Un adolescent raconte son arrestation par la police: “Un cauchemar qui a duré six heures”
BruxellesSimon, seize ans, a été interpellé alors qu'il participait à la manifestation contre la “justice de classe” et les violences policières à Bruxelles dimanche dernier. Dans un long texte, relayé par son père sur les réseaux sociaux, Simon raconte le déroulé des faits, un véritable “cauchemar qui a duré six heures”, écrit-il avec effroi.
Partager par e-mail
Pour rappel, une vingtaine d’organisations ont manifesté dimanche après-midi au Mont des Arts à Bruxelles pour souligner la récurrence d’incidents survenus ces derniers temps avec des personnes d’origine étrangère dans le cadre d’interventions de la police. La manifestation n’avait pas été autorisée mais la police leur a accordé une heure de rassemblement. La manifestation s’est déroulée dans le calme mais des personnes ont refusé de quitter les lieux une fois l’heure accordée écoulée. Des groupes ont tenté de se rendre dans le centre-ville. La police a alors procédé à des arrestations.
Au total, les forces de l’ordre ont procédé ce jour-là à quelque 245 arrestations administratives, dont 91 concernent des mineurs. Simon, seize ans, était l’un d’entre eux. Le jeune homme, qui se dit traumatisé par ce qu’il a vécu ce dimanche, raconte les faits dans un récit au titre est pour le moins explicite, que son père Alexandre a partagé ce jeudi sur Facebook.
150 jeunes face à 500 policiers
“C’était dimanche. On voulait se faire entendre. Nous, c’est près de 150 jeunes qui manifestaient contre les violences policières. En face il y avait près de 500 hommes armés, matraqués, casqués, des canons à eau, des chiens, des chevaux, un hélicoptère. Le délire. Ils se sont mis à hurler et n’ont plus jamais arrêté. C’est allé vite, en quelques minutes le cercle s’est refermé sur nous. J’étais coincé contre un mur de boucliers. On m’a mis à terre et on m’a lié les poignets”, raconte Simon en guise d’introduction.
Le jeune homme est ensuite emmené aux casernes d’Etterbeek où il est placé dans une cellule en compagnie de 26 autres mineurs. Certains de ses “compagnons de cellule”, excités, arrachent un urinoir et le jettent contre les barreaux pour provoquer la police. Simon, lui, a peur. Ce mardi, la porte-parole de la police de Bruxelles-Ixelles confirmait que des jeunes avaient effectivement arraché des installations sanitaires en aluminium et “s’amusaient à se les jeter.”
C'est alors que Simon entend des cris provenant de la cellule d’à côté. “C’est comme ça que je crierais si on me tabassait”, explique l'adolescent. Simon se penche et aperçoit une silhouette en uniforme en train de frapper. “De toutes ses forces, sans entendre les supplications. Moi, je n’entends que ça. Les ‘Pitié!’, les ‘Arrêtez !’. Tout s’arrête finalement, le jeune est emmené hors de la cellule, il ne sait plus marcher”, poursuit Simon.
“Je suis cloué au banc, de peur, de froid. Je me sens en danger. Ceux qui représentent la sécurité me terrorisent. Il n’y a plus rien pour me protéger.”
Une dizaine de policiers, masqués, entrent alors dans sa cellule. Ils demandent à Pirly, l’ami de Simon qui l’avait accompagné à la manifestation, de se lever. Le jeune homme se lève et reçoit un coup derrière la tête avant d’être jeté au sol et roué de coups par cinq policiers, affirme Simon qui se demande à ce moment-là s'il reverra son ami vivant après qu'il a été emmené hors de la cellule. Mardi, le père de Pirly dénonçait en effet l'agression de son fils par les policiers, “roué de coups à titre d'exemple”, disait-il.
Simon, lui, ignore ce qui va lui arriver. “Je suis cloué au banc, de peur, de froid. Je me sens en danger. Ceux qui représentent la sécurité me terrorisent. Il n’y a plus rien pour me protéger. Ils nous accusent, une torche dans une main qui nous aveugle, une matraque dans l’autre”, se souvient l'adolescent. Les policiers veulent savoir qui a arraché les sanitaires.
Des parents déposent plainte au Comité P et au pénal
Les jeunes auraient été insultés par les policiers. Simon affirme avoir reçu une violente gifle. “Elle fait craquer ma nuque et ma mâchoire. Le sang bat dans mes tempes. La colère, l’injustice. L’envie de hurler moi aussi. Et puis se rappeler de mon impuissance. Alors c’est le froid qui revient, tout à l’intérieur de mon corps. Baisser les yeux. Me faire oublier. La cellule se vide.”
