Procès des attentats de Bruxelles: 7 femmes et 5 hommes désignés jury
Mise à jourNeuf accusés, dont Salah Abdeslam, face à un millier de parties civiles. La cour d’assises de Bruxelles donnait mercredi le coup d’envoi d’un procès hors norme pour cerner les responsabilités dans les attentats jihadistes de 2016 à Bruxelles. Le but de la journée était d’examiner les demandes de dispenses pour la de composition du jury. Après environ 9h d’audience, la présidente de la cour d’assises de Bruxelles a accordé 200 dispenses, qui s’ajoutent aux 339 dispenses déjà accordées au préalable.
Au total, 1.000 jurés potentiels avaient été convoqués. Parmi eux 339 s’étaient vu accorder une dispense avant l’audience. Selon Luc Hennart, porte-parole de la cour d’assises, 450 jurés-candidats se sont finalement présentés au Justitia à Haren mercredi et 299 d’entres-eux ont déposé une nouvelle demande de dispense. À l’issue de l’examen des demandes, vers 19h00, quelque 200 d’entre elles ont été accordées. Cela laissait donc environ 250 personnes dans l’urne pour la constitution du jury tiré au sort qui a désigné sept femmes et cinq hommes vers 22h ce mercredi.
Ce dernier se poursuit pour sélectionner 24 jurés suppléants afin de remplacer les éventuels jurés qui feraient défaut au cours du procès qui devrait durer entre six et neuf mois.
Plusieurs travailleurs de la Stib ont été dispensés, leur employeur étant partie civile au procès. D’autres citoyens l’ont été, car ils sont proches de parties civiles ou d’avocats de la défense, car leur conjoint est un policier intervenu à la station de métro Maelbeek le jour des faits, parce qu’ils ont été témoins indirects des faits ou encore parce qu’ils avaient déjà été dispensés une première fois, mais n’avaient pas fait de nouvelle demande après le report du procès. Quelques dispenses ont été accordées pour certificat médical ou attestation de voyage déjà réservé et payé.
Enfin, l’athlète Kevin Borlée a été dispensé de ce rôle citoyen en raison de sa notoriété, tout comme le directeur général du Sénat en raison de la citation de l’État belge dans le procès. Le réalisateur et scénariste Joachim Lafosse, connu notamment pour son film “Les Intranquilles”, a également été dispensé car il connaissait l’une des victimes.
Par contre, la présidente de la cour, qui prend seule la décision de dispenser ou non, au cas par cas, se montre plus intransigeante face aux motifs familiaux ou professionnels qui sont avancés.
Demandes rejetées
Parmi les nombreuses tentatives non concluantes, beaucoup ont abordé des raisons d’organisation personnelle (garde d’enfants, longueur des trajets) ou professionnelle (risque de passer à côté d’une promotion au travail, crainte d’une faillite vu le peu d’employés). D’autres ont avancé des raisons de santé, mais n’ont pas pu produire les preuves nécessaires à la cour. Certains ont tenté d’échapper à la responsabilité de juger les accusés en affirmant avoir déjà leur opinion; l’ensemble de la défense et le ministère public auront droit à 18 récusations chacun après le tirage au sort. La cour pourra aussi récuser des candidats si la parité hommes et femmes n’est pas atteinte.
Sur le millier de personnes convoquées, la présidente avait déjà accordé 339 dispenses avant l’audience de composition du jury. Une fois la question des dispenses réglée, la cour procédera au tirage au sort en lui-même. L’ensemble de la défense et le ministère public auront droit à 18 récusations chacun. La cour peut aussi récuser des candidats si la parité hommes et femmes n’est pas atteinte.
Dès que le jury sera formé, les jurés prêteront serment et quelques mots d’explication au sujet de leur mission leur seront adressés par la présidente. L’audience sera ensuite levée et toutes les parties ainsi que les jurés se retrouveront le 5 décembre à 09h00 pour entamer les débats.
Entre angoisse et curiosité
En dépit des longues files qui s’étaient formées mercredi matin pour atteindre le Justitia, des centaines de candidats-jurés arrivaient en début de matinée pour assister au tirage au sort qui définira peut-être leur vie ces prochains mois.
Femmes, hommes, jeunes, expérimentés, parfois boitant ou encore accompagnée d’une poussette, des centaines de candidats-jurés au procès des attentats de Bruxelles se sont présentés mercredi devant la cour d’assises. Certains se sont déclaré angoissés ou “excités”, d’autres ont annoncé souhaiter être sélectionnés pour “l’expérience enrichissante” que peut représenter un procès en tant que juré.
Certains autres disaient appréhender les images choquantes auxquelles ils pourraient être confrontés ou la longueur du procès et espéraient dès lors pouvoir être dispensés. Les candidats-jurés et parties civiles n’étaient pas les seuls à arpenter les couloirs de l’ancien site de l’Otan, puisque certains curieux ont également décidé de suivre le procès en personne, dans le public.
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Cellule jihadiste
Au matin du 22 mars 2016, deux jihadistes s’étaient fait exploser à l’aéroport de Bruxelles-Zaventem, et un troisième une grosse heure plus tard dans le métro de la capitale européenne, causant au total 32 morts et plusieurs centaines de blessés. Les attaques, revendiquées par le groupe jihadiste État islamique (EI), surviennent quatre jours après l’arrestation à Molenbeek de Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos du 13 novembre 2015.
