Rongé par la solitude depuis le début de la pandémie, René cherche un peu de compagnie: “Je ne veux pas mourir seul”
Depuis un peu plus d’un an, René Paps, 72 ans, vit seul dans sa grande maison de Grâce-Hollogne. À cause de la pandémie, ses habitudes ont été chamboulées et il ne voit plus personne. Si lorsque nous l’avons rencontré, le vieil homme semblait joyeux, en lui demeure une profonde tristesse. “L’air ne fait pas la chanson”, a tenu à nous rappeler ce mélomane. Pour déjouer la solitude, René cherche un peu de compagnie.
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La solitude est un véritable problème pour René, qui aime la compagnie des autres et partager ses passions: la musique, notamment. Lui qui avait l’habitude d’aller à la brasserie du coin pour manger un bout, prendre un verre et sociabiliser, est à présent contraint de rester chez lui à cause du coronavirus. Seul dans sa grande maison, que cet ancien menuisier a retapée tout seul, il s’ennuie profondément.
Sa famille, il ne la voit plus. Sa femme, atteinte d’Alzeihmer, l’a quitté il y a un peu plus d’un an. Elle est partie habiter juste en face de chez lui, mais ils n’ont plus de contact. “Lorsque nous étions encore ensemble, avec l’héritage de sa mère, nous avons acheté cette maison dans le but de la louer. J’en ai fait un véritable palace”, nous explique-t-il, fier de lui. “Quand ma femme a décidé de divorcer sans m’en parler, après 51 ans de mariage, elle a foutu la locataire à la porte et s’est installée dans la maison à sa place.”
Elle me manque énormément. (...) Elle va bientôt avoir 18 ans. Elle sera alors majeure et, enfin, je pourrai la revoir.
Son fils unique non plus, il ne le voit plus, et ce, suite à une dispute à un repas de famille. C’était il y a trois ou quatre ans. “Quand elle avait un an, je m’occupais beaucoup de ma petite-fille Alexia. On avait une vraie complicité. Quand elle a grandi, j’ai commencé à lui faire faire des tours de tracteur-tondeuse, on faisait aussi beaucoup la cuisine ensemble. J’adorais ces moments passés avec elle”, se souvient René, ému. “Mais voilà, je ne l’ai plus vue et ne lui ai plus parlé depuis longtemps. Elle me manque énormément. Je lui manque aussi, à ce qu’on m’a dit. Elle va bientôt avoir 18 ans. Elle sera alors majeure et, enfin, je pourrai la revoir”, se réjouit-il. “J’ai aussi une autre petite-fille que je n’ai jamais vue...”
Assis dans sa cuisine, René retrace le fil de sa vie. Une vie de labeur, mais un métier de menuisier qui lui plaisait beaucoup. À cause de son travail, il a raté certains événements, notamment des vacances en famille qu’il avait offertes à sa femme et son fils, mais auxquelles il n’a pu participer: “Pendant qu’eux s’amusaient et profitaient, je travaillais dans mon atelier jusqu’à 22 ou 23h. Mais ce n’était pas grave, tant qu’ils étaient heureux”. Peut-être regrette-t-il à présent, de ne pas avoir pu profiter plus de ses proches.
Besoin de compagnie
“La solitude me tue, mentalement et physiquement. Ce n’est plus tenable”, explique René. Il s’ennuie profondément. Lorsqu’on lui demande s’il n’aimerait pas se promener et prendre l’air, il nous rétorque aussitôt: “J’ai des problèmes de genoux, de hanche et de cœur. Je me déplace donc assez difficilement. En plus, me promener, pour quoi faire? Tout est fermé. Pour regarder les oiseaux? Si je suis tout seul, autant le faire depuis mon jardin...“ Ce n’est pas qu’il ne veut pas, qu’il n’y trouve aucun intérêt. C’est juste qu’il aimerait quelqu’un pour l’accompagner.
Moi, tout ce que je veux, c’est avoir quelqu'un à mes côtés lorsque dans quatre, cinq ou six mois, peut-être, je quitterai cette terre... Je ne veux pas mourir seul.
Pour trouver de la compagnie, féminine ou masculine, ce mélomane de 72 ans s’est inscrit sur une application de rencontre. Ça n’a hélas pas porté ses fruits. “Il y avait beaucoup trop de personnes intéressées par l’argent...”, regrette-t-il.
René reçoit tout de même de la visite. Leila vient le voir une fois par semaine pour s’assurer que tout va bien d’un point de vue mental. Et son aide ménagère vient faire le ménage un jour toutes les deux semaines. Des visites qui lui font le plus grand bien, mais qui ne sont pas suffisantes. C’est pourquoi René lance un appel à l’aide: “Je cherche une personne honnête et sérieuse. Ce n’est pas une question de sexe, j’ai juste besoin de compagnie.”
Petite annonce
Pour l’aider dans sa recherche, l’un de ses aides a publié une annonce sur Facebook. “Des personnes se sont montrées intéressées, notamment un jeune homme qui veut apprendre la musique. Ça me ferait énormément de plaisir de transmettre ce savoir”, s’enthousiasme René, qui joue de la guitare depuis qu’il a 12 ans, et qui, tel un enfant content de raconter ce qu’il a appris à l’école, nous montre ces nombreux cahiers d’accords.
“Moi, tout ce que je veux, c’est avoir quelqu’un à mes côtés lorsque dans quatre, cinq ou six mois, peut-être, je quitterai cette terre... Je ne veux pas mourir seul”, nous lance René, les larmes aux yeux, sur le pas de la porte.
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