Sauvetage in extremis à Angleur: “Ils ont risqué leur vie pour sauver celle de mon mari”

Majo Gerard se souvient très bien du mercredi 14 juillet. Elle et une amie profitaient d’une journée de détente aux Thermes de Chaudfontaine lorsqu’elles ont vu l’eau monter inexorablement. “La Vesdre ayant débordé, il nous était tout simplement impossible de quitter Chaudfontaine. Nous avons donc loué une chambre d’hôtel”, raconte-t-elle.

Aussitôt à l’abri, elle a appelé son mari pour le prévenir et le rassurer, lequel lui a appris qu’Angleur n’était pas touché. L’histoire, nous la connaissons: ce n’était qu’un moment de sursis.

Le soir venu, Majo a reçu un appel de sa voisine qui était venue, quelques minutes plus tôt, s’assurer que tout allait bien chez elle. “Elle s’inquiétait, car personne n’avait répondu. En fait, mon mari entend très mal. De plus, il a été opéré d’un double pontage coronarien l’année dernière et il est sous respirateur. Il n’a pas eu conscience que l’on avait frappé à la porte”, explique la septuagénaire. Elle a appelé son mari, qui lui a alors appris que l’eau était monté à près d’1,50 mètre au rez-de-chaussée et qu’il n’y avait plus d’électricité. “Il avait donc du mal à respirer, puisque son appareil d’aide respiratoire n’était plus alimenté. Il pleurait, il voulait sauver les meubles. Je lui ai dit que le plus important, c’était qu’il se mette à l’abri”, ajoute-t-elle.

Tout comme elle, à Chaudfontaine, son mari était bloqué chez lui, à Angleur. L’inquiétude montait de plus en plus des deux côtés. Mais soudain, un groupe de jeunes est venu secourir les personnes coincées aux Thermes avec des échelles et des cordes. “On s’est enfui par les bois et des taxis étaient prêts à nous ramener chez nous. Moi, forcément, je ne pouvais pas. Je suis donc allée chez mon amie à Embourg. J’étais en contact permanent avec mon mari et je lui ai conseillé d’accrocher un drap blanc à la fenêtre”, se souvient Majo.

Une initiative qui a payé, puisque trois jeunes hommes qu’elle ne connait pas, armés d’une barque qui prenait l’eau et d’une échelle, ont sauvé le mari de Majo et l’ont amené jusqu’au pont de Fragnée avec son respirateur où il a finalement été pris en charge et mis en sécurité. “Ils ont risqué leur vie pour sauver mon mari. Sans eux, qui sait s'il aurait survécu. Jamais je n’aurai les mots pour les remercier comme il se doit”, s’émeut-elle.

Elle tient aussi à remercier les personnes qui l’ont sauvée, ainsi que la Protection civile “qui a fait un travail extraordinaire”. Mais pas seulement. Depuis la décrue, de nombreux bénévoles venus des quatre coins de la Belgique viennent prêter main forte aux sinistrés. “Ils devraient recevoir une médaille pour leurs efforts et leur incroyable esprit de solidarité”, commente Majo.

La maison de Majo et de son mari est située entre la Meuse, l’Ourthe et le canal de l’Ourthe. “En 1926, après les précédentes inondations qui ont durement touché la région liégeoise, des mesures avaient été prises, notamment avec la mise en place d’une écluse. Mais celle-ci est désertée depuis un moment déjà”, regrette l’Angleuroise. “Si les responsables n’avaient pas attendu, s’ils avaient lâché de l’eau à temps, nous n’aurions pas été inondés”, estime-t-elle.

Maintenant que Majo a retrouvé son mari, elle envisage l’avenir. Elle estime ne pas pouvoir rentre chez elle avant un an et envisage d’ailleurs de s’installer en maison de repos. “J’en ai marre et j’ai besoin de lâcher prise”, conclut la septuagénaire.

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