Tensions entre experts et politiques: “Challenger les scientifiques, c’est risqué”
Crispation. De plus en plus palpables au fil de la crise sanitaire, les tensions entre certains experts scientifiques et personnalités politiques se sont cristallisées davantage ces derniers jours. Symboles de ce duel mené sur les réseaux sociaux et dans les médias, Georges-Louis Bouchez et Marc Van Ranst. “Il y a une volonté de maintenir une certaine médiatisation de leurs actions”, avance Pascal Delwit, politologue à l’ULB. “Mais pour les politiques, s’en prendre aux scientifiques n’est pas sans risque. Ils peuvent rapidement être rattrapés par l’évolution de la pandémie et être contredits par les faits.”
Quel(s) intérêt(s) les politiques ont-ils à cibler publiquement certains experts?
Pascal Delwit: De part et d'autre, il y a sans doute une volonté réciproque de maintenir une certaine médiatisation de leurs actions. Georges-Louis Bouchez et Marc Van Ranst sont très présents dans les médias. On est dans une logique claire et établie avec des personnalités qui acceptent d’entrer dans une dynamique de polémique. Ce n’est pas un secret, Georges-Louis Bouchez est inscrit dans une stratégie d’occupation permanente du terrain.
Il convient également de pointer une dimension plus politique. On le sait, la tension est très forte au sein d’une partie des indépendants, notamment ceux qui officient dans les métiers de contacts ou dans l’horeca. Les libéraux essaient de répondre aux sollicitations et aux demandes sociales provenant de ces catégories qui votent proportionnellement davantage pour le MR.
Cette stratégie est-elle risquée?
Oui, à plusieurs égards. Ce choix d’être tout le temps au cœur des polémiques a le don d'agacer certains responsables politiques issus d'autres partis. A priori, cela ne confère pas un avantage en vue des prochaines discussions et des futures alliances.
L’autre risque, c’est d’être contredit par les faits. Je songe notamment à l’exemple de Noël fêté par Skype. Finalement on a quand même célébré les fêtes en petits comités. Cette volonté de challenger les experts les plus médiatisés, c’est risqué. Si les hôpitaux sont à nouveau submergés dans deux ou trois semaines, on risque d’imputer des choix politiques à ceux qui ont raillé les scientifiques.
Peut-on également y voir une contestation de l’attitude de Marc Van Ranst à titre personnel?
Oui, je le pense. Parmi les scientifiques qui conseillent le gouvernement, Marc Van Ranst est perçu comme le profil le plus dur. C’est également le plus extraverti sur les réseaux sociaux. Il a beaucoup d'avis sur beaucoup de choses. Il ne se contente pas de diffuser de l’information scientifique, il aiguille vers la norme qu’il convient d'adopter et estime qu’il convient de faire pression pour atteindre la décision souhaitée. Un schéma dans lequel s’inscrit également Emmanuel André.
Ecolo et le PS, les deux autres partenaires francophones de la Vivaldi, ont opté pour des postures différentes dans cette querelle politico-scientifique...
C’est exact. Ecolo, par l’entremise de sa coprésidente Rajae Maouane, a publiquement pris la défense des experts, il y a quelques jours et appelé ses confrères politiques à ne pas souffler sur les braises. Il y a une volonté de paraître sérieux dans la gestion de la crise. Les Verts souhaitent sans doute également placer une sorte d’effet miroir à l’encontre de Georges-Louis Bouchez et se positionner à l’opposé. Ils peuvent se le permettre, ils ne sont pas soumis à la même pression. Les catégories sociales qui soutiennent traditionnellement les Verts ne sont pas principalement issues du monde des indépendants, mais plutôt des professions libérales.
Le PS paraît un peu en retrait...
Chez les Socialistes aussi, on semble vouloir jouer sur un effet miroir à l’encontre du MR et de son président. On tente de donner l'image d’un parti d'action qui n’entre pas dans les polémiques et qui tente dans une relative discrétion d’imprimer sa marque au sein du gouvernement.
Frank Vandenbroucke est lui accusé d’apporter une trop grande importance à l’avis de certains experts, à raison?
On le savait en le nommant. Frank Vandenbroucke est carré, pas souple et a une idée de lui-même assez élevée. Il est psychorigide. À son crédit, celui du gouvernement et des entités fédérées, il faut souligner que la Belgique est passée du statut de mauvais élève en octobre à celui de bon élève aujourd'hui. Je pense que la dynamique de dialogue entre les experts et les représentants des différents gouvernements est plus subtile que ce que l’on imagine parfois.
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