Quatre scénarios de déconfinement ont été présentés: “Nous approchons le point où le risque d’une 3e vague diminue, ce n'est plus très loin”
mise à jourAccompagné du virologue Steven Van Gucht et de l’épidémiologiste Yves Van Laethem, les deux porte-parole interfédéraux Covid-19, le Premier ministre Alexander De Croo a donné une conférence de presse surprise ce lundi. “Le moment où le risque d’une troisième vague diminuera fortement en Belgique n’est pas “demain ou la semaine prochaine” mais “il n’est plus très loin”, a déclaré lundi le Premier ministre. Lors de celle-ci, quatre scénarios basés sur des modélisations mathématiques des universités d’Anvers et d’Hasselt sur l’évolution des hospitalisations dans le pays en fonction du moment des assouplissements et de la contagiosité des variants ont été présentés. L’une des conclusions est qu’il faudra surveiller l’évolution des variants dans les trois à quatre prochaines semaines.
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“C'est un bon moment pour apporter un peu de sérénité”, a introduit le Premier ministre, alors qu’un nouveau Comité de concertation doit se tenir vendredi et que plusieurs appels se sont fait entendre ces derniers jours pour des assouplissements. “On a demandé à nos experts de montrer une analyse honnête dans la situation dans laquelle on se trouve”, a encore expliqué M. De Croo avant de laisser la parole à Steven Van Gucht, porte-parole interfédéral.
“Si on relâche les mesures, l’épidémie reprendra plus fort et il faudra des mesures plus strictes pour la contenir”
“Nous avons réussi à garder un certain équilibre fragile”
La situation épidémiologique actuelle en Belgique, même si elle a atteint un certain équilibre fragile, n’est “pas du tout” similaire à celle de juin et juillet 2020, qui avait permis d’entamer une nouvelle phase de déconfinement, a souligné lundi son homologue francophone Yves Van Laethem.
Si la Belgique “a trouvé un bon équilibre” et “fait mieux que d’autres pays voisins”, la situation reste fragile, pouvant encore “pencher des deux côtés”, a averti l’expert.
Actuellement, environ 6% des personnes infectées sont hospitalisées. Les admissions à l’hôpital oscillent entre 100 et 150 par jour, loin donc des 10 à 50 du mois de juin. Le nombre de patients en soins intensifs se situe autour des 300, avec une légère remontée depuis une à deux semaines. “Les soins de santé ne sont pas saturés mais il faudrait peu de choses pour que la situation s’inverse”, a-t-il prévenu.
En outre, une immunité collective n’est pas encore atteinte, avec environ seulement 20% de la population qui présentent des anticorps, même si la vaccination fera monter cette immunité.
Si la courbe augmente, “des mesures beaucoup plus sévères seront nécessaires” et elles devront être maintenues plus longtemps, a souligné Yves Van Laethem.
“D’une part les conditions météo devraient s’améliorer et nous permettre plus de vie à l’extérieur. D’autre part on va arriver dans les semaines qui viennent à une accélération nette de la quantité des vaccins qui va nous parvenir” pour mener une campagne de vaccination permettra de couvrir toute la tranche fragile des plus de 65 ans et des personnes à risque, a-t-il par ailleurs rappelé.
L’impact du variant britannique, qui représente 37 à 40% des souches présentes en Belgique, croisé à celui de la vaccination, sera “extrêmement important” pour la suite mesures, a conclu le porte-parole interfédéral Covid-19.
Aucune stratégie de sortie n’a été présentée ce lundi. Le rapport du groupe d’experts qui conseille le gouvernement, le GEMS, ne sera en effet pas prêt avant demain.
Les différents scénarios
Le mathématicien de l’UNamur Nicolas Franco a en revanche présenté quatre modèles, quatre scénarios possibles pour le futur avec chacun un postulat de départ: le maintien des mesures actuelles, un relâchement au 1er mars, un relâchement au 1er avril et un relâchement au 1er mai. Des données demeurent incertaines, les décès et hospitalisations dus au variant notamment. Selon Nicolas Franco, le variant britannique va devenir dominant en Belgique vers la mi-mars.
Selon les estimations actuelles, la contagiosité du variant britannique serait supérieure de 50% par rapport aux souches traditionnelles du coronavirus. En d’autres termes, une personne contaminée infecte 1,5 personne. Cependant, cette estimation comporte encore “une grosse marge d’erreur”.
C’est pourquoi pour chaque scénario présenté, trois options sont retenues: une contagiosité supérieure de 30% (la courbe jaune), de 50% (la courbe bleue) et de 70% (la courbe rouge) dans le pire des cas.
Dans le premier scenario, calculé à partir de notre comportement autour du 10 février, les hospitalisations restent sous contrôle. On pourrait néanmoins assister à une petite troisième vague à cause du variant.
Dans les autres modèles présentés, on revient à la situation de septembre dernier, à savoir un assouplissement dans plusieurs secteurs. Le deuxième modèle montre que les hospitalisations augmentent fortement. Le système de santé serait même complètement saturé en cas de contagiosité du variant à 70%, le pire des scénarios.
Si on prend la même hypothèse de redémarrer comme en septembre non pas en mars mais en avril (scénario 3), on voit que les courbes “sont beaucoup plus gentilles”, a-t-il ajouté. Celle qui estime que le variant est 50% plus contagieux est davantage “sous contrôle”, du fait notamment d’une campagne de vaccination beaucoup plus avancée.
Quant au dernier scénario, qui imagine l’hypothèse d’un relâchement seulement au 1er mai, la situation apparaît, même dans le pire des scénarios, “sous contrôle complet”, ce qui “donne de bonnes perspectives” pour les mois de mai, juin et de l’été, estime le chercheur de l’UNamur.
“Surveiller dans les trois à quatre semaines l’évolution des variants”
Ces modèles mathématiques, qui se basent notamment sur les informations concernant les contacts sociaux, comportent cependant des incertitudes, insiste Nicolas Franco. Différents facteurs pourraient encore influencer les choses, dont une plus grande proportion des hospitalisations et des décès qui seraient liés au variant britannique, ou encore l’impact de la saison, qui pourrait lui avoir un effet bénéfique.
Pour le scientifique, il faut donc “surveiller dans les trois à quatre semaines à venir l’évolution” des variants dans le pays.
“Je ne dis pas que rien n’est possible en mars, mais il faut rester prudent ce mois encore”
“Nous approchons le point où le risque d’une troisième vague diminue. Ce n’est pas demain ou la semaine prochaine, mais un peu plus loin”, a ensuite enchaîné le Premier ministre. “Je ne dis pas que rien n’est possible en mars, mais il faut rester prudent ce mois encore”, a-t-il poursuivi.
Pour rappel, le ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke (sp.a) a déjà annoncé hier qu’il serait préférable d’attendre encore trois semaines avant d’assouplir les règles. Ce n’est qu’à ce moment-là que les effets du variant britannique sur les chiffres devraient devenir plus clairs.
L’initiative du Premier ministre ferait grincer quelques dents
Le but de cette conférence de presse était non seulement d’expliquer quel serait l’impact d'un éventuel assouplissement sur les chiffres mais aussi d’offrir plus de perspectives sur le moment où les relâchements auront moins d’impact sur la courbe. “Nous présenterons les faits sur lesquels nous nous basons”, avait indiqué avant la conférence de presse Alexander De Croo.
Selon nos confrères de la DH, celle-ci n’a pas été approuvée par le Kern. La démarche du Premier ministre ferait même grincer quelques dents au sein du gouvernement.
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