Sophie Rohonyi: “Le MR qui tacle les décisions du Codeco, c’est une attitude irresponsable”

Retour à la case départ. Pour “casser la troisième vague”, le Comité de concertation a opté pour un nouvel effort douloureux, mais limité dans le temps. Un lockdown de quatre semaines, effectif dès ce samedi 27 mars. Un choix inéluctable? 

“Je regrette qu’on ait perdu du temps. On est lancé dans une course contre-la-montre face aux variants avec une vaccination trop lente et on a laissé la possibilité au virus de se propager davantage parce que le Codeco de vendredi dernier n’a pas agi à la hauteur. Le fédéral a préféré repasser la patate chaude aux communautés pour durcir la vis autour des écoles”, entame Sophie Rohonyi qui dénonce également l’attitude du Mouvement Réformateur. 

“Je suis très déçue de la réaction du MR qui tire sur les décisions du Codeco alors que ce parti y participe depuis le début. C’est irresponsable. On sait que l’adhésion de la population aux mesures se réduit, que la lassitude est de plus en plus marquée. On ne peut pas demander aux citoyens de former une équipe de 11 millions, si même les partis au pouvoir ne sont pas capables de s’entendre entre eux. La communication du gouvernement est lamentable. Plutôt que critiquer les décisions, il faut pouvoir les justifier.” 

À cet égard, la députée fédérale déplore le manque d'études scientifiques disponibles. “Le MR les réclame, mais qu’a-t-il fait pour disposer de ces études? La question se pose également pour les autres partis au pouvoir. Le MR agite des trophées quand les coiffeurs rouvrent ou quand une date pour la reprise de l’horeca est avancée. Mais les libéraux ne sont pas capables d’obtenir des études pour préserver ces secteurs et concrétiser ces perspectives. Résultat? Des espoirs déçus.” 

Certains secteurs risquent-ils de subir une nouvelle déception à la fin du mois d'avril? Les commerces non-essentiels et les métiers de contact pourront-ils reprendre leurs activités en même temps alors que les autorités ont toujours plaidé pour un déconfinement progressif lors des 12 derniers mois? 

“Proposer une date aussi rapprochée, c’est un gros risque”, estime Sophie Rohonyi.  “Chaque secteur va se battre contre les autres pour défendre ses propres intérêts. Pour l’horeca, la perspective du 1er mai s’éloigne, c’est évident. Sauf si les chiffres épidémiologiques chutent considérablement et que ceux de la vaccination explosent, mais en l’espace d’un mois…” 

Elle assimile ce nouveau confinement à un “échec” pour le gouvernement De Croo. “Il y a un an, on ne disposait pas des outils utilisables désormais comme le testing, le tracing et la vaccination. Ils ne sont pas suffisamment exploités. Le gouvernement reste dans la même logique qu’en mars 2020, alors qu’on n’est plus du tout dans la même configuration. La réflexion, c’est  ‘On aura moins de contaminations parce que les gens vont rester chez eux trois ou quatre semaines.’ Mais lors du premier confinement, tout le monde avait les boules (sic) et le lockdown avait un aspect nouveau, inédit. À tous les égards, la situation est différente, mais le schéma choisi demeure identique. On ne tire pas les leçons du passé. On reste dans une stratégie de la peur. Je ne suis pas certaine de ses effets après un an de pandémie. La solidarité s’érode également.”

“L’adhésion aux nouvelles mesures risque d’être très difficile”, avance Sophie Rohonyi. “On durcit des mesures qui étaient déjà très strictes sur le plan individuel notamment au niveau des contacts sociaux. Il fallait arrêter avec cette bulle de 1. Le plan plein air, c’était une très bonne idée. Mais ici, on a réduit la bulle extérieure de dix à quatre personnes. Alors qu’ils étaient prêts à s’organiser pour se voir à l’extérieur, les gens risquent de se voir en nombre important à l’intérieur. C’est contre-productif.” 

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