“Un CST n’a plus aucune base scientifique et ne peut plus être défendu sur le plan éthique”
“Le Covid Safe Ticket a fait son temps. Et si quelque chose n’est plus nécessaire, il faut l’abolir.” Le CST rencontre une résistance croissante. Mais est-il encore utile ? L’expert en données Joris Vaesen et les virologues Zeger Debyser (KU Leuven) et Steven Callens (UZ Gent) ont apporté un éclairage sur la question à nos collègues d’HLN.
RédactionDernière mise à jour:28-01-22, 10:13Source:Het Laatste Nieuws
“Le Covid Safe Ticket est un instrument important qui nous permet de garantir une vie sociale aussi sûre que possible. Mais si, après Omicron, nous constatons que la situation dans les hôpitaux s’est stabilisée, nous ne l’utiliserons pas une journée de plus”, avait déclaré Alexander De Croo il y a une semaine lors de la conférence de presse après le Comité de concertation. Le Premier ministre a également déclaré que le CST était un moyen de renforcer la couverture vaccinale. Ce qui n’est pas forcément vrai.
Lorsque le CST a été introduit le 1er octobre 2021 pour les événements et les discothèques pas moins de 73% de la population totale en Belgique avait déjà été entièrement vaccinée. Un mois plus tard, le CST est devenu obligatoire dans l’Horeca et dans les salles de sport. Jusqu’à ce qu’il devienne progressivement évident que les personnes vaccinées pouvaient également transmettre le virus. Depuis lors, notre pays compte 77% de personnes entièrement vaccinées. Et pour en revenir aux déclarations d’Alexander De Croo, le CST a en réalité entraîné une augmentation minime - de 2 à 3% - de la couverture vaccinale.
Les esprits ont mûri
Un avis que partage Joris Vaesen, l’homme derrière les chiffres de la vaccination sur covid-vaccination.be, qui montre qu’il n’y a pratiquement aucun lien entre le CST et le taux de vaccination. “Les esprits ont mûri, les données ont été analysées. Il est temps de dire au revoir au Covid Safe Ticket”, écrit-il sur Twitter. L’opposition au CST se développe de toutes parts - population, milieux politiques et experts.
Steven Callens, infectiologue à l’hôpital universitaire de Gand, y croit également: “Au départ, il a été créé pour permettre l’économie et le tourisme au niveau européen. Mais il a été maladroitement vendu, ce n’est pas un billet pour la liberté. Pour moi, le CST est utile s’il s’inscrit dans un cadre bien défini. Mais est-il encore utile, avec le variant Omicron moins pathogène et la couverture vaccinale très élevée? Je ne crois pas.”
Le CST pas efficace ? Un message que porte depuis longtemps le virologue Zeger Debyser (KU Leuven), co-président du comité de bioéthique et conseiller communal N-VA à Louvain. “Que les choses soient claires une fois de plus, un CST n’a plus aucune base scientifique et ne peut plus être défendu sur le plan éthique”, dit-il avec conviction. “C’est également contre-productif - cela donne aux gens un faux sentiment de sécurité”.
Cependant, un argument est désormais utilisé pour conserver le CST: la dose de rappel. En effet, sans rappel, à partir du 1er mars, vous n’obtiendrez plus de CST valide sauf si vous avez été vacciné il y a moins de cinq mois ou tombé récemment malade. “Nous avions dit dans un avis avec le comité de bioéthique que ce n’était pas éthique. On ne peut pas forcer les gens de cette façon.”
Il est toutefois utile de maintenir certaines mesures, comme les masques buccaux, pendant un certain temps, afin que la pandémie s'éteigne de manière contrôlée plutôt que d'exploser. Je pense que la plus grande leçon est qu'une combinaison de mesures nous aidera dans la pandémie, mais que le CST a fait son temps.
Professeur Steven Callens, infectiologue à l’UZ Gent.
“Les groupes les plus importants ont reçu leur dose de rappel, il suffit de penser aux groupes à haut risque et aux personnes âgées, de sorte que cet argument en faveur du maintien du CST tombe à l’eau”, rajoute Zeger Debyser.
Évaluer le risque
Dans les endroits où le masque buccal est obligatoire et où la ventilation est bonne, une CST n’aurait également plus de sens. “C’est un ennui pour les entrepreneurs, sans aucune utilité”, poursuit M. Debyser. Steven Callens le rejoint: “Il y a encore des études qui prouvent que les personnes vaccinées ont moins de chance de transmettre que les personnes non vaccinées. Un CST peut donc encore utile pour les événements où on ‘crie’, comme dans les discothèques ou les manifestations sportives. C’est différent de regarder tranquillement une pièce de théâtre. Mais là encore, il faut oser poser la question sociale : évaluons-nous le risque au point de penser que le CST est crucial ? Et est-il justifiable d’abolir le CST dans certains secteurs et pas dans d’autres ? À mon avis, non.”
“De plus, on voit déjà en Europe des pays qui abandonnent les mesures sanitaires, comme le Royaume-Uni et le Danemark. Mais je n’y suis pas favorable. Il est utile de maintenir certaines mesures, comme les masques buccaux, pendant un certain temps, afin que la pandémie s’éteigne de manière contrôlée au lieu d’exploser. Je pense que la plus grande leçon est qu’une combinaison de mesures nous aidera dans la pandémie, mais que le CST a fait son temps.” Pour l’instant, le CST ne devrait disparaître dans notre pays que dans la phase jaune du baromètre.