Sinistrée lors des inondations et bientôt sans logement, Laetitia lance un appel pour mettre ses quatre enfants à l’abri
Laetitia et sa famille font partie des nombreuses personnes qui ont tout perdu lors des inondations de juillet 2021. Fin février, elle devra quitter le logement insalubre qu’elle occupe depuis la catastrophe, et cherche donc un nouveau toit. Malheureusement, elle essuie constamment des refus. Six mois après les inondations qui ont impacté sa vie à jamais, démunie et fatiguée, la mère de famille lance un dernier appel à l’aide et à la solidarité pour mettre sa famille en sécurité.
Sarah Moran GarciaDernière mise à jour:25-01-22, 16:19
Après le décès de sa mère, Laetitia, son mari Laurent et leurs quatre enfants avaient quitté la Belgique pour aller vivre en France. Mais les choses se sont mal passées et, rapidement après leur départ, ils sont rentrés en Belgique. Pour la petite famille, cela a été le début d’une vertigineuse descente aux enfers.
Après plusieurs mésaventures, le 29 mai 2021, Laetitia, Laurent et leurs enfants trouvent refuge dans un foyer pour familles situé à Verviers. “Nous posons nos valises et nous voyons enfin une lueur d’espoir”, raconte la mère. Mais arrive alors la nuit du 14 au 15 juillet, l’une de celles dont la Belgique se souvient encore douloureusement. Un soir, tandis que la quasi-totalité de la famille dort à poings fermés, le fils de 13 ans vient réveiller Laetitia. “Il me dit qu’il fait tout mouillé dehors. Je pensais qu’il parlait de la route mouillée à cause de la pluie qui tombait, mais lorsque j’ai ouvert la tenture, j’ai vu pas mal d’eau se diriger vers la fenêtre. Je suis allée sur le pas de la porte et là, l’eau a commencé à rentrer chez moi”, se souvient la mère de famille, qui s’est alors précipitée vers ses enfants et son mari pour les réveiller et les emmener.
J’ai continué d’avancer à contre-courant, bébés dans les bras, tout en m’agrippant aux meubles encore en place.
Laetitia
Une course contre la montre débute alors. Les plus âgés des enfants fuient l’appartement, tandis que Laetitia court dans l’appartement, bébés dans les bras, évitant les meubles qui tombent les uns après les autres et les effets personnels de la famille qui flottent à la surface de l’eau. “Laurent essayait de mettre ce qu’il pouvait en hauteur, pendant que j’essayais de rejoindre, tant bien que mal, la porte d’entrée. Mais le courant nous repoussait, car j’avais oublié de refermer la porte”, raconte Laetitia. “J’ai continué d’avancer à contre-courant, bébés dans les bras, tout en m’agrippant aux meubles encore en place.”
Parvenue dehors, où ses deux aînés l’attendaient, Laetitia voit l’un de ses voisins, accroché à la rambarde d’escalier. Il insiste pour que la mère de famille lui confie ses enfants. “J’avais peur qu’ils ne soient emportés par le courant”, admet-elle. “J’ai fini par céder. Mes enfants sont enfin en sécurité.” La petite famille est restée ainsi regroupée dans la cage d’escalier durant presque la journée entière. Au bout de plusieurs heures, le niveau de l’eau a commencé à baisser, le torrent s’est fait moins puissant. Laetitia est donc allée constater les dégâts dans son appartement, afin de voir ce qu’il est possible de sauver. “Mais là, c’est le coup de massue!”
Nous avons eu une chance d’être tombés sur des voisins qui sont devenus de vrais amis, qui ont été là quand ça n’allait pas, et qui, pour certains, le sont encore.
Laetitia
Même les objets mis en hauteur par Laurent se sont retrouvés sous eau. La famille de Laetitia, comme bon nombre de familles dans la région, a tout perdu dans ces inondations.
Logement temporaire
Le jour même, les éducateurs du centre ont commencé à déplacer les résidents dans des chambres d’urgence. “Grâce à cela, nous n’avons pas été à la rue, mes enfants avaient un toit”, commente la mère. Les conditions étaient toutefois précaires, car le bâtiment n’était pas alimenté en électricité ou en gaz, et il n’y avait pas d’eau courante. Très rapidement, pour la famille, la priorité a d’abord été de trouver des vêtements pour les enfants, qui portaient les mêmes sous-vêtements depuis deux jours, ensuite de la nourriture et tout le nécessaire pour (sur)vivre. “Nous avons eu une chance d’être tombés sur des voisins qui sont devenus de vrais amis, qui ont été là quand ça n’allait pas, et qui, pour certains, le sont encore”, tient à remercier Laetitia.
Après plusieurs semaines, elle et sa famille ont finalement pu regagner leur appartement sinistré. C’est là que le contre-coup s’est fait sentir, que la mère a senti la dépression pointer le bout de son nez en même temps que la fatigue. “Tout ceci nous a valu notre divorce, actuellement en cours”, indique Laetitia.
À l’heure actuelle, elle vit toujours dans l’appartement où sa vie a basculé. Il n’est pas chauffé et les moisissures sont de plus en plus présentes, notamment derrière les lits des enfants. Avec ces conditions difficiles, viennent les maladies: “Nous sommes assez souvent malades et pris de toux assez fortes...”
En six mois, j’ai perdu mon mari, tous mes biens et souvenirs d’une vie, mon logement, la paix que j’avais à peine retrouvée et, le plus important, la sécurité et la santé de mes petits amours.
Laetitia
La situation n’a que trop duré. Laetitia cherche donc un logement décent afin de vivre normalement avec ses enfants. Malheureusement, selon elle, elle essuie de nombreux refus, “sans que l’on me donne de raisons valables”. Elle multiplie les démarches, les demandes d’aides, notamment au CPAS, mais rien n’y fait. “Plus le temps passe, plus j’ai l’impression de me battre contre du vent. J’en arrive à un point où je n’ai plus la force, mais je le fais pour mes enfants qui, eux, n’ont rien demandé et méritent d’avoir une vie normale, la vie d’un enfant, la vie d’un ou d’une ado”, estime Laetitia.
Son bail dans le foyer pour famille qu’elle occupe arrivera à son terme à la fin du mois du février. Il y a donc urgence. Laetitia espère que son cri de désespoir fera écho, “car en six mois, j’ai perdu mon mari, tous mes biens et souvenirs d’une vie, mon logement, la paix que j’avais à peine retrouvée et, le plus important, la sécurité et la santé de mes petits amours”.
Pour aider Laetitia, il y a désormais une page Facebook: Envy Mainsters.
Les Petits Robins des Toits
Le 13 janvier dernier, six mois après les inondations, et alors que de nombreuses personnes cherchaient encore de l’aide sur les réseaux sociaux, François Dvorak et Anne Durieux ont décidé de créer le groupe “Les Petits Robins des Toits”.
“Après six mois d’une incroyable solidarité entre sinistrés et bénévoles, nous aurions espéré que beaucoup plus de personnes auraient retrouvé un logement décent”, indiquent-ils. “Si des familles sont relogées, beaucoup restent sans solution. Avec l’hiver, le froid et l’humidité trop de personnes sont toujours en danger, trop de familles vivent dans des endroits insalubres, voire dangereux.”
Avec ce groupe, les deux Liégeois espèrent attirer l’attention de citoyens, qui pourraient venir en aide à ces familles, mais aussi celle des autorités, en dénonçant des situations compliquées afin que leur soient apportées des solutions de relogements.
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