Une mesure “étiquetée GLB” balayée in extremis, le coup de sang de Vandenbroucke: les coulisses de l’accord “thé au gingembre”
BudgetLes discussions entre partenaires de la Vivaldi pour parvenir à un accord sur la trajectoire budgétaire ont été musclées, c’est le moins qu’on puisse écrire. Au final, le gouvernement s’est accordé sur 1,8 milliard d’économies supplémentaires à l’horizon 2024, ce qui correspond à 0,3% du PIB. Chaque parti a dû faire des concessions. Une mesure en particulier aura pourtant cristallisé les tensions entre PS et le MR. Explications.
Face à l’inquiétude des agences de notation, de la Banque Nationale, du Bureau du Plan ou de la Commission Européenne par rapport au déficit belge (attendu à 41 milliards en 2028), le gouvernement ne pouvait échapper à des économies. Au total, un effort de 782 millions d’euros sera réalisé dans les dépenses et un autre de 779 millions dans les recettes, tandis que les mesures diverses rapporteront 205 millions.
Parmi les dépenses, la principale mesure prise par la Vivaldi concerne la dernière phase de revalorisation des pensions minimum. Face au refus du PS de la supprimer entièrement, comme proposé par Alexander De Croo, un compromis a été trouvé. En janvier 2024, la hausse prévue sera amputée de... 8 euros par mois. Ce qui porterait la pension minimum à 1.770 euros brut ou 1.625 euros net pour un isolé. On se souvient qu’initialement, le gouvernement s’était engagé à relever la pension minimum à 1500 euros nets, mais grâce à l’indexation automatique, ce montant a été dépassé. Bref, les pensions minimales augmenteront bien, mais de manière moins importante que prévu.
“Bien que certains autour de la table aient remis en question la quatrième augmentation de la pension minimale, elle sera pour l’essentiel préservée”, confirme la ministre des Pensions, Karine Lalieux, qui parle d’une “grande victoire”.
D’autres allocations, comme les allocations de chômage, la Garantie de Revenus aux Personnes Agées (GRAPA), le revenu d’intégration ou les indemnités d’incapacité de travail ne seront pas revalorisées une quatrième fois sous cette législature. Un montant de l’ordre de 374 millions pourra de la sorte être économisé.
Taxe sur les multinationales
Le PS se félicite par ailleurs de l’instauration d’une taