Retour au confinement pour endiguer la quatrième vague? “Avec les règles actuelles, nous n'y arriverons pas”
La pression sur les hôpitaux ne cesse d’augmenter. Il y a déjà plus de patients atteints de Covid-19 hospitalisés par rapport à ce que prévoyaient les modèles au plus fort de la quatrième vague. Pourtant, le pic n’a pas encore été atteint. Et nous ne savons pas quand cela arrivera. Aux Pays-Bas, le groupe d’experts estime que le moment est venu d’annuler les événements pendant quinze jours, de fermer les cinémas et les théâtres et de limiter les heures de fermeture dans le secteur de la restauration. En Belgique, le GEMS n’est pas favorable à des mesures aussi drastiques, même si le conseil d’experts convient que les règles actuelles sont insuffisantes.
Brecht Herman, Esther De LeebeeckDernière mise à jour:12-11-21, 10:07
Erika Vlieghe, présidente du groupe d’experts GEMS: “Le contrôle du virus est complètement perdu”
Erika Vlieghe dit ne pas vouloir anticiper les recommandations sur les mesures “et les discussions en cours”, mais baisse tout de même la garde. “Il faut prendre plus de mesures que celles qui sont actuellement en place. C’est clair. Nous avons complètement perdu la main sur la transmission du virus, avec toutes les conséquences que cela entraîne pour les hôpitaux. Nous avons lancé un avertissement à ce sujet en juin, mais aussi en juillet, août et septembre. Nous ne pensions pas que c’était une bonne idée de tout ouvrir et d’abandonner les masques. Je regrette profondément ce relâchement total des mesures, notamment parce que certaines personnes pensent maintenant que les vaccins ne fonctionnent pas correctement, ce qui est absolument faux. C’était naïf de penser que tout était fini.”
“Si nous nous comparons avec des pays ayant des taux de vaccination similaires, nous constatons que la France et l’Italie contrôlent nettement mieux la circulation du virus que la Belgique. Pourquoi? A aucun moment, ils n’ont jeté toutes les règles par-dessus bord mais ont toujours continué à porter le masque tout en introduisant rapidement le Covid Safe Ticket”.
Nous avons besoin d’une solution pour passer tout l’hiver, et pas seulement le mois de novembre
Erika Vlieghe
“Entre-temps, ces mesures ont également été mises en place ici. Mais depuis combien de temps en discutions-nous? Il s’avère que c’est insuffisant pour redresser les chiffres actuels. Nous devons donc réfléchir de manière très critique à la façon dont nous pouvons à nouveau vivre en sécurité de manière durable.” Une fermeture “douce” de deux semaines ne semble donc pas être une option pour Erika Vlieghe. “Nous avons besoin d’une solution pour passer tout l’hiver, et pas seulement le mois de novembre. Le télétravail ne doit pas être facultatif, il doit être réel. Les masques dans les espaces intérieurs doivent devenir une habitude, même si vous avez déjà présenté le Covid Safe Ticket. Nous avons besoin de plus d’une couche de protection aujourd’hui.”
“Le comité de concertation de vendredi ne doit pas nécessairement être avancé pour moi, même si j’espère que tout le monde ajuste un peu son comportement dès maintenant. Gardez vos distances, vérifiez la ventilation, limitez le nombre de personnes que vous voyez, rencontrez-vous à l’extérieur autant que possible et gardez votre masque si vous êtes avec de nombreuses personnes dans un espace intérieur.”
Geert Molenberghs, biostatisticien et membre du GEMS: “Aucune idée de l’ampleur de la quatrième vague”
Il y a trois semaines, le professeur Geert Molenberghs donnait un aperçu des modèles de la quatrième vague. Le pic de la quatrième vague était attendu pour la mi-novembre. Les chiffres d’aujourd’hui sont plus ou moins les mêmes que ceux du pic prévu. Mais la mauvaise nouvelle est que ce pic n’a pas encore été atteint. “Et nous ne savons pas actuellement quand nous atteindrons ce pic et à quelle sera sa hauteur”, déclare M. Molenberghs.
