Seulement 2,5 journées d’école en 50 jours suite à des quarantaines en cascade
Les règles d’isolement et de quarantaine sont le sujet numéro 1 des parents excédés à la sortie des écoles... du moins s’ils ont encore la “chance” de s’y rendre actuellement. Car s’ils jouent de malchance, les enfants contaminés se retrouvent parfois deux semaines cloîtrés à la maison, voire davantage. Et ce même s’ils sont restés en pleine forme, ou sont parfaitement rétablis depuis plusieurs jours. Certains parents se reconnaîtront même dans le cas malheureusement pas isolé de Klaas Geussens, un père dont les enfants sont scolarisés à Saint-Trond. Suite à des quarantaines en cascade, ses deux fils n’ont eu que 2,5 journées d’école en 50 derniers jours. Une situation qui a des répercussions évidentes sur les enfants, mais aussi sur leurs parents.
Sven Ponsaerts
Ce lundi est le jour d’une rentrée particulière pour Viktor, 12 ans, et Mathieu, 10 ans. Comme beaucoup d’enfants de l’enseignement fondamental, ils retrouvent les bancs de l’école après une suite de quarantaines. Et s’ils ne veulent pas l’admettre ouvertement, leur père Klaas Geussens affirme qu’au fond, ses fils aspiraient secrètement à reprendre le rythme d’antan. Il faut dire que leur absence a pris des proportions hallucinantes: “Après des quasi grandes vacances dues à des quarantaines et leur isolement, leur retard d’apprentissage sera significatif, c’est inévitable”, déplore le père de 46 ans.
La cascade de quarantaines a débuté le 6 décembre dernier, pour cette famille qui habite en province de Liège et dont les enfants sont scolarisés à l’école primaire Klimop à Saint-Trond. Ils ne le savaient pas encore, mais saint Nicolas venait leur apporter un congé de 7 semaines... “Un copain de Viktor s’est révélé positif. Résultat, mes enfants se sont retrouvés en quarantaine car ils avaient eu des contacts à haut risque avec lui tant au patro qu’au club de foot. Leurs tests PCR se sont révélés négatifs, mais leurs classes respectives ont dû fermer dès le 8 décembre vu la flambée de contaminations. Cela a reporté leur retour en classe au jeudi 16 décembre, or sur décision du gouvernement, les écoles primaires fermaient leurs portes pour des vacances de Noël prolongées après le vendredi 17 décembre. Le lundi janvier, jour de la rentrée des classes tant attendue, ils sont tous les deux revenus malades à la maison. Tous les deux étaient infectés au Covid et ont dû être mis 7 jours en isolement. Sept jours plus tard, lundi 17, totalement guéris depuis plusieurs jours, ils auraient dû pouvoir reprendre enfin le chemin de l’école. Mais c’était sans compter sur l’appel de la direction de l’école à l’aube, afin de nous annoncer que la classe devait une nouvelle fois être mise en quarantaine car on dénombrait quatre nouvelles contaminations dans la classe de Viktor, soit le seuil d’infections pour la fermeture. L’après-midi même, on nous annonçait la même chose pour la classe de Mathieu. Rebelote: une nouvelle semaine d’enseignement à la maison, à faire ses devoirs -mais surtout à jouer aux jeux vidéos- en pyjama”, énumère le père.
Et il ne peut qu’espérer que l’expérience ne se poursuive pas au cours des semaines à venir. Car le mesure dite de “l’Emergency Brake” est toujours en vigueur pour freiner la circulation du virus dans les écoles du fondamental tant en Flandre qu’en Fédération Wallonie-Bruxelles. Dès 4 cas confirmés dans une classe, celle-ci doit être fermée et les enfants reçoivent des leçons et devoirs à faire à domicile. Cela induit actuellement une quarantaine obligatoire de cinq jours pour tous les élèves et leur professeur, même pour ceux qui sont vaccinés, sortent d'une période d’isolement ou sont juste rétablis du Covid. Sans compter l’éviction des activités extra-scolaires et la période de vigilance de 10 jours à observer après le dernier contact à haut risque. Intenable et illogique, déplorent de nombreux parents. “Qu'on adapte la règle pour les enfants qui ne sont pas malades”, s’indignent-ils, excédés que des enfants sans symptôme et qui n'ont parfois pas vu les camarades contaminés depuis une longue période, se voient malgré tout assignés à résidence. Être privés de vie sociale de la sorte pèse sur le bien-être de nombreux enfants. “Laissez-les aller à l’école, ils ont déjà raté tellement”, soupirent les parents. “Sur les 50 journées que mes fils ont dû passer à la maison, ces derniers ont en tout et pour tout été malades trois jours à peine”, résume Klaas Geussens.
