Tony, victime de la saturation des hôpitaux: “Sans le corona, j’aurais encore deux jambes”
Les conséquences de la saturation des hôpitaux lors de la première vague ont été désastreuses pour Tony Peeters. Souffrant d'une blessure aux apparences bénigne à l’orteil, ce Bruxellois de 76 ans n’a pu être soigné suite au report des interventions non urgentes. Le résultat est dramatique: le vieil homme a dû être amputé de sa jambe gauche. “Sans le corona, j’aurais encore deux jambes", regrette-t-il aujourd’hui, sans pour autant blâmer qui que ce soit.
Si quelqu'un a payé le prix fort du report des interventions hospitalières non urgentes, c'est bien Tony Peeters, un ancien chef d’entreprise de 76 ans. “Je peux remercier la Covid”, dit-il en haussant les épaules. Le vieil homme regarde sa jambe gauche, qui s’arrête désormais à son genou. Tout a commencé au début de l’année dernière, alors que le virus commençait à se propager dans le monde, par une petite blessure à l’orteil.
“Comme je suis diabétique depuis des années, mon médecin de famille m’a orienté vers un chirurgien vasculaire de l’UZ Brussel pour éviter des complications”, explique M. Peeters. “Le chirurgien avait programmé une angiographie (une technique d’imagerie médicale portant sur les vaisseaux sanguins, NDLR) pour voir s'il y avait quelque chose d’anormal. Mais le pays est entré en confinement et les hôpitaux ont dû reporter les interventions considérées comme non urgentes. Et comme mon opération n’était pas urgente ou ne mettait pas ma vie en danger, elle a dû être reportée.”
Gavé d’antibiotiques, Tony ne ressentait plus la douleur et ne s’est plus inquiété de sa blessure, qui a fini par s’infecter. “Un jour, la peau de mon orteil est devenue blanche. Quelques jours plus tard, l’ongle était devenu aussi noir que la nuit. La douleur était horrible. Mentalement, je suis un homme fort, mais à certains moments, je pleurais de mal. On peut comparer la douleur à une rage de dents, mais au niveau du pied. Je n'arrivais même plus à dormir. Néanmoins, je n’aurais jamais cru que j’aurais pu perdre ma jambe, et je ne suis donc pas allé aux urgences. Il faut dire qu’à ce moment-là, on nous disait de rester chez nous et que les hôpitaux étaient saturés. Des infirmières venaient néanmoins à la maison pour s’occuper de mon orteil.”
Une terrible nouvelle
La situation s'est rapidement aggravée. “A la fin du mois d’avril, les cinq ongles de mes orteils étaient complètement noirs”, soupire M. Peeters. Il s'est finalement rendu à l’hôpital, où il a pu être admis. Malheureusement, l’infection avait progressé à un point tel que le chirurgien n’a eu d’autres choix que d’amputer ses orteils. Moins d’une semaine plus tard, Tony Peeters apprend la terrible nouvelle: il va falloir également lui amputer la jambe.
Le Bruxellois était littéralement sous le choc. “Je me suis dit que je n’aurai plus jamais la même liberté, que je ne pourrai plus jamais faire ce que je veux. Je me souviens que la nuit précédant mon opération, j’étais allongé sur mon lit d’hôpital, pleurant toutes les larmes de mon corps”, confie le septuagénaire.
L’un des pires exemples
Dimitri Aerden, le chirurgien vasculaire qui a opéré Tony Peeters, se souvient avec amertume de ce qui est arrivé à son patient. Un cas qu’il décrit comme “l’un des pires exemples” de la conséquence du report des soins dans les hôpitaux l'année dernière. “M. Peeters, comme de nombreuses personnes dans notre pays, n’a pas eu les mêmes soins que ceux qu’il aurait reçus sans le coronavirus”, soupire le chirurgien. Lors du premier confinement, notre pays, doté de l’un des meilleurs systèmes de soins de santé au monde, atteignait à peine le niveau d’un pays du tiers monde pour les malades qui n’avaient pas la Covid. Ce qui est frustrant pour moi, en tant que chirurgien, c’est que dans d’autres circonstances, j’aurais très probablement pu sauver sa jambe”, affirme le Dr Aerden.
Tony Peeters ne blâme personne pour ce qui lui est arrivé. “Lorsque le confinement a été décrété, personne n’aurait pu imaginer que mon état évoluerait de façon aussi dramatique. J’imagine que cela n’a pas dû être facile pour tous ces médecins et chirurgiens qui ne pouvaient aider leurs patients. Je n’en veux pas non plus aux politiciens. En tant qu’ancien chef d’entreprise, je sais combien il est difficile de prendre ses responsabilités et des décisions en situation de crise. D’autant plus lorsqu’il s’agit de prendre des décisions pour le bien de toute la population en cas de pandémie. Je pense qu’ils ont dû passer des nuits blanches à cause de ce qui est soudainement arrivé au monde entier.”
Optimisme
Le vieil homme ressent néanmoins de la colère. “J’ai dû renoncer à beaucoup de choses”, explique-t-il. “J’adorais bricoler, rafistoler des vieux meubles... J’ai vendu mon établi car même avec ma prothèse, je ne peux pas rester longtemps debout. Je ne peux plus marcher des heures en forêt, une activité que j’aimais beaucoup. Je peux également oublier l’idée de faire du vélo en montagne ou du kayak. Certaines tâches quotidiennes sont devenues difficiles à réaliser, comme charger et décharger les courses de la voiture par exemple. Toutefois, je n’ai pas l’intention de me faire placer une prothèse électronique. Cela coûte beaucoup d’argent...”
Malgré cela, Tony Peeters ne se laisse pas abattre. “Je suis un éternel optimiste. Quand vous tombez dans un trou, vous essayez d’en sortir, n'est-ce pas? Je dois apprendre à vivre avec, je ne peux rien y faire. J’essaie de me remonter le moral grâce aux choses que je peux encore faire: conduire ma voiture adaptée ou me déplacer en scooter électrique. Il y a vraiment des moments où je me dis : “En fait, on peut encore faire beaucoup de choses avec une seule jambe”, dit-il avec philosophie.
Par malchance, son problème de pied diabétique est réapparu sur sa jambe droite il y a trois semaines. Tony Peeters avait déjà dû être amputé de deux orteils de son pied droit il y a quelques années. “Lorsque j’ai vu que l’ongle d’un orteil devenait noir, je me suis immédiatement rendu à l’hôpital et j’ai pu être opéré sur-le-champ”, conclut M. Peeters, qui a depuis été autorisé à rentrer chez lui. “C’est la grande différence avec la situation du premier confinement. Le chirurgien a dû m’enlever l’orteil du milieu, je n’ai plus que mes deux petits orteils.”
Tony Peeters espère tout de même que sa jambe droite ne subira pas le même sort que l’autre. “Sinon, je finirai en fauteuil roulant et je ne peux pas supporter cette idée”, conclut-il.
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