-nous des effets à long terme de la vaccination sur les enfants en pleine croissance?
Tyl Jonckheer: “On ne peut jamais donner une garantie à 100%, mais sur la base de ce que nous savons sur les vaccins, je peux dire avec confiance que la vaccination est sûre.”
9. Avez-vous des (petits-)enfants âgés de 5 à 11 ans ? Les ferez-vous vacciner?
Tyl Jonckheer: “J’ai un petit-fils de 6 ans. Les parents décideront.”
François Vermeulen: “Je n’ai que des adolescents. Ils ont tous été vaccinés. Ils voulaient le faire le plus vite possible. Si ma plus jeune fille avait 8 ans au lieu de 15, je la ferais vacciner. Mais je comprends parfaitement que d’autres décident de ne pas le faire.”
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