Sauvetage à Tournai d’un mulet abandonné depuis dix ans: “Son supplice est inconcevable”

Mardi, l’association Animaux en Péril a été appelée en extrême urgence pour sauver un mulet abandonné depuis dix ans dans une prairie de Beclers, près de Tournai. Selon les soigneurs sur place, l’animal était dans un état déplorable et se déplaçait sur des membres déformés et luxés à force d’années de négligences. “C’est la première fois que j’interviens sur une saisie où l’état de l’animal est indescriptible. Son supplice est inconcevable et il est comme ça depuis des années. C’est émotionnellement très dur à supporter”, souligne la vice-présidente de l’association, Sophie Locatelli.

Lors du sauvetage, l’animal était méfiant et paniqué, ce qui a forcé l’équipe de soigneurs et de bénévoles à redoubler de vigilance. “De toute évidence, le mulet n’a jamais bénéficié d’attention ou de contact humain. Malgré ses gros problèmes de locomotion, le petit étalon était très effrayé à l’approche des intervenants et s’est révélé être agressif”, indique Animaux en Péril.

À son arrivée au refuge de l’association, à Meslin-l’Evêque, l’équidé d’une vingtaine d’années a immédiatement été placé dans un box entièrement capitonné de l’unité de soins et de quarantaine. Le vétérinaire de l’association, spécialisé en médecine équine, est très pessimiste quant à l’avenir du mulet. Les radios montrent, en effet, des déformations extrêmes et des calcifications des articulations à cause de l’arthrose. Le diagnostic pousse le vétérinaire à envisager l’euthanasie.

“C’est la première fois que je suis confronté à un cas aussi grave. L’origine de tout cela est évidemment liée à un non-entretien des sabots et à l’absence totale de soins probablement cumulés à un traumatisme accidentel qui a accentué les multiples problèmes”, indique le vétérinaire Pierre Van Boxstael.

S’il paraît peu envisageable d’apporter une correction chirurgicale aux jambes du mulet, les radios ont tout de même été envoyées à deux cliniques vétérinaires spécialisées afin d’obtenir d’autres avis.

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Cette affaire n’est pas sans rappeler celle de Poly, un poney qui avait été saisi à son propriétaire en mars 2017, à Antoing. Lui aussi avait vécu durant une dizaine d’années dans un état déplorable, à l’ombre des regards, avant d’être sauvé par Animaux en Péril. L’histoire de Poly avait défrayé la chronique jusqu’à l’international. “Deux similarités avec l’affaire du petit poney conduisent à la comparer avec l’intervention du jour: l’état de l’animal n’a jamais été signalé avant une dizaine d’années, car la prairie était cachée de la voie publique, et c’est un membre de la famille qui a fini par alerter les autorités”, indique l’ASBL.

Dans le cas de Poly, le parquet de Tournai avait classé l’affaire sans suite et simplement sermonné son propriétaire. En février 2020, l’association avait introduit une citation directe, dans l’espoir que le propriétaire du shetland réponde de ses actes devant la justice, mais le tribunal correctionnel de Tournai avait jugé cette citation irrecevable. L’affaire est ensuite devenue politique, lorsqu’en mars dernier, la députée Sophie Rohonyi (Défi) a déposé une proposition de loi qui autoriserait les associations de protection animale telle qu’Animaux en Péril à introduire une citation directe, ce qui n’est normalement autorisé que si la personne morale a subi personnellement des dommages.

L’association espère ne pas devoir “revivre le mépris scandaleux de la justice dans l’affaire Poly, et que cette fois, la plainte sera traitée avec tout le sérieux qu’elle mérite”.

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