Un épidémiologiste prédit un retour aux années folles après la Covid: “Les gens seront insatiables en contacts sociaux”

Près d’un an après que le SARS-CoV-2 a été identifié (officiellement) pour la première fois par les virologues chinois, le “nouveau coronavirus” a fait le tour du monde, ravageant des vies et l’économie mondiale. Mais notre vie sociale est aussi l’une des grandes victimes de la crise sanitaire. Voyages, liberté d’aller et venir ou d’entreprendre, sorties, vie nocturne, contacts fréquents et incalculables avec notre famille et nos amis: viscéralement métamorphosées, nos habitudes ont été réduites à néant et nous voilà privés de presque tout ce qui rendait la vie plus belle.

Ce sentiment dévorant de voir la vie dénuée de son sens est peut-être nouveau pour nous, il n’est pourtant pas unique, rappelle Nicholas Christakis dans son livre ‘Apollo’s Arrow: The Profound and Enduring Impact of Coronavirus on the Way We Live’. En tant qu’épidémiologiste, il est spécialisé dans le comportement humain lors de la propagation de maladies contagieuses comme le coronavirus. L’auteur y voit un schéma typique: “Ce qui nous tombe dessus actuellement nous semble peut-être peu naturel et étrange, mais des épidémies à grande échelle ont frappé l’humanité à de nombreuses reprises. C’est juste neuf pour notre génération”. 

Ce qu’il note surtout, c’est que les gens réagissent selon un même modèle, quelle que soit l’époque ou la spécificité de l’épidémie, relate The Guardian. “Ils se tournent vers la religion, se privent spontanément des petits plaisirs. Ils deviennent aussi plus économes et prennent moins de risques. Tout ce que l’on constate aujourd’hui, c’est ce qu’il s’est passé aux siècles derniers lors d’autres grandes épidémies”.

Et qui dit épidémie, dit effondrement de l’économie, analyse le chercheur. “Les gens rejettent sur le gouvernement la faute du ralentissement de l’économie, car c’est le gouvernement qui décide de la fermeture des écoles ou des restaurants. Des accusations injustifiées, car c’est bien le virus seul qui entache l’économie; et cela se produisait déjà dans des sociétés plus anciennes, lorsqu’elles étaient frappées par des maladies et ce bien avant que des gouvernements ne légifèrent et ne prennent des mesures drastiques pour tous comme aujourd’hui”.

Et l’une des leçons les plus importantes qu’il tire de ses comparaisons - et c’est sans doute la note d’espoir de l’histoire - c’est que chaque pandémie prend bel et bien fin, même si on en vient parfois à en douter. Ensuite, vient systématiquement une période où les gens partent de manière intensive à la recherche de contacts sociaux pour compenser l’isolement traversé. “Ce que nous allons voir, c’est une inversion totale des tendances observées de force durant la crise du Covid-19", prédit l’expert. “Les gens vont devenir moins portés sur leur foi, vont investir davantage dans leur vie sociale, dépenser plus d’argent et avoir des comportements sexuels nettement plus débridés”. Comme durant les années folles...

Des cafés, boîtes de nuit, stades de foot pleins à craquer, une renaissance et un attrait pour la culture... Tout ce à quoi nous ne pouvons qu’aspirer depuis bientôt un an, sera alors à nouveau nôtre. Mais il nous faudra encore de la patience pour ré-embrasser cette vie, tempère l’épidémiologiste. Il faudra certainement attendre 2024 pour que les fêtes battent totalement leur plein à nouveau. Il faudra d’abord que les premiers vaccins fassent effet dans les catégories les plus vulnérables et exposées de la population, et que notre vie en société se remette du coup de frein socio-économique que la Covid nous a imposés.