Une manif sauvage des gilets jaunes a perturbé Charleroi: “La résignation est un suicide”

Des dizaines de gilets jaunes ont manifesté à Charleroi ce dimanche. Sur une banderole, on pouvait lire: “La résignation est un suicide que nous n’accepterons jamais. La misère, le flicage des pauvres, le racisme, l’état policier, la soumission”.

Nous sommes parvenus à rentrer en contact avec l’un des organisateurs de cette marche non signalée aux autorités communales. Il nous a expliqué les raisons du mécontentement: “L’augmentation du diesel et des énergies de ‘première nécessité’ que sont le gaz et l’électricité. La diminution du pouvoir d’achat et la nette augmentation du panier de la ménagère... Les salaires ne suivent pas l’inflation. Nous sommes contre la vaccination obligatoire et le pass sanitaire. Ce qui ne signifie pas que nous sommes contre la vaccination”.

Mais d’après le porte-parole de la police de Charleroi, David Quinaux, la revendication principale concernait le Covid Safe Ticket (CST): “C’est, en tout cas, la seule qui était visible et audible. S’il y en avait d’autres, les manifestants ne les ont pas mises en avant”.

Pourtant, il y avait bel et bien des messages d’ordre économique ou sociétal inscrits sur certains panneaux des contestataires.

Par ailleurs, les gilets jaunes se sont baladés dans le centre-ville de Charleroi et ont notamment perturbé le trafic routier au niveau du rond-point dit du Marsupilami. “Ils ont commencé à entraver la circulation vers 17 heures 30 et se sont dispersés une heure plus tard”.

Le protestataire, appelé Leon Xuavled, que nous avons interrogé s’explique: “C’était une action de visibilité et de conscientisation, dans le calme et la bonne humeur. Certains citoyens n’ayant jamais manifesté nous ont rejoints même s'ils étaient peu nombreux. Ceci montre bien que de plus en plus de citoyens se sentent préjudiciés par toutes ces mesures gouvernementales qui, une fois bien décortiquées, montrent beaucoup trop de non-sens”.

Aucun incident majeur n’a été à déplorer: “La manifestation n’était pas déclarée, mais la police a été très correcte. Elle l’a encadrée comme elle le pouvait sans avoir aucune info sur notre parcours”.

Une seule arrestation a eu lieu pour état d’ivresse.

La décision de laisser se dérouler ce mouvement citoyen non autorisé a été prise par le bourgmestre, Paul Magnette (PS). Par contre, la Ville de Charleroi n’a pas souhaité donner beaucoup de précisions sur les raisons de cette décision: “La police, sur place, a en permanence analysé la situation et elle a encadré les choses d’un bout à l’autre. Cette analyse sert de base à la décision”. Nous n’en saurons pas davantage.

Leon Xuavled, lui, prévient déjà que d’autres actions vont suivre: “Le mouvement continuera jusqu’à ce qu’il y ait un dialogue engagé avec nos politiciens. Des citoyens qui maîtrisent le sujet n’attendent que ça: lancer le débat pour la diminution à 6 pourcents de la TVA (NDLR. Taxe Valeur Ajoutée) sur certains produits qui sont hors de prix. Aujourd’hui, il faut choisir entre se chauffer, manger ou même se soigner. Le peuple sombre dans l’endettement et la misère. Il faut qu’il y ait des réactions”.

Le week-end précédent, une cohorte de gilets jaunes avait déjà bloqué le centre de tri postal de Bpost à Fleurus. Du coup, les camions n’avaient pas pu décharger le courrier sur le site de l’entreprise jusqu’au lundi matin. La distribution des lettres avait subi de légers retards dans les provinces du Hainaut et de Namur.

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