Vers 22h00, Simon appelle enfin son père après, dit-il, avoir vécu “un cauchemar qui aura duré six heures.” “J’entre dans la voiture. J’éclate en sanglots. Jusqu’au lendemain, je ne dirai plus un mot”, conclut l'adolescent.
Alexandre Pycke, le père de Simon, nous annonce avoir déposé plainte au Comité P avec d’autres parents, ce qui est confirmé par la police des polices. Les parents ne comptent d’ailleurs pas en rester là puisque ils organisent également une plainte au pénal, ajoute M. Pycke.
LIRE AUSSI
Gratis onbeperkt toegang tot Showbytes? Dat kan!
Log in of maak een account aan en mis niks meer van de sterren.Aussi dans l'actualité
-
Manifestation contre la justice de classe à Bruxelles: 245 arrestations administratives
La police locale a procédé à 232 arrestations administratives, dont 86 visaient des mineurs, à la suite de la manifestation contre la “justice de classe” organisée dimanche après-midi au Mont des Arts à Bruxelles, a indiqué lundi la porte-parole de la police de Bruxelles-Ixelles Ilse Van de keere. Elle précise qu’il faut ajouter à ce nombre 13 arrestations administratives, dont 5 concernent des mineurs, effectuées par la police de Bruxelles-Nord (Schaerbeek, Saint-Josse-ten-Noode et Evere). -
Manifestation contre la justice de classe à Bruxelles: Philippe Close s’interroge sur la présence de nombreux mineurs
Le rassemblement toléré dimanche au Mont des Arts s'est déroulé dans le respect des mesures sanitaires prises. Lorsque les manifestants ont refusé de quitter les lieux après plusieurs demandes, la police a procédé à leur contrôle, et certains ont crié "qu'ils allaient tout casser" et se sont mis à courir dans plusieurs directions, a affirmé lundi soir le bourgmestre de la Ville de Bruxelles Philippe Close, interrogé lors de la séance du conseil communal. -
Un joueur rafle le “super jackpot” de 210 millions d’euros à l’EuroMillions
Le jackpot record de 210 millions d’euros a été remporté ce vendredi soir. Selon Le Parisien, le chanceux a parié en Suisse. L'unique gagnant empoche un montant historique de 210 millions d’euros. -
Bruxelles
“On va tout casser” : la police met un terme à une manifestation contre les violences policières
Une vingtaine d’organisations manifestaient dimanche après-midi contre la “justice de classe” au Mont des Arts, à Bruxelles. L’action n’avait pas été autorisée par la Ville, mais la police locale leur a accordé une heure de rassemblement. Après ce temps, certaines personnes présentes ont refusé de quitter les lieux et des affrontements ont eu lieu avec les forces de l’ordre, qui ont dès lors procédé à des arrestations. -
La Porsche de Maradona mise aux enchères en Belgique
L’ancienne Porsche 964 de Diego Maradona sera mise aux enchères par la maison de luxe Bonhams.
-
Voyages non essentiels: vers une levée de l’interdiction le 1er avril prochain
Le Premier ministre Alexander De Croo souhaite conclure un nouvel accord de coopération avec les entités fédérées au sujet des règles de dépistage et de quarantaine, de manière à renforcer leur caractère exécutoire. L’objectif est de pouvoir, à partir du 1er avril, sortir progressivement de l’interdiction pure et simple des voyages non essentiels. Le libéral l’a expliqué lundi au Comité d’avis fédéral chargé des Questions européennes. -
Bruxelles
Un adolescent affirme avoir été roué de coups par des policiers “à titre d’exemple”
Le père de Pirly, un jeune de 16 ans arrêté administrativement à l’issue de la manifestation contre la justice de classe organisée dimanche après-midi à Bruxelles, a annoncé mardi son intention de porter plainte pour violence contre la police. Il organise virtuellement mardi soir une réunion entre plusieurs parents concernés pour décider collégialement de l’introduction d’actions judiciaires. La police a réagi en indiquant qu’aucune plainte n’avait été déposée. -
Un groupe d'hôpitaux flamand veut rendre la vaccination obligatoire pour le personnel
Le groupement d'hôpitaux flamand Zorgnet-Icuro souhaite que la vaccination contre le coronavirus devienne obligatoire pour le personnel soignant afin d'éviter de nouveaux foyers de contamination dans les maisons de repos. C'est ce qu'a déclaré lundi la directrice générale du réseau, Margot Cloet, sur la chaîne VTM.