Mon petit garçon de 8 ans a dû apprendre à rester seul à la maison depuis la pandémie. Le matin avant de partir, je le mets devant son ordinateur pour qu’il commence sa journée avec l’enseignement en distanciel.
Nathalie, mère célibataire
Démissionner
En plus d’entraîner un retard phénoménal sur la matière, surtout pour des enfants qui étaient déjà en décrochage ou qui rencontrent des difficultés d’apprentissage, cela engendre un marathon de stress et un puzzle irréalisable pour les parents qui travaillent. “Certainement en tant que mère célibataire, c’est l’enfer”, confie Nathalie Dewever à Het Laatste Nieuws. “De plus, je travaille dans le secteur des soins, et travailler à domicile n’est pas une option. Mon petit garçon de 8 ans a dû apprendre à rester seul à la maison depuis la pandémie. Le matin avant de partir, je le mets devant son ordinateur pour qu’il commence sa journée avec l’enseignement en distanciel. Mais après ça, il doit tirer son plan tout seul. Et ça me brise le cœur. Je me sens vraiment mal de devoir faire ça”.
Dès le dimanche, je commence à stresser
Sofie, mère de trois enfants
Sofie Dooms, une autre maman, renchérit: “J’ai trois jeunes enfants et je perds totalement espoir devant ces règles de quarantaine. Chaque dimanche, je commence déjà à angoisser car je me demande quel lot de surprises apportera la semaine qui arrive: il y a toujours bien l’un des enfants qui a le nez qui coule ou une petite toux, une classe qui doit soudain fermer ou une gardienne qui doit se mettre en quarantaine. C’est déjà un défi de travailler à temps plein avec des enfants et des grands-parents qui habitent loin, mais dans les conditions actuelles, c’est tout simplement invivable. Parfois, je me dis que je ferais mieux de démissionner, surtout quand je vois la tête de mon chef qui change quand je lui annonce une fois de plus que je vais travailler difficilement cette semaine parce que je dois à nouveau télétravailler avec un enfant à la maison”.
Plus aucune énergie
Klaas Geussens est de son côté séparé et a “la chance énorme” (sic) de travailler juste à côté de la maison. Il doit lui aussi laisser ses garçons se débrouiller seuls à la maison en journée, mais il a l’occasion de venir les rejoindre le midi pour leur donner à manger en vitesse et voir que tout va bien. “J’alterne avec du télétravail ici et là, pour qu'ils ne soient jamais seuls trop longtemps”. Il tempère malgré tout la facilité que constitue le travail à domicile. “Car lorsque vous télétravaillez, vous ne pouvez pas surveiller correctement la manière dont les enfants font leurs devoirs et étudient leurs leçons. Mes fils ont certes fait de leur mieux, mais chaque parent vous le confirmera actuellement: plus la quarantaine dure, plus il est difficile de motiver les jeunes à effectuer les tâches demandées par les instituteurs. Le fait que les enfants soient grandement livrés à eux-mêmes pour intégrer la matière pèse lourdement sur des écoliers de fin de primaire. J’ai aussi souvent l’impression que les enfants n’ont plus d’énergie, ne parlons même pas de ce qu’il leur reste de structure. Puis j’ai le sentiment qu'ils n’ont ni aide, ni perspective. Ces quarantaines signifient aussi qu’il n'y a plus ni football, ni mouvement de jeunesse pour se dépenser un peu”.
Dès que le pic d’Omicron aura été atteint, on pourra revoir les directives en matière de test et de quarantaine
Marc Van Ranst, virologue
Viktor et Mathieu sont donc face à leur professeur aujourd’hui, mais pour combien de temps? Klaas Geussens a déjà peur des jours à venir: “Il suffit de quatre enfants contaminés, et c’est reparti pour un tour”.
Les experts entendent le désespoir de certains parents. Le virologue Marc Van Ranst explique: “Cette politique stricte était nécessaire avec les variants précédents. Mais dès que le pic d’Omicron aura été atteint, on pourra revoir les directives en matière de testing et de quarantaine. Lorsque ce virus diminuera, nous ne testerons à nouveau plus que les personnes vraiment malades, avec symptômes, et nous devrons moins miser sur la quarantaine”, promet-il.
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