Sammy Mahdi: “Si vous régularisez 2.000 grévistes de la faim, demain 20.000 autres feront de même”

Le 23 mai, 400 demandeurs d’asile ont entamé une grève de la faim au sein de l’église du Béguinage et sur les campus de l’ULB et de la VUB à Bruxelles, où ils ont trouvé refuge. Après plus d’un mois, leur situation sanitaire s’aggrave. Un nombre croissant d’acteurs politiques et associatifs appelle à la clémence des autorités pour éviter une issue dramatique. 

Ce week-end, deux sans-papiers se sont cousus les lèvres, un homme a tenté pour la deuxième fois d’avaler une lame de rasoir et un autre a ingurgité des piles et un briquet. Malgré tout, Sammy Mahdi, secrétaire d’État à l’Asile et la Migration n’a pas l’intention de céder. Il l’a répété sur le plateau de l’émission “Terzake”, ce mardi soir: les grévistes de la faim ne seront pas régularisés. “S’il y a, comme on le dit, 150.000 personnes en séjour illégal en Belgique et que 200 d’entre elles décident d’entamer une grève de la faim pour obtenir une régularisation, une semaine plus tard 200, 2.000 voire 20.000 autres feront de même. Ce n’est pas comme ça qu’il faut s’y prendre”, a-t-il martelé, relayé par la VRT. 

“Je me lève et je me couche en pensant à ces gens qui mettent leur vie en danger. Mais ceux qui continuent à encourager ces grévistes de la faim et qui leur font croire que cette action peut déboucher sur une régularisation jouent avec le feu”, confie-t-il à HLN.be. Il demeurera inflexible sur ce point: “La grève de la faim n’entraînera aucune régularisation. L’accord de coalition est très clair: il n’y aura plus de régularisations collectives”, rappelle-t-il. “Les règles s’appliquent toujours et je ne vais pas tout à coup changer de politique parce que les gens décident d’arrêter de manger. 

Ce dimanche, Sammy Mahdi avait déjà souligné que la plupart de ces demandeurs d’asile avaient déjà reçu l’ordre de quitter le territoire et que leur action ne leur donnerait, dès lors, pas accès à un droit de séjour: “Les grévistes de la faim n’ont pas de droit de séjour. La plupart d’entre eux ont reçu un ordre de quitter le territoire il y a des années. Ils ne l’ont pas respecté, sont restés ici à travailler au noir pendant des années et réclament maintenant des papiers. Ce n’est pas parce que l’on ne respecte pas les règles pendant 5, 10 ou 20 ans qu’automatiquement on reçoit un droit de séjour. Sinon, on peut supprimer toutes les procédures de séjour”, avait-il insisté. 

Pas question pour le secrétaire d’État à l’Asile et la Migration d’envisager une opération de régularisation collective comme en 2000 - sous le gouvernement Verhofstadt - et 2009 - sous les gouvernements Van Rompuy et Leterme. Elles “n’ont rien résolu, au contraire”, a-t-il répété. La régularisation est une exception aux règles existantes, a-t-il fait remarquer. 

Ecolo a réclamé samedi une solution “humaine” et “digne”. “La situation des sans-papiers grévistes de la faim ne peut nous laisser insensibles”, a indiqué le co-président des Verts francophones, Jean-Marc Nolllet, sur Twitter. “J’ai parfaitement conscience que l’accord du gouvernement ne prévoit pas de régularisation collective. Mais je sais aussi que le secrétaire d’Etat a la marge de manoeuvre pour trouver des solutions humaines”, a-t-il ajouté. 

Mahdi inflexible face aux grévistes de la faim: “Ce n’est pas parce que l’on ne respecte pas les règles pendant 5, 10 ou 20 ans qu’on reçoit un droit de séjour”

Deux sans-papiers se cousent les lèvres à Bruxelles