Rouvrir les magasins, ou pas: la Belgique sera-t-elle une île en Europe?
Si le gouvernement décide vendredi de garder les magasins non-essentiels fermés, la Belgique deviendra un genre d’île en Europe. Dans tous les autres pays en effet, ces commerces peuvent ou pourront rapidement rouvrir leurs portes. “Il faut le faire chez nous aussi, mais à condition de disperser au maximum les clients”. Le shopping sur rendez-vous est-il la solution?
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Emmanuel Macron devrait annoncer aujourd'hui la réouverture des commerces dits “non essentiels”. Cela fera de la Belgique le dernier pays où ils sont encore à volets baissés. Les différentes fédérations belges du secteur appellent évidemment à un alignement et au même assouplissement chez nous.
Des achats, pas du lèche-vitrines
“Nous voulons rouvrir le plus vite possible. Si nous devons encore attendre jusqu’au 14 décembre, ça va provoquer une énorme concentration de personnes aux mêmes endroits”, prévient Isolde Delanghe, de Mode Nie. Elle souhaite, tout comme Comeos, tout miser sur le shopping “privé”, les clients devant alors prendre rendez-vous en ligne ou par téléphone afin de se rendre en toute sécurité dans un magasin qui ne sera pas bondé.
Les fédérations de secteurs et les virologues sont d’accord sur un point: rien ne prouve que les boutiques en soi soient un foyer de contaminations. Ce qui est par contre bel et bien dangereux, ce sont les artères commerçantes noires de monde, comme on l’a vu à la veille du second confinement. Conclusion: les magasins devraient pouvoir rouvrir, à condition d’éviter que les gens ne s’agglutinent pour faire du lèche-vitrines. “Avec la fermeture de l’horeca, s’il fait plus froid, les gens ne traîneront pas trop longtemps dans la ville”, estime Dominique Michel, CEO de Comeos. Le shopping redeviendrait donc une activité rationnelle dédiée à faire des achats et non à se balader sans but dans les boutiques.
Une cuisine, ça ne s’achète pas en ligne. Il faudra faire en sorte de répartir les clients et de leur donner le temps de faire leurs achats
Les deux fédérations en ont bien conscience: il faut à tout prix éviter de créer des mouvements de foule, et on ne pourra pas tout rouvrir en même temps, du moins pas sans s’organiser. “On aurait pu instaurer le shopping sur rendez-vous bien plus tôt”, regrette Dominique Michel. “Il suffit d’appeler le magasin et de convenir d'un moment où passer. Il y a des achats pour lesquels on est obligé de se rendre sur place. Une cuisine, ça ne s’achète pas en ligne. Il suffit de bien répartir les clients et d’octroyer aux gens assez de temps pour leurs emplettes”.
“On peut rentrer payer une pizza à emporter, mais pas une commande dans un magasin”
Le CEO de Comeos plaide aussi pour un nouveau système de retrait en boutique pour les commandes en ligne. “Actuellement, vous êtes obligés de rester à l’extérieur pour le paiement. Qu’il vente ou qu’il pleuve. Cela n’a pas de sens. Si vous commandez une pizza, vous pouvez rentrer dans le restaurant pour la prendre, payer et partir. Pourquoi pas lorsque vous devez vous acheter un rasoir? Beaucoup de commerçants ne savent pas installer le terminal de paiement sur le trottoir”, pointe-t-il.
Attendre jusqu’au 14 décembre, c’est laisser une semaine et demie aux gens pour leurs courses de Noël
Un système de réservation de séance de shopping, comme pour les restaurants, pourrait canaliser les clients, estime Isolde Delanghe. “Ils pourraient même choisir par quel vendeur ils souhaitent être conseillés. Nous devons tout faire pour éviter un afflux trop massif. C’est pourquoi nous demandons la réouverture la plus rapide possible. Si on attend encore jusqu’au 14 décembre, comme prévu initialement, les gens n’auront plus qu'une semaine et demie pour leurs courses de Noël. Alors oui, on fera moins de fêtes de famille cette année, mais en cette période, les gens voudront peut-être justement témoigner davantage aux gens qu'ils comptent pour eux en leur offrant quelque chose. Et si on attend encore plus longtemps, par exemple jusqu’au 2 janvier, alors les soldes commenceront et la foule sera encore plus grande. J’entends les virologues dire chaque semaine que les magasins ne sont pas des foyers d'infection”, rappelle-t-elle.
Ne pas attirer les clients
“C’est juste, ils ne constituent pas un foyer”, concède le biostatisticien Geert Molenberghs, des universités d’Hasselt et de Louvain. “Mais lorsque les magasins ont rouvert en mai, la circulation du virus était bien plus faible qu’actuellement. Il faisait beau, les portes des magasins restaient ouvertes. C’était une situation toute différente de celle qu’on connaît maintenant. Nous devons faire attention, ce n’est pas parce qu’un autre pays assouplit les mesures que nous devons le suivre. Sur la durée, chaque effort de prudence sera balancé par-dessus bord. Nous en sommes toujours à 4.000 nouveaux cas par jour, c’est quand même davantage qu’en mai et il vaudrait mieux que la baisse des contaminations s’accélère d’abord. Parfois, il est préférable d’attendre un peu plus, et ainsi pouvoir être sûr de rester ouverts à plus long terme”.
Peut-être faut-il revoir la flexibilité des heures d'ouverture, voire ouvrir le dimanche. Tant qu’il n'y a pas de foule dans les rues...
Mais le professeur n’est pas non plus farouchement opposé à une réouverture des commerces “non essentiels”. “Seulement si cela se fait prudemment sur rendez-vous et que l’on n’organise certainement pas de grosse action commerciale qui engendrerait un afflux de clients dans des rues bondées comme on l’a vu début novembre. Je vois des possibilités, par exemple un système où vous choisiriez, seul avec le commerçant, une armoire ou un pantalon dans sa boutique. Peut-être que les heures d'ouverture peuvent elles aussi être plus flexibles, et éventuellement étendues au dimanche afin de permettre une meilleure répartition des clients”.
Timing
Le virologue Marc Van Ranst, de l’université de Louvain, ne veut pas s’exprimer uniquement sur l’éventualité du shopping sur rendez-vous. “Tout est question de timing: quand rouvrir les magasins? Je comprends que le secteur pousse pour pouvoir rouvrir, et c’est son bon droit. Et cela finira par arriver. Mais est-ce le bon moment? Nous faisons toujours face à des chiffres très élevés”, s’inquiète-t-il.
David Clarinval, le ministre des Indépendants (MR), le disait pourtant hier: il demandera à ce que la réouverture des commerces, mais aussi de l’horeca, soit à l’ordre du jour du comité de concertation de vendredi. “En vue du 27 novembre, je plaiderai pour que la réouverture des commerces et de l’Horeca soit sérieusement envisagée. Si une réouverture pure et simple ne peut s’envisager à court terme, je proposerai des assouplissements aux mesures actuelles”, a-t-il expliqué.
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