Un ancien élève très croyant avoue avoir tué son institutrice: “Il s'est toujours senti humilié à l’école”

“Je serais profondément choquée s'il s’avère que le meurtrier est quelqu’un que nous connaissons”, déclarait il y a quelques semaines Lut Verlinden, la sœur de Mieke, à nos confrères du Morgen. La sexagénaire n’imaginait pas une seconde qu’un de ses anciens élèves ait pu commettre un tel crime.

Et pourtant, c'est bel et bien un ancien élève de Mieke Verlinden qui a avoué avoir tué l’enseignante de Noorderwijk. Il s’agit de Gunter U., 37 ans, de Berchem. En 1991, il était en deuxième année à l’école primaire ‘t Klavertje à Noorderwijk. Mieke Verlinden était son institutrice. Ses camarades de classe de l’époque le décrivent comme un garçon calme, discret, qui portait des lunettes et qui a été élevé par ses parents dans la stricte tradition catholique. D’ailleurs, pendant le week-end, ses parents faisaient la catéchèse à la maison aux élèves de l'école pour les préparer à leur première communion. 

Néanmoins, aucun ancien camarade de classe ne se souvient d’un éventuel conflit entre Gunter U. et Mieke Verlinden. “Si tu ne l'écoutais pas, Madame Mieke pouvait se montrer très dure avec toi. Certains élèves sont même rentrés chez eux en pleurant après avoir été grondés”, se souvient tout de même l’un d'eux. 

Mais quelque chose a bien dû se produire. Quelque chose qui lui a causé un traumatisme qui, trente ans plus tard, l’a conduit à se rendre au domicile de son ancienne institutrice pour commettre l’irréparable. Le mardi 10 novembre 2020, l’ancien élève a pris le bus à Berchem pour se rendre à Noorderwijk. Il a ensuite sonné à la porte de la maison où Mieke vivait avec son mari Michel Peeters. Ce dernier était parti travailler alors que Mieke était obligée de rester à la maison car les vacances de Toussaint avaient été prolongées d’une semaine en raison des mesures sanitaires. 

Ce matin-là, elle était assise à la table du petit-déjeuner avec le journal et une tasse de thé lorsqu’on a sonné. Gunter U. se trouvait sur le pas de la porte. Il portait des gants en latex et tenait un couteau en main. Il a subitement poignardé Mieke au niveau de l’abdomen avant de lui asséner une centaine d’autres coups de couteau alors que la victime tentait de s’enfuir dans le jardin. Ce véritable acharnement témoigne de la haine qu’éprouvait le trentenaire envers son ancienne institutrice. Après le massacre, Gunter U. a repris le bus pour Berchem comme si de rien n'était et a laissé Mieke dans sa cuisine, dans une énorme mare de sang.

C’est là que Michel Peeters a retrouvé sa femme vers 14h15, en rentrant du travail. “Une véritable horreur”, a confié plus tard le sexagénaire dans les colonnes du journal Het Laatste Nieuws.

La tâche s’annonçait ardue pour les enquêteurs. Il n’y avait ni suspect ni motif apparent. De plus, l’enquête a rapidement démontré que Mieke Verlinden n'était en conflit avec personne. Elle ne menait pas non plus une double vie. L’auteur du crime n’en avait pas non plus après son argent puisqu'il n’a pas touché à son portefeuille, lequel contenait une importante somme en liquide. Il n’y avait en outre aucune trace de violence sexuelle.

Les enquêteurs ont donc lancé une enquête ADN à grande échelle pour essayer de retrouver le coupable. Au total, 435 échantillons ont été prélevés et analysés. En octobre dernier, ils ont même organisé une heure de consultation dans le presbytère de Noorderwijk, dans l’espoir que l’auteur du crime vienne se “confesser”. Une approche sans précédent dans notre pays, mais qui est restée vaine. 

Refusant de baisser les bras, les enquêteurs ont alors contacté tous les anciens élèves de Mieke Verlinden, leur demandant de donner leur ADN. Gunter U. s'est alors trouvé dans une impasse. Il savait que son ADN serait confondu avec la trace trouvée sur les lieux du crime. Il savait aussi qu’il serait considéré comme suspect s'il refusait de s’y soustraire. 

Complètement acculé, le trentenaire a alors décidé de faire appel à un avocat avant d’avouer son terrible secret à un ami le week-end dernier. Celui-ci a ensuite prévenu la police ce dimanche. Gunter U. a été arrêté vers 16h30 dans son appartement de Berchem. Le soir même, il a été interrogé et a expliqué en détail comment et pourquoi il a tué Mieke Verlinden. L’analyse de son échantillon a effectivement révélé une correspondance avec l’ADN trouvé sur la scène du meurtre.

D’après les informations d’HLN, Gunter U. voulait se venger de “quelque chose” que “Madame Mieke” lui avait fait dans sa jeunesse. Un de ses proches raconte que Gunter U. s’est toujours senti humilié à l’école primaire de Noorderwijk. Il est possible que ce traumatisme d’enfance ait mijoté toutes ces années, jusqu’à ce 10 novembre 2020 où il est passé à l'acte. Ben Crosiers, l’avocat de Gunter U., n’a pas souhaité en dire davantage. “Mon client a exprimé ses regrets et est prêt à donner à la famille de Mieke les réponses aux questions qu’elle se pose.”

Gunter U. travaille comme fonctionnaire au département des Finances et est un catholique très croyant, tout comme ses parents. Après avoir déménagé à Berchem - peu avant le meurtre de Mieke Verlinden- il a rejoint la communauté Sant’Egidio: un mouvement laïc chrétien qui s’occupe des défavorisés, des sans-abri et des réfugiés.

D’après un ami, Gunter U. voulait se reconvertir dans l’enseignement, malgré le traumatisme qu'il dit avoir subi à l'école. “Il a même pris des congés sans solde, mais il s’est vite avéré que ce n’était pas son truc. Il n'était pas capable de gérer une classe”, déclare cette connaissance. 

Jan Devolder, porte-parole de la communauté Sant’Egidio, décrit Gunter U. comme une personne très fermée. “Il était toujours très calme”, se souvient-il. L’homme se dit choqué d’apprendre qu’il s'agit d'un criminel. “Mais nous sommes heureux pour la famille que le mystère entourant ce meurtre horrible ait enfin été éclairci. Cela a dû être terrible pour eux de vivre dans l’ignorance pendant si longtemps”, souligne M. Devolder.

Le suspect comparaîtra devant le tribunal de Turnhout vendredi.

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