Sadia: la notion de crime d'honneur longuement abordée

La jeune femme pakistanaise a été abattue par son frère Mudusar, le 22 octobre 2007 au domicile familial, à Lodelinsart (Charleroi).

Simon Peterman, docteur en sciences politiques, est revenu sur le concept des mariages arrangés en expliquant qu'il ne s'agissait pas de notions émanant du Coran, mais issues de traditions archaïques.

"Le mariage arrangé est un moyen de contrôler la sexualité et l'autonomie des femmes au Pakistan", a expliqué l'expert, en soulignant que la femme qui refusait de conformer sa conduite à sa culture d'origine et s'y soustrayait, entrainait un déshonneur grave de la famille et s'exposait à des représailles. "Les pressions sociales, psychologiques, affectives et familiales conduisent les hommes à enlever, séquestrer et tuer la femme qui refuse de se plier et qui les déshonore. Il s'agit de meurtres approuvés par l'opinion puisque commis dans le respect de la tradition", a précisé l'expert, en ajoutant que pour Mudusar, étant fils unique, et le père restant en retrait, il lui incombait de rétablir l'honneur familial.

Après que la notion de crime d'honneur a été longuement débattue lundi matin, Mudusar Sheikh est intervenu pour préciser que la notion d'intégration était selon lui, toute relative, les Pakistanais étant différents par leur couleur de peau mais également par leur nom.

"Il s'agit plutôt d'assimilation. Mes parents parlent français, nous fêtons Noël. Mes soeurs sortent, ont un permis de conduire, font des transactions financières, etc. On a toujours essayé de concilier les deux cultures. Même si ce n'est pas facile. Au Pakistan, il est inconcevable qu'une femme parle à un homme. Ici, maman travaillait dans les commerces de mon père."

L'accusé a ajouté qu'après avoir longuement réfléchi et analysé les débats, il estimait qu'il ne s'agissait pas d'une crime d'honneur, mais de déshonneur. "J'ai jeté à l'eau tous les principes d'éducation de mes parents. L'honneur, ce n'est pas salir sa famille", a-t-il conclu.

Les psychologues et experts psychiatres, qui devaient initialement être entendus lundi matin, viendront faire part de leurs conclusions lundi après-midi. (belga)