Et les enquêteurs constatent rapidement qu’elles ont été perpétrées par cette même cellule déjà à l’origine du bain de sang dans la capitale française (130 morts à Paris et Saint-Denis le 13 novembre). À l’époque, ces jihadistes ont d’autres projets en tête, notamment de frapper l’Euro-2016 en France. Mais ils agissent dans la précipitation après l’arrestation d’Abdeslam.
Atar, présumé mort
À ce procès, neuf hommes sont attendus dans le box, dont le Français de 33 ans et son ami d’enfance de Molenbeek, Mohamed Abrini. Un dixième, Oussama Atar, dirigeant de la cellule, sera jugé en son absence, car il est présumé mort en Syrie. Au total, six de ces dix accusés ont déjà été condamnés, la plupart très lourdement, dans le procès-fleuve achevé en juin à Paris pour le 13-Novembre.
Parmi eux figure Osama Krayem, qui a accompagné l’assaillant du métro bruxellois avant de rebrousser chemin et de se débarrasser de ses explosifs. Au procès parisien ce jihadiste suédois décrit comme un “combattant aguerri” est resté mutique sur son rôle précis dans la cellule.
12 jurés titulaires, 24 suppléants
“Je ne m’attends pas vraiment à beaucoup de réponses”, dit à l’AFP Sandrine Couturier, partie civile qui compte venir faire face aux accusés. “Mais j’ai envie de me confronter à ce que l’être humain est capable de faire, il faut que j’accepte que tout le monde n’est pas bon”.
Présente sur le quai du métro Maelbeek au moment de l’explosion dans une rame, cette directrice d’association souffre encore de stress post-traumatique. Des “pertes de mémoire” et “problèmes de concentration” qui resurgissent à l’approche du procès, explique-t-elle. Les épisodes d’anxiété, voire de dépression, sont encore très fréquents pour les rescapés et témoins que l’AFP a pu interroger.
Plusieurs ont aussi décrit leur pénible combat pour obtenir des assurances la prise en charge des soins médicaux. Les victimes ont été “abandonnées à leur sort par l’Etat belge”, a dénoncé un collectif représentant près de 300 parties civiles. Ce collectif, Life4Brussels, avait déjà exprimé sa colère fin septembre à l’annonce du report du procès en raison d’un box des accusés non conforme au droit européen.
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Tollé
L’équipement initialement prévu, un box compartimenté en cellules individuelles vitrées, avait suscité un tollé du côté de la défense. Il a dû être démonté et remplacé, ce qui a entraîné un retard de près deux mois. Outre le nouveau box, collectif et “semi-ouvert”, offrant une meilleure communication de part et d’autre de la paroi vitrée, les regards se tourneront mercredi vers les sièges des jurés.
Situation inédite en Belgique, la cour d’assises va en désigner trente-six. Outre les 12 titulaires, 24 jurés suppléants siégeront tout au long des débats pour pallier d’éventuelles absences. Sous peine d’invalider le procès, il faut absolument respecter ce nombre de 12 citoyens pour assister les trois magistrats professionnels au moment de délibérer sur le verdict.
Les avocats satisfaits que le procès des attentats puisse enfin vraiment commencer
Les avocats des accusés comme des parties civiles se montraient satisfaits mercredi matin à leur arrivée au Justitia, à Haren, pour l’audience de composition du jury populaire dans le cadre du procès devant la cour d’assises des attentats de Bruxelles commis en mars 2016. Les différentes équipes d’avocats de la défense se sont entendues pour avoir droit chacun à deux récusations de candidats-jurés.
“Finalement, ça commence!”, a ainsi lancé Jonathan De Taye, avocat de Ali El Haddad Asufi, qualifiant cette journée d’”énième étape”, mais d’”étape importante”, dans le travail de défense de son client, lui qui était également poursuivi devant la cour d’assises de Paris. Il se dit par contre satisfait qu’il revienne à un jury populaire le soin de juger les accusés. “Et je serai encore plus content si cela va jusqu’au bout”, glisse-t-il.
Qualifiant le tirage au sort des jurés de “vogelpick’, Adrien Masset, avocat de parties civiles, espère que l’on aboutira à un jury populaire “attentif” et à même de “supporter cette épreuve”.
“Les conditions sont enfin réunies pour un procès équitable”, a pointé, de son côté, Stanislas Eskenazi, l’avocat de Mohamed Abrini, surnommé “l’homme au chapeau” lors de l’attaque à l’aéroport de Bruxelles. Il faisait ici référence au nouveau box des accusés, dont la construction a nécessité le report du début des débats de près de deux mois.
De nombreux avocats de la défense notaient d’ailleurs que le box en question, dont ils n’ont vu que des photos jusqu’à présent, était un “copier-coller” de celui ayant servi lors du procès des attentats du 13 novembre 2015 à Paris. “C’est mieux que ce que nous avions avant”, commente Xavier Carette, avocat d’Ibrahim Farisi. “C’est ce qu’il aurait fallu faire dès le début. Le précédent était une aberration et nous avons été ridicules”, a fustigé Me De Taye. “Maintenant, il est là et il faut aller de l’avant”, a-t-il conclu.
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