Un pédiatre belge à Londres: “À la place de la Belgique, j’aurais déjà fermé les écoles”

Visiblement pas de vent de panique dans les rues de Londres. Lorsqu’Igor Fierens, pédiatre belge qui exerce à Londres, s’est rendu au travail hier, il n’a pu que constater le métro bondé, même s'il s’agissait principalement d'ouvriers et non d’employés de bureau. Au Starbucks du coin, une longue file de clients qui attendaient leur café. Pas étonnant qu’à Londres, on compte une incidence de 3.300 contaminations pour 100.000 habitants. Et à l’hôpital, être submergés par les cas de coronavirus qui tournent mal semble être devenu la norme.

“La situation semble cependant, à première vue, un peu moins précaire qu’il y a une dizaine de jours”, se réjouit prudemment Igor Fierens, qui avait déjà relaté dans les colonnes du Laatste Nieuws comment les ambulances faisaient longuement la file devant son hôpital pour y déposer les patients contaminés. “Nous avons fait davantage de place pour étendre les unités Covid, nous sommes mieux organisés. C’est un peu moins chaotique. Le pire est peut-être passé, mais on va tourner avec des unités saturées durant des semaines encore”, déplore-t-il. 

Le pédiatre, spécialisé en néonatologie, est-il totalement épargné par le virus dans son service? “Non, il y a des nouveau-nés hospitalisés ici car ils sont contaminés au coronavirus. Nous ne savons pas encore s'ils ont été contaminés via le placenta ou au contact de leur mère juste après l’accouchement”, explique-t-il. Mais en pédiatrie, on ne voit pas particulièrement plus d’enfants malades que d’habitude. 

“Le variant britannique, comme vous le dénommez chez vous, est sans doute plus contagieux chez les enfants comme chez les adultes, mais il ne les rend pas forcément plus malades. Et la plupart des enfants ne sont d’ailleurs pas malades du tout. Nous ne voyons pas de pic significatif chez les 3 à 12 ans, et pour ceux dont c’est le cas, ils ne présentent pas de symptômes différents de ceux des premières vagues. Cela se limite généralement à des maux modérés”. 

Pourtant, l’Angleterre a fait le choix de fermer toutes ses écoles, et de n’y autoriser l’accès que pour les enfants du secteur des soins de santé. Un choix auquel adhère pleinement le spécialiste: “Je ne comprends sincèrement pas pourquoi la Belgique n’a pas encore pris cette mesure, maintenant que le variant y a été détecté. Car les enfants sont facilement infectés, se contaminent entre eux et, in fine, contaminent beaucoup d’autres personnes. Je ne suis pas virologue, mais la Belgique reste sur un ‘plateau’ de contaminations depuis un moment. Avec l’apparition de ce variant chez vous, il vous faut de nouvelles mesures, au risque de voir les courbes s’envoler de manière spectaculaire”, prévient-il. 

Selon lui, on n’est jamais trop prudent ou sévère durant cette crise sanitaire exceptionnelle. “Et ce n’est pas un appel au seul gouvernement que je lance. Car tout commence avec les trois règles de base: distanciation sociale, port du masque et hygiène des mains. ‘Je le fais déjà’, diront beaucoup de gens, mais est-ce que tout le monde se lave les mains après avoir retiré le masque? Non, et pourtant, nous devrions systématiquement le faire. Aujourd’hui plus que jamais”, conclut-il.

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