Pratiquement aucun patient Omicron aux soins intensifs: “Garder assez de personnel est un plus gros problème”

Le virologue Steven Van Gucht l’avait déjà dit: il ne faut pas se focaliser sur les contaminations, en augmentation (+96%) à près de 22.000 par jour. “Nous devons concentrer notre attention surtout sur ce qui se passe dans les hôpitaux.” La situation y est la suivante: 179 patients Covid ont été hospitalisés chaque jour entre le 5 et le 11 janvier, soit une hausse de 10% par rapport à la semaine précédente, très loin du pire scénario du millier d’admissions quotidiennes. Près de 2.000 personnes sont hospitalisées. Le rapport entre le nombre de contaminations et le nombre d’hospitalisations n’a jamais été aussi bas.

Les services de soins intensifs ne voient pas la courbe grimper: le nombre de patients qui y sont envoyés chaque jour est aussi en baisse. De tous les malades admis à l’hôpital, 10 à 15% se retrouvent aux soins intensifs.

Les patients Omicron ne souffrent presque pas de graves troubles respiratoires. “Il n’y a qu’un seul patient très malade qui est atteint par ce variant”, commente l’intensiviste Jasperina Dubois, du Jessa Ziekenhuis à Hasselt, précisant que l’homme avait également une immunité affaiblie. Situation similaire à l’UZ Leuven et à l’UZ Gent, où aucun patient Omicron ne s’est retrouvé aux soins intensifs. “Nous accueillons des patients atteints d’autres pathologies qui s’avèrent ensuite positifs”, explique Dominique Benoit, réanimateur à Gand. “Comme un brûlé lundi. Mais personne ici n’est gravement malade à cause d’Omicron”.

La plupart des hôpitaux ne recherchent pas systématiquement le variant qu’un patient a contracté, mais c’est le cas à Gand et à Louvain, par exemple. Les constatations en Belgique confirment ce qui est observé ailleurs: Omicron est moins invalidant. Pour le moment, environ 1,1% des personnes infectées finissent à l’hôpital. Pendant la vague automnale de 2020, sans vaccins, c’était 9%. Pendant la vague Delta fin 2021, c’était encore 2 à 3%.

“Je viens d’avoir des nouvelles d’un collègue français”, rapporte le professeur Benoit. “Même dans les hôpitaux parisiens, où la cinquième vague a commencé trois semaines plus tôt, il y a encore très peu de personnes atteintes d’Omicron en réanimation. Là aussi, les lits restent majoritairement occupés par des patients Delta de la quatrième vague qui ne vont pas mieux, ou se remettent très lentement.” Dans nos hôpitaux, il s’agit principalement de quadragénaires, quinquagénaires et jeunes sexagénaires. “Certains sont ici depuis 80 jours”, selon Dubois. Le patient hospitalisé depuis le plus longtemps à l’UZ Gent est un trentenaire, avec 135 jours au compteur.

Les statistiques portent-elles de l’espoir? Le professeur Benoit veut penser en bon père de famille et prêche surtout la prudence. “À Bruxelles, 25% des habitants ne sont pas encore vaccinés: ils peuvent toujours poser problème. Il est donc conseillé de ne pas aller trop vite en besogne.”

“Les soins intensifs ne seront pas la pierre d’achoppement cette fois”, veut espérer Dubois. “Si le personnel hospitalier a appris une chose, c’est de ne pas trop espérer. Il y aura certainement plus de patients Omicron en soins intensifs dans les semaines à venir. Et bien sûr, ils s’ajoutent aux patients Delta qui sont déjà là.”

Aujourd’hui, les deux réanimateurs sont surtout préoccupés par autre chose: la perte de personnel. “Nous avons encore dû fermer deux lits cette semaine”, conclut Benoit. “Ça peut maintenant se produire tous les jours.”

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