Un adolescent suspecté à tort de piqûres en festival inondé de menaces de mort

Après s’être répandue sur le site du festival, l’hystérie a continué en ligne. Ce jour-là, un festivalier avait filmé un adolescent “qui fuyait”. Une preuve suffisante pour de nombreux jeunes que le “piqueur” présumé avait été repéré. Le jeune homme en question est bien Jaimy, sauf que la raison de sa course est tout autre: il voulait venir en aide à une jeune fille qui s’était évanouie dans l’agitation, courant vers la tente des secouristes pour aller chercher de l’aide. Les images montrant Jaimy ont quand même fait leur vie sur TikTok, Snapchat et Instagram, avec de lourdes conséquences.

“En fin d’après-midi, (Jaimy) a soudainement appelé pour dire que c’était bondé et que des filles s’évanouissaient. Je lui ai alors dit qu’il devait garder ses distances de la foule, et que tout devrait bien se passer”, relate Marie-Claire, la mère de l’adolescent, citée lundi par HLN. Mais une heure plus tard, il rappelait en panique, expliquant qu’il avait été fouillé par la police, et qu’on disait qu’il avait piqué la fille en question avec une aiguille. “Alors qu’il voulait seulement aider. Il ne comprenait pas et était surtout déçu. Je lui ai tout de suite dit qu’il devait rentrer en bus, car j’étais au travail. Mais avec le stress, il a même pris le mauvais bus.”

Pendant ce temps, les images de Jaimy faisait le tour des réseaux sociaux. Certains ont trouvé des images de ses comptes TikTok et Instagram et ont ajouté son nom, mentionnant qu’il avait piqué des filles à Hasselt. “Ma fille aînée m’a appelée et m’a dit que le nom de Jaimy circulait sur TikTok”, peste Marie-Claire. “Il avait déjà reçu de nombreux messages à ce moment-là, mais je ne comprenais toujours pas bien de quoi s’il s’agissait. Encore un peu plus tard, notre adresse a circulé sur Snapchat, et le même soir, deux voitures étaient même garées chez mon ex-mari, le papa de Jaimy.”

Le soir, le téléphone de Jaimy a chauffé. L’ado était harcelé de tous les côtés, on souhaitait sa mort: “Si on te voit à Hasselt, t’es mort”, “50 euros pour ceux qui osent le frapper et filmer”, “2.000 euros pour sa tête”, ou encore “Si tu viens à l’école lundi, on te jette devant le bus.”

Avec ses adresses, téléphone et photos en ligne, Jaimy a craint pour sa vie. Sa mère aussi. “Ça a commencé à devenir très angoissant. Ça n’arrêtait pas. Nous étions affolés et avons appelé la police, qui nous a conseillé de déposer plainte à la zone CARMA. Là, on nous a dit qu’ils ne pouvaient pas faire grand-chose pour nous. À deux heures et demie du matin, nous étions sur le parking avec notre voiture, en train de pleurer. ‘Maman, aide-moi. Maman, qu’est-ce qu’on doit faire?’, pleurait Jaimy. Mais je ne savais pas non plus comment arrêter ça. Nous nous sommes sentis si seuls.”

Un commissaire d’Hasselt a conseillé à la famille de conserver précieusement tous les messages et de les remettre à la police, qui a ouvert une enquête. “Nous sommes effectivement allés déposer plainte lundi pour ces nombreuses menaces de mort. Une grande partie des messages proviennent d’adolescents, mais il y a malheureusement aussi des adultes dans le lot. Des gens qui conduisent, et dont Jaimy pensait vraiment qu’ils viendraient lui rendre visite. Il y avait même des trentenaires disant littéralement qu’ils voulaient tuer mon fils. Même des gens des Pays-Bas et d’Allemagne... Incroyable. Qui le poignarderaient à mort... Pour moi, ces adultes doivent être sévèrement punis.”

Après un premier appel de Marie-Claire dans les médias, la tempête s’est quelque peu apaisée. Il y avait même un soutien inespéré. “Les adolescents qui l’avaient d’abord attaqué ont ensuite envoyé leurs excuses. Certains étaient très humbles et ont admis qu’ils avaient été pris dans le battage. Mais si vous pouvez créer une tempête sur les réseaux sociaux et atteindre des centaines de milliers de personnes, alors vous pouvez faire la même chose avec vos excuses. Faites des vidéos TikTok avec le message que Jaimy n’a absolument rien fait de mal. Personne ne se rend compte des dégâts causés. Jaimy a aussi été menacé par des garçons de son école, où il n’ose plus aller non plus. S’ils ont de la décence, qu’ils s’excusent aussi.”

Pendant l’agitation, Jaimy et sa mère se sont cachés chez une connaissance. Mais le garçon ne va pas encore mieux. “Il n’ose pas sortir. Ce lundi soir, nous avons rendez-vous chez le docteur, car il ne dort pas et mange à peine. Je crains que ce soit vraiment traumatisant pour lui et qu’il devra encore vivre avec ça un certain temps. Nous allons faire appel à une aide professionnelle pour le guider, ainsi que toute la famille, car l’impact est énorme. Cela devrait être la meilleure époque de sa vie, mais ça s’est transformé en cauchemar.”

Le festival pour adolescents We R Young a été arrêté mercredi soir, sur décision de la police locale, après le malaise d’une vingtaine de spectateurs. Les tests approfondis effectués sur les échantillons d’urine prélevés sur quatre jeunes qui s’étaient sentis mal n’ont révélé aucune substance nocive. Les résultats des analyses effectuées par le laboratoire de la police judiciaire sur les échantillons de sang sont toujours attendus. Il n’y a donc à ce stade aucune preuve formelle reliant ces événements au récent phénomène de “needle spiking”.

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