Une heure au centre de vaccination de Charleroi: “N’allez pas là-bas”
ReportageLa vaccination à destination du grand public a démarré le 15 mars en Wallonie. La semaine dernière, plus de 130.000 vaccins ont été administrés dans les centres de vaccination, les hôpitaux et les institutions collectives de soins (handicap, santé mentale). Vendredi passé, nous sommes allés au seul centre majeur de vaccination situé à Charleroi, c'est-à-dire au Charleroi Espace Meeting Européen (CEME) de Dampremy.
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Pas évident de trouver une place sur le parking du centre de vaccination de Dampremy! C’est le premier constat que l'on peut tirer en arrivant. Deux policiers patrouillent à pied. Ils veillent au grain au cas où des débordements devaient avoir lieu ou plus probablement en cas de non-respect du port du masque. Ce qui serait un comble à proximité d’un centre de vaccination. Mais il est vrai que certaines personnes peuvent oublier qu’après avoir reçu leur dose, ils ne sont pas moins vulnérables pour autant. En réalité, il faut attendre entre dix et quatorze jours avant que les anticorps ne se développent. D’autant plus que les trois vaccins administrés sur place (Pfizer et BioNTech, Moderna et Astra Zeneca) nécessitent l’injection de deux doses à plusieurs semaines d’intervalle! Quoi qu’il en soit, la présence des forces de l’ordre est plutôt rassurante. Il y a peu de chances de se faire voler son véhicule ou son autoradio.
Liste d’attente
Pour trouver l’entrée du temple, il faut être attentif. Les affiches placardées un peu partout sur les portes du bâtiment peuvent prêter à confusion. “Entrée du personnel” est-il indiqué juste à côté de l’accès réservé au public. Seule la présence de deux travailleurs derrière une table de fortune peut laisser penser que l’endroit est le bon. Feuilles de papier en main, ils notifient les demandes des citoyens qui veulent s’inscrire sur la liste d’attente. Et il y en a un paquet! Les gens défilent.
C’est le cas d’Eddie Carton (63 ans). Il est venu accompagner sa maman, Marie-Louise Trigaut, qui a été convoquée pour se faire vacciner. Il en a profité pour ajouter son nom à cette fameuse liste d’attente: “Comme ça, ça ira un peu plus rapidement.” En effet, cela lui permet de prendre la place de quelqu’un qui n’a pas répondu à l’appel. “Je n’ai pas du tout peur du vaccin Astra Zeneca” confirme-t-il. Ces dernières semaines, ce vaccin a créé la polémique, car plusieurs cas de thrombose ont été diagnostiqués après son administration. “J’ai plus de chances de gagner au lotto que d’attraper quelque chose à cause de lui. Je suis pressé de me faire vacciner. Si ça ne tenait qu’à moi, je le ferais tout de suite. Dans mon entourage, il y a d’ailleurs plus de personnes dans le même état d’esprit que l’inverse.”
Conditions de travail délicates
Sa mère est âgée de 88 ans. “Presque 89 ans” tient-elle à préciser. Et tout s’est déroulé sans problème en ce qui la concerne: “Les infirmières sont super gentilles. Elles sont très accueillantes. Elles vous mettent à l’aise.”
Malheureusement, nous n’avons pas été autorisés à accéder au cœur même du processus. Dès notre arrivée, une responsable est venue à notre rencontre: “Nous ne laissons pas des personnes extérieures entrer, car nous ne voulons pas perturber les gens qui viennent se faire vacciner.” Est-il alors possible de converser avec le médecin coordinateur? “Il n’est pas là pour l’instant”. Avec le chef du centre? “Il ne souhaite pas répondre à vos questions”.
Nous ferons avec les moyens du bord. Nous sommes tout de même autorisés à interroger à l’intérieur celles et ceux qui viennent de passer entre les doigts des soignant(e)s. “Mais vous ne pouvez pas aller au-delà de là-bas”. La responsable nous montre du doigt une limite à ne pas dépasser.
Même pas peur!
Nous nous fions à ce que Marie-Louise Trigaut nous raconte: “Quelqu’un nous a dit où il fallait attendre. Une personne est alors venue nous chercher pour nous installer dans une petite pièce cachée par des rideaux. L’infirmière m’a demandé si je me sentais bien. Et c’était le cas! Je ne suis pas habituée à être stressée, vous savez. Je n’ai pas eu peur. Je n’ai jamais peur de rien. J’ai d’ailleurs déjà connu des soucis de santé bien plus inquiétants que cela. En 1982, j’ai chuté dans les escaliers. J’avais une double fracture du crâne. On m’a entubée. J’ai perdu ma voix. Je n’avais aucune réaction aux chatouilles ou aux piqûres aux pieds. Je ne savais pas si j’allais pouvoir voir à nouveau. Je n’ai pas pu bouger pendant deux ans et demi. Par chance, j’ai récupéré mes capacités physiques.” Ce n’est donc pas le vaccin d’Astra Zeneca qui va l’effrayer: “Ils savent ce qu’ils font.”
Hésitations
Le doute était un peu plus présent dans la tête d’Armand De Brabanter (83 ans) et de sa femme: “On se méfiait après tout ce que l’on entendait sur Astra Zeneca la semaine dernière. Mais à partir du moment où l’Union Européenne et la France ont donné leur feu vert, nous n’avons plus hésité. Une dizaine de personnes ont connu des problèmes avec ce vaccin sur un million de vaccinés! Ce n’est rien. Il ne faut pas nécessairement être vacciné pour être victime d'une thrombose.”
Le témoignage d’Angella Dibuo (92 ans) est assez similaire: “Oui, j’ai eu peur d’Astra Zeneca. Je suis trop vieille pour supporter bon nombre de choses. Mais mon petit gamin m’a rassuré. En tout cas, je n’ai pas eu mal.” Son petit gamin tout de même âgé de 62 ans s’appelle Dino Crotali: “Bien sûr qu’il y avait une appréhension avec tout ce qu’il se disait. Mais j’ai demandé des renseignements auprès du call-center et de mon médecin traitant. Ils ont été rassurants. C’est comme ça que j’ai convaincu maman de venir.”
Une dame de l’organisation s’approche de nous: “Quand il y a beaucoup de monde dans le hall, je vous demande de sortir pour poser vos questions.” Pourtant, nous nous étions mis à l’écart. “Oui, mais cela gêne les gens.”
Organisation louée
Toutes les personnes interviewées rendent hommage à l’organisation sur place. “Tout était très bien. Il y avait une belle file d’attente quand nous sommes arrivés à 14 heures 45. À 15 heures 21, c’était notre tour. Tout d’abord, on a pris notre température. Nous nous sommes ensuite dirigés vers le bureau d’inscription. Nous avons attendu deux ou trois minutes avant que nous ne soyons conduits dans un box. Là-bas, on nous a fait la piqûre. Ensuite, nous avons attendu un quart d’heure pour voir s’il n’y avait pas d’effets secondaires. Et comme tout allait bien, nous voici partis! Nous avons maintenant rendez-vous le 11 juin pour recevoir la deuxième dose” décrit Armand De Brabanter.
“J’ai été convoquée par SMS” déclare pour sa part Angella Dibuo. “J’ai donné mes coordonnées à l’accueil avant d’atterrir dans une salle d’attente. Nous avons patienté un quart d’heure avant de passer à la salle de vaccination. Une fois que la piqûre était faite, nous sommes restés encore un quart d’heure dans la salle d'attente au cas où il y aurait eu des effets indésirables. Et maintenant, nous partons.” Son fils prend néanmoins soin de s’inscrire sur la liste d’attente avant de quitter les lieux.
Temps de guerre
“Les temps sont durs pour tout le monde” conclut Marie-Louise Trigaut. “Surtout pour les jeunes qui ne sortent plus de chez eux! C’est éprouvant à leur âge. Mais j’ai connu le confinement durant la guerre 40-45. Puis, pendant deux ans le ravitaillement. C’était encore pire! Nous avions difficile de trouver de la nourriture. Nous n’avions droit qu’à 200 grammes de viande ou de poisson par semaine. À cette époque, les enfants étaient encore plus traumatisés. Les adolescents d’aujourd’hui ne connaîtront jamais ce que nous avons vécu.”
Heures d’ouverture
Les employés chargés de la tenue de la liste d’attente sont moins causants. “Si je vous parle, je peux être licencié pour faute grave” nous confie l’un d’entre eux. “Nous avons été ouverts de huit heures 30 jusqu’à 21 heures 30 cette semaine. C’est vrai que la mise en route a été un peu laborieuse, mais tout rentre petit à petit dans l’ordre” concède cependant l’autre. “Parfois, nous allions même au-delà de cet horaire. Et la semaine prochaine (NDLA. lisez cette semaine), la plage horaire sera encore plus large.”
Jointe par téléphone, la porte-parole de l’Agence pour une Vie de Qualité (AViQ), Lara Kotlar, confirme la tendance: “Les centres de vaccination wallons seront accessibles jusqu’à 15 heures par jour, six jours sur sept. Du lundi au samedi, ils accueilleront des gens entre sept heures et 22 heures.”
Pas assez de vaccins
Mais pour l’instant, les dix lignes de vaccination prévues à Dampremy ne sont pas disponibles: “Nous n’avons pas assez de vaccins pour ça. Nous dépendons de la livraison. Astra Zeneca a annoncé l’arrivée de 500.000 doses au lieu de 700.000. Nous attendons avec impatience le vaccin de Johnson & Johnson prévu au mois d’avril.”
Pour le reste, rien ne filtrera quant au nombre d'inscrits sur la liste d’attente, de désistements, ou encore d’inoculations dans le centre carolo.
Retrouvez, ici, toute l’actualité de Charleroi et de sa région.
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