Très gravement blessé au pied lors de ses vacances en Thaïlande, Julius n’a pas pu être opéré sur place

Julius est allongé dans le canapé. De son pied bandé, sort un tube qui draine le liquide de sa plaie. Sous les bandages, se cache une horrible blessure. “Quelle autre issue, lorsqu’une roue de camion d’un mètre de diamètre vous écrase le pied?”, lance-t-il. C’est ce qu’il s’est passé le 5 juillet dernier, à Koh Phangan, en Thaïlande. Les vacances de rêve du jeune homme de 29 ans se sont transformées en véritable cauchemar.

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“Je travaille en Australie depuis quatre ans. Je suis responsable des ventes pour une organisation de collecte de fonds”, explique le natif de Louvain. “Mais ma mère me manquait, alors, lorsque les mesures sanitaires se sont assouplies, j’ai voulu aller la voir.”

Avant d’arriver en Belgique, Julius et un ami ont fait une escale en Thaïlande. Sur place, ils ont loué une mobylette pour découvrir le pays par leurs propres moyens. Malheureusement, durant le séjour, le Louvaniste a été percuté par un camion qu’il n’avait pas vu, et qui lui a roulé sur le pied. “Un moment, tu profites de la vue et l’instant d’après, tu as le pied qui pend, tel un vulgaire morceau de viande”, raconte le jeune homme. “Tu es là, tu te plains de la douleur, mais les gens ne te comprennent pas. Tu attends une ambulance qui te mènera vers un hôpital très sommaire. Un hôpital où les médecins n’osent même pas t’opérer. On a bandé mon pied et on m’a donné des analgésiques. Mais même avec ça, la douleur était bien présente.”

Il était alors clair que Julius devait aller dans un autre hôpital. Mais le transport allait lui coûter 5.000 euros. Comme son assurance d’expatrié belge en Australie ne le couvrait pas en Thaïlande, et qu’il avait réglé le voyage par carte de débit et non de crédit, qui lui aurait éventuellement permis d’avoir une assurance voyage, Julius a dû payer tous les frais sur place. Ou plutôt, ne disposant pas d’assez de moyens, ce sont sa famille et ses amis qui l’ont aidé à payer. “En Belgique, on soigne d’abord le patient, et seulement, ensuite, on s’inquiète de la question financière. Mais à Koh Phangan, où j’étais, c’était différent: pas d’argent, pas d’aide”, explique le Louvaniste.

Grâce à l’aide de sa famille et de ses amis, Julius a pu être transféré dans un hôpital de la ville voisine, Koh Samui, qu’il a gagné par bateau. Le Belge était attaché au sol du rafiot de pêche et était ballotté dans tous les sens par les vagues, tandis que la fièvre montait et qu’il risquait, à tout moment, une infection. “L’hôpital de Koh Samui était bien plus avancé. Mais les repas, par exemple, n’étaient pas fournis. Ce n’est que lorsque l’on connaît des difficultés à l’étranger que l’on se rend compte à quel point les soins de santé sont bien organisés chez nous”, commente Julius. “Heureusement, mon ami m’a apporté de la nourriture. Je suis vraiment heureux de n’avoir pas fait ce voyage tout seul.” 

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Nicole, la mère de Julius, ayant appris la nouvelle de l’accident, a passé des heures au téléphone avec son fils afin de le rassurer. Elle a également passé énormément de temps à appeler des hôpitaux dans le but d’obtenir un deuxième, voire un troisième avis, sur la blessure de Julius. “À Koh Samui, on demandait 60.000 euros pour une opération. C’est un chiffre qui donne le vertige, d’autant qu’on ne savait pas si le pied de mon fils pouvait être sauvé. La distance vous rend vraiment impuissant. J’étais dépassée...”, explique Nicole. “On m’a conseillé de ne pas me rendre en Thaïlande, on m’a dit que je pourrais en faire plus pour Julius en restant en Belgique.”

“La plaie était nettoyée tous les jours, sans anesthésie. Personne ne peut tolérer une telle douleur. Mais je ne pouvais pas partir dans cet état-là”, ajoute Julius. “Pour regagner la Belgique, il fallait que j’aie une autorisation de l’hôpital indiquant que j’étais apte à prendre l’avion. Un médecin m’a accompagné, ce qui m’a coûté 20.000 euros.”

Julius et sa famille ont décidé que le jeune homme se ferait opérer en Belgique. Dès son arrivée à Zaventem, le Louvaniste a noté une différence de taille par rapport à la Thaïlande. Tout le monde était aux petits soins avec lui. Le service d’ambulance l’a amené gratuitement à l’hôpital, l’UZ Leuven, où tout le personnel s’est montré très compréhensif. “On a tout fait pour que je ne voie pas la blessure. Si cela faisait trop mal, on me mettait sous anesthésie. C’était beaucoup plus humain”, commente Julius.

Le jeune homme a déjà subi une première opération. Son pied pourra probablement être sauvé, mais au moins trois autres opérations et des greffes de peau sont encore prévues. En attendant, l’expatrié récupère des forces chez sa mère. Sa convalescence devrait durer six mois. “Être entouré de la sorte, c’est gratifiant, surtout lorsque l’on comprend que la vie peut changer en une fraction de seconde”, commente-t-il.

Afin d’accueillir son fils comme il se doit, Nicole a dû faire quelques aménagements chez elle. “Un lit d’hôpital, un déambulateur, un urinal (récipient médical pour uriner, NDLR), un fauteuil roulant, des soins à domicile, des médicaments, et beaucoup d’administratif et de soucis. En fait, mon appartement de 44 m² est beaucoup trop petit. Si quelqu’un a un logement abordable avec deux chambres à coucher dans le Limbourg, à Louvain ou à Bruxelles, cela m’aiderait énormément”, indique Nicole, qui lance une bouteille à la mer. “Quoi qu’il en soit, je suis reconnaissante que Julius soit déjà à la maison.”