“La direction que va prendre la courbe est très incertaine. Après une période de fortes augmentations allant jusqu’à 75 %, les choses se sont soudainement ralenties de manière significative, avec des augmentations de 4 et 5 %. Pour demain (aujourd’hui, ndlr), cependant, l’augmentation sera à nouveau d’environ 40%, car lundi, au moins 14.785 infections ont été détectées. Ce chiffre pourrait être si élevé en raison de l’effet du week-end et des vacances, les gens ayant attendu pour se faire tester. Dans le pire des cas, l’augmentation du nombre d’infections se poursuivra dans les prochains jours et finira par se faire sentir dans les hôpitaux. Je suis inquiet à ce sujet.”
“Avec les mesures actuelles, nous ne semblons pas être en mesure de faire baisser les chiffres. Marquer une pause ferme, comme les Pays-Bas, peut aider à inverser la courbe. Une fois que vous partez en ce sens, vous ne pouvez plus faire demi-tour. Il faut étendre cette ligne directrice à toutes les parties de la société. Il ne suffit pas de rendre le travail à domicile obligatoire et de fermer les écoles si les fêtes dans les discothèques continuent. Mais de toute façon, nous n’en sommes pas encore à ce stade. Entre la situation actuelle et un confinement, de nombreuses mesures sont encore possibles.”
Dominique Benoit, chef des soins intensifs à l’UZ Gent: “Combien de vagues voulons-nous subir?”
“Nous observons les chiffres en hausse avec consternation. Nous savons ce qui se prépare, alors nous nous adaptons, mais cette quatrième vague est plus lourde que toutes les autres, sans compter le début de la première vague. Il y a des patients vaccinés, il y a des patients non vaccinés, mais il y a aussi beaucoup de patients qui ne sont pas atteints du Covid: c’est tout à la fois, mais avec moins de personnel qu’avant. Beaucoup de gens abandonnent: le personnel qui doit être mis en quarantaine, le personnel qui a travaillé dur pendant les vagues précédentes et qui est maintenant épuisé, et même le personnel qui démissionne tout simplement. Les infirmières, en particulier, estiment aujourd’hui que cette quatrième vague est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Cette vague aurait pu être évitée si tout le monde avait été vacciné. Malheureusement, un quart de la population totale n’est pas vacciné et ils occupent la moitié des lits destinés au Covid. Cette situation est non seulement extrêmement frustrante pour nous, mais surtout pour les patients atteints d’autres pathologies qui voient leurs soins retardés. Ce sont eux qui en souffrent.”
Fermer le pays serait une honte pour les personnes vaccinées. Il est temps de prendre ses responsabilités et de rendre la vaccination obligatoire.
Dominique Benoit, chef des soins intensifs à l’UZ Gent
“Je ne pense pas que ce soit une bonne idée de prendre des mesures drastiques maintenant et fermer le pays, ce serait une honte pour les personnes vaccinées. Il suffit d’augmenter le taux de vaccination. Je suis un partisan absolu de la psychologie positive, mais il ne faut pas être naïf: cela ne nous aidera plus maintenant. Il est temps de prendre ses responsabilités et de rendre la vaccination obligatoire. Après tout, combien de vagues supplémentaires voulons-nous subir?”
Gouvernement fédéral: “Le lockdown n’est pas à l’ordre du jour”
Un nouveau Comité de concertation est prévu pour vendredi prochain. On ne sait pas encore s’il y aura une discussion sur d’éventuels renforcements des mesures. “Il est trop tôt pour le dire. Les chiffres ne sont pas bons, la situation n’est pas rose, mais tout peut encore basculer dans les prochains jours. Dans l’attente du Comité de concertation, il reste important que les personnes respectent les règles existantes, comme l’utilisation du Covid Safe Ticket et le travail à domicile autant que possible.”
Si un renforcement devait être mis sur la table, il ne s’agirait pas d’un lockdown, selon une autre source. “Un lockdown est une arme très lourde utilisée, par le passé, lorsque les soins de santé risquaient de s’effondrer. Cela se produit lorsque plus de 1.100 lits de soins intensifs sont occupés, ce qui est loin d’être le cas actuellement. En outre, un tel lockdown donnerait un coup de massue à la confiance envers les vaccins, qui s’effrite déjà dans une certaine mesure puisque la Belgique n’a pas retrouvé totalement sa liberté.”
Matthias De Caluwe, CEO d’Horeca Vlaanderen: “Il y a suffisamment de lignes de défense pour maintenir l’économie”
“Aux Pays-Bas, le compteur de CO2 n’est pas obligatoire dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration, mais il l’est chez nous. Et nous avons aussi le Covid Safe Ticket. À mon avis, ce sont des lignes de défense pour maintenir l’économie”, déclare Matthias De Caluwe, CEO d’Horeca Vlaanderen. “Il y a deux semaines, nous avons fait le ‘meilleur pire’ choix pour nos entrepreneurs avec le CST. Cette décision a été prise parce que les experts prédisaient à l’époque les chiffres d’aujourd’hui. La situation actuelle est donc conforme à ces prévisions. De nouvelles mesures ne sont pas une option pour nous”, estime M. De Caluwe.
Les mesures ‘du passé’ fonctionnent et c’est le moment de les reconsidérer
Margot Cloet, directrice déléguée de l’organisation de soins Zorgnet-Icuro
“Le secteur a déjà fait des efforts suffisants. Le CST est une façon de faire les choses comme nous le souhaitons. Continuons ainsi. Quand il y avait des resserrements, il y avait aussi des mesures de soutien, qui n’existent plus. Conclusion: la situation en Flandre est très différente de celle des Pays-Bas. Je ne suis pas d’accord pour apporter des modifications majeures aux mesures en vigueur. Et puis l’utilisation de la CST - je voudrais d’ailleurs qu’elle disparaisse le plus vite possible - se passe bien dans l’ensemble, donc regardons cette évolution.”
Cependant, plusieurs restaurants et bars ont déjà été contraints de fermer leurs portes en raison du manque de personnel causé par l’augmentation des infections. “Si le nombre d’infections augmente dans l’ensemble de la société, il est logique que cela se produise également dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration. Il est trop tôt pour tirer des conclusions générales”, conclut M. De Caluwe.
Margot Cloet, directrice déléguée de l’organisation de soins Zorgnet-Icuro: “Appuyer à nouveau sur le bouton pause pendant un certain temps me semble sage”
“La situation dans les hôpitaux se dégrade de jour en jour”, déclare Margot Cloet, directrice déléguée de l’organisation de soins Zorgnet-Icuro. “Le nombre de lits disponibles ne diminue pas seulement en raison de l’augmentation du nombre de patients du Covid, mais aussi en raison du manque de personnel. La pression est si élevée qu’un court confinement ne serait pas une mauvaise idée. Appuyer temporairement sur le bouton pause dans les endroits où les gens se rassemblent, je pense aux discothèques, aux bars, aux événements, ... me semble raisonnable. Nous savons que ces mesures ‘du passé’ fonctionnent et c’est le moment de les reconsidérer”, poursuit Mme Cloet.
“Nous devons absolument éviter que les hôpitaux aient à faire des choix entre le traitement d’un patient Covid ou d’un patient non-Covid. Nous en sommes à près de 20 morts par jour. C’est un nombre considérable. Et nous savons aussi que les recommandations - comme le télétravail - ne suffisent pas. Le soutien des gens a disparu, ce que je comprends, mais si nous n’intervenons pas, nous risquons de nous retrouver à nouveau dans le chaos et d’autres soins devront être reportés.”
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