Sophie Rohonyi: “Un pass vaccinal? C’est une obligation déguisée, ce serait hypocrite”

Le débat sur la vaccination approche, les opinions s'affirment. Si certains partis n’ont pas encore partagé d'avis tranché sur la question, DéFi exprime sa préférence pour une obligation réservée aux personnes âgées de plus de 50 ans. 

“À partir du moment où ce sont les plus vulnérables qui remplissent les hôpitaux, il faut concentrer les efforts sur cette frange de la population. Ce n’est pas nécessaire de cibler les enfants, s’il convient de protéger les grands-parents. Cette option tient également la route au niveau juridique. La Cour européenne des droits de l’Homme a conclu qu’à condition qu’elle soit proportionnée, elle était tout à fait défendable”, avance Sophie Rohonyi (DéFi), membre de la commission Santé.

“Au départ, on plaidait pour la vaccination obligatoire pour le personnel soignant. Mais le taux de vaccination stagne pour les deux premières doses et l'adhésion diminue pour le booster. De plus en plus de personnes doutent de l’efficacité de la vaccination. Ce constat cumulé à l’émergence de variants et au fait qu’à l’échelle mondiale, on est nulle part dans la vaccination... On se retrouve dans une position où on n’a plus le choix”, poursuit la députée fédérale.

“Notre position est claire, mais il faut encore trancher les questions les plus épineuses, comme les sanctions. À quoi pourraient-elles s'apparenter? Regardons notamment ce qui est d'application pour la polio, même si ce vaccin est entré dans les moeurs et concerne les enfants. Il faudra également être attentif à ce qui a été préconisé par les pays qui ont franchi le cap de la vaccination obligatoire.” 

Autre interrogation, la temporalité. “Si la vaccination obligatoire est votée, est-ce qu’on la maintient jusqu’à l’éradication du Covid-19 ou est-ce qu’on établit une liste de critères amenés à déterminer qu’à partir d'un certain moment, elle n’est plus nécessaire? Les questions pratiques, juridiques et éthiques sont nombreuses, on ne pouvait plus se référer uniquement à l’avis du commissaire Corona.”

Sophie Rohonyi se réjouit donc de l'ouverture d’un débat “ouvert et transparent sur une mesure sanitaire”. “C’est la première fois depuis le début de la pandémie. C’est un soulagement, mais aussi un constat d'échec de devoir étudier la question de la vaccination obligatoire. On aurait pu l’éviter si le gouvernement avait mis les bouchées doubles en termes de communication et de sensibilisation lors de la campagne.”

“C’est plus simple de débattre de la vaccination obligatoire et de dire clairement les choses plutôt que de flouer la population avec un pass vaccinal qui s’érige comme une obligation déguisée, ce serait hypocrite. Même d’un point de vue  sanitaire, c’est inefficace car cela peut engendrer un faux sentiment de sécurité et on ne peut raisonnablement pas écarter une personne qui présente un test PCR négatif. Ce serait aberrant. Il faut faire les choses de manière claire et honnête”, assure la Brabançonne. 

Autre dossier sanitaire brûlant, l’arrivée annoncée du baromètre. “Il émerge très tard. Il faut un outil souple qui tienne compte de l’avancée de la vaccination, par exemple. Certains pays ont été confrontés à certains problèmes à cause d’un format trop rigide. On attend également des autorités un vrai plan de ventilation. Il n’existe toujours pas de loi qui établit quel dispositif est adéquat, de quelle manière il convient de l’utiliser, avec quelles conséquences, etc.” 

“On avance toujours avec des décisions prises au cas par cas les différents secteurs. Il est nécessaire de dresser un cadre défini pour chacun d’entre eux. Il faut donner des perspectives et faire preuve de bon sens. 200 personnes acceptées peu importe la taille d’une salle, cela n'a aucun sens.” 

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