La scène se déroule dimanche dernier, sur le coup de 17 heures. Un couple s'installe tranquillement au Marie Siska, l'un des endroits branchés de Knokke. Jusque-là, tout va bien. La situation s'emballe quand, après de longues minutes d'attente, personne ne vient servir les deux personnes.

"Une dame est arrivée à notre hauteur et a véritablement arraché le pot de sucre qui se trouvait sur notre table, sans rien nous demander. Mon compagnon et moi, ainsi que les gens autour de nous, étions un peu choqués par l'impolitesse de cette femme", dit la Bruxelloise à L'Avenir.

Finalement, la serveuse vient servir le coup, après avoir lancé un "Je vais arriver" pas très sympathique. Soit. C'est quand elle prend la commande que la situation dégénère.

"Vous êtes pauvres et je vous emm****"
"Quoi? Qu'est-ce qu'il y a encore? C'est pas possible avec vous - sous-entendu les francophones. Vous faites toujours des histoires", lâchait la serveuse. "De toute façon, vous ne savez pas comment on travaille dans votre pays", a alors enchaîné le propritaire des lieux. "Venez chez moi bande de chômeurs pendant un jour et vous verrez ce que c'est que de travailler. En plus regardez-vous, vous êtes mal habillés. Vous êtes pauvres. Je vous emm****."

Les noms d'oiseau fusent pendant 20 minutes. Il a même fallu l'intervention d'un serveur pour que le propriétaire du Marie Siska n'en vienne pas aux mains.

"On leur a juste demandé de partir"
Evidemment, le patron dément. "Ce qu'il s'est passé ce dimanche, c'est que ces deux clients ont été impolis envers ma femme qui venait pour les servir. En plein rush, ils ont fait un esclandre devant tout le monde en se plaignant ouvertement. On leur a juste demandé de partir mais on ne les a pas insultés comme ils le disent. Et je n'ai pas voulu les agresser physiquement non plus."

Il n'en fallait pas moins pour relancer le débat communautaire, déjà très délicat en cette période de crise gouvernementale. "J'ai l'impression que les Wallons et les Bruxellois ne sont plus les bienvenus à la mer", dit la femme du couple bruxellois. "Faux!", rétorque le gérant de l'établissement. "Si je ne voulais pas voir de francophones chez moi, je ne me serais pas donné la peine de proposer des cartes bilingues."

Julien Collignon