Taux de vaccination en berne à Molenbeek: “Pourquoi se faire injecter quelque chose dans le corps si on ne va pas tomber malade?”
Alors que le variant delta est en augmentation, dans l’un des quartiers les plus densément peuplés du pays, à Molenbeek, seuls 32% de la population ont été entièrement vaccinés. La situation est également critique dans d’autres municipalités bruxelloises. Les politiques n’excluent pas un durcissement des règles.
“Nous ne faisons pas confiance à ce vaccin. Il suffit de regarder ce post sur mon actualité Facebook: saviez-vous que ce garçon est mort après avoir reçu un vaccin? Vous voulez donc que je m’injecte ce truc dans mon corps ? Non, merci.” Sur les marches de l’hôtel de ville de Molenbeek, deux adolescentes sirotent un smoothie. Elles ne veulent pas que leurs noms apparaissent dans le journal, mais sur leur smartphone, elles montrent une photo de Maxime Beltra, un jeune français décédé en début de semaine d’une allergie alimentaire. Il est décédé peu après avoir reçu la deuxième dose du vaccin Pfizer. Une coïncidence malheureuse, mais ces filles n’ont clairement pas eu cette information. Qui plus est, le message erroné est partagé avec empressement dans toutes sortes de groupes Facebook et sur Snapchat, où il effraie les jeunes au sujet des vaccins.
Les conspirations anti-vax
Un peu plus loin sur la Chaussée de Gand, une rue commerçante très fréquentée, on entend un discours similaire: “Mes parents sont vaccinés, mais j’ai encore des doutes. Sur mes réseaux sociaux, je vois surtout des messages inquiétants de ‘médecins internationaux notoires’ qui déconseillent le vaccin. Qui dois-je croire: eux ou le gouvernement? Je ne sais pas ce que ce vaccin fera à mon corps”, s’interroge Samir, 36 ans.
Selon Elamrani, un commerçant âgé de 48 ans, la raison pour laquelle les conspirations anti-vaccins sont légion dans ces quartiers est le fossé d’information béant entre la population et le gouvernement: “Il faut oser nommer le problème. Il y a beaucoup de quartiers défavorisés ici, avec des gens sans éducation qui ont peu confiance dans le gouvernement. Ils ne s’informent pas dans les journaux ou les informations télévisées, mais sur les réseaux sociaux. On y voit beaucoup de rapports et de théories circulant sur le fait que le vaccin rend les gens malades.”
Donner le bon exemple
Une approche personnelle peut renverser la vapeur, rajoute Elamrani: “Les personnes en position d’autorité peuvent parler aux sceptiques du vaccin. Récemment, il y avait un poste de vaccination sur le marché où les gens pouvaient se faire vacciner sans rendez-vous. La bourgmestre (Catherine Moureaux, ndlr) était également présente. Elle a une bonne relation avec la population. L’approvisionnement en vaccins a donc été rapidement épuisé. Pourquoi ne le font-ils pas plus souvent? Les gens sont souvent prêts à se faire vacciner si une connaissance donne le bon exemple.”
Nous n'excluons pas un durcissement des règles. Nous devons d'abord en discuter au sein du gouvernement (bruxellois) et ensuite au sein du Comité de concertation.
Les agents de vaccination du quartier se heurtent également à l’accès difficile aux personnes vivant dans des conditions précaires. Par exemple, les personnes âgées ne peuvent pas forcément se rendre au centre de vaccination, explique le pharmacien Philippe Vaneste : “Elles ont du mal à marcher. Il faut vraiment sonner chez elles avec un vaccin à la main pour les atteindre.”
Les politiques bruxellois semblent nier la gravité de la situation en ne voulant pas intervenir à ce stade. “Nous n’excluons pas un durcissement des règles. Nous devons d’abord en discuter au sein du gouvernement (bruxellois) et ensuite au sein du Comité de concertation”, ont réagi le Ministre-Président bruxellois Rudi Vervoort (PS) et le ministre bruxellois de la Santé Alain Maron (Ecolo) par l’intermédiaire de leur porte-parole.
Comme Londres et Paris
Le directeur de l’hôpital UZ Brussel, Marc Noppen, souligne la difficulté de la tâche à laquelle sont confrontés les décideurs politiques: “La question est de savoir si vous pouvez faire plus en tant que gouvernement? On constate une faible couverture vaccinale dans toutes les grandes villes. Bruxelles a exactement les mêmes chiffres que Londres et Paris. Tous les facteurs inhibiteurs sont réunis ici: de nombreuses nationalités, de nombreuses langues, de nombreuses communautés fermées, etc. Il faudra plus de temps et d’efforts pour aller au cœur des quartiers. Il y a maintenant des vacci-bus et des comités de quartier en place, mais c’est un peu comme pendant la deuxième vague, certaines communautés sont totalement démunies d’informations.”
Selon lui, la solution inattendue réside dans les mères de ces communautés: “Dans un quartier, les informations circulent souvent via des groupes Whatsapp contrôlés par les mères. Les fausses nouvelles y circulent depuis longtemps. Mais ces canaux sont aussi l’occasion de diffuser des informations correctes. Nous étudions également l’idée d’organiser des campagnes de vaccination dans les écoles. Parce que si vous touchez les enfants, vous impliquez les mères et par conséquent toute la communauté.”
Moi aussi j’ai des doutes, car mes collègues de la crèche me disent qu’on peut devenir infertile à cause du vaccin. Mais je le ferais quand même s’il existait un pass sanitaire, comme en France. Je ne veux pas perdre ma liberté.
La liberté perdue
Outre les communautés fermées, la campagne de vaccination n’atteint pas suffisamment les jeunes à Bruxelles. Il existe des initiatives avec des vacci-bus placées à des endroits stratégiques, comme à la Place de Brouckère et à la Foire du Midi. Mais un animateur de jeunesse bruxellois - qui souhaite rester anonyme - émet des réserves quant à cette approche: “Vous atteindrez certains jeunes. Mais ne sous-estimez pas la méfiance de certains à l’égard de l’ordre établi. Le besoin semble également être faible si personne ne tombe malade alors qu’ils suivent peu de règles. Alors pourquoi se faire injecter quelque chose dans le corps si on ne risque pas de tomber malade de toute façon?”
Pendant ce temps, la Flandre élabore des plans pour de nouveaux assouplissements qui menacent de transformer Bruxelles en une île Covid. Si Bruxelles veut éviter cela, la ville doit se mettre au travail dès maintenant. Une mesure possible est l’introduction d’un pass sanitaire, qui fait l’objet d’un vif débat en France: une preuve de vaccination pour quiconque veut entrer dans un lieu. New York montre la voie. Là-bas, le passeport vaccinal a été introduit avec succès, indépendamment de ce que fait le reste du pays. En début de semaine, la responsable du service de prévention et de lutte contre les maladies transmissibles de la Cocom, Inge Neven, a déclaré qu’elle était favorable à cette idée.
Cette approche plus stricte peut-elle convaincre les habitants de Molenbeek? “Moi aussi j’ai des doutes, car mes collègues de la crèche me disent qu’on peut devenir infertile à cause du vaccin. Mais je le ferais quand même s’il existait un pass sanitaire, comme en France. Je ne veux pas perdre ma liberté”, dit Soumaya, une passante.
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