Sadia était "un rayon de soleil"

Au cinquième jour du procès des quatre membres de la famille Sheikh, jugés par la cour d'assises du Hainaut pour assassinat avec la circonstance aggravante de crime d'honneur et tentative de mariage forcé, les enquêteurs sont venus retracer la biographie des accusés et de Sadia, abattue par son frère Mudusar le 22 octobre 2007 à Lodelinsart (Charleroi).
 
"Un petit rayon de soleil". Ce sont les termes utilisés par les proches de Sadia pour la décrire. Sadia est née le 12 février 1987. Elle a toujours vécu en Belgique et n'est allée que quelques fois au Pakistan. Intelligente, volontaire, elle avait le projet de devenir avocate dans le droit international et dans la défense des femmes.
 
"Petite poupée de son papa", elle entretenait une relation privilégiée avec son père et était très complice de son frère Mudusar, à qui elle se confiait. Mudusar est unanimement dépeint comme possédant toutes les qualités: serviable, respectueux, calme, volontaire. Il ressort du dossier que la relation entre lui et Sadia était fusionnelle.
 
Dans les traits de caractère de Mudusar, on remarque qu'il est très attaché aux valeurs traditionnelles, l'image de la famille étant particulièrement importante pour lui. En tant qu'unique fils de la fratrie, l'accusé se sentait investi d'un rôle protecteur envers ses soeurs et sa mère.
 
Si Mudusar est décrit comme le fils et le frère parfait, il semblerait que Sariya ait, quant à elle, endossé le rôle de la jeune fille rebelle dans la famille Sheikh. Têtue, agressive, arrogante, irrespectueuse, son père dit ne pas vraiment voir de qualités chez sa fille. Sadia et elle n'étaient pas en bons termes. Sariya épiait sa soeur et dénonçait ses faits et gestes à leurs parents.
 
Chez Parveen, la mère, il ressort une volonté de transmettre les valeurs pakistanaises. A la maison familiale, c'est un enseignement traditionnel qui est dispensé. Les enfants suivent des cours avec un professeur qui se charge de leur enseigner le Coran et la langue arabe. Mariée par arrangement en 1973 à Tariq, le pouvoir décisionnel de Parveen est limité, voire inexistant. Au courant des infidélités de son mari, elle dit que ce sont les enfants qui en ont souffert le plus.
 
Tariq, le père, est né au Pakistan en 1949. Il s'est installé en Belgique en 1973 et n'a jamais cessé de travailler depuis lors. De par sa volonté et son travail acharné, il a acquis plusieurs terrains, commerces et maisons, tant en Belgique qu'au Pakistan. L'avenir de ses enfants était le moteur de sa vie, mais ceux-ci lui reprochent, à l'inverse de leur mère qu'ils qualifient "d'océan de compréhension", son manque d'ouverture d'esprit, et sa froideur.
 
Les débats ont été suspendus en milieu de journée. Ils reprendront lundi matin avec les interventions des experts psychiatres et psychologues. (belga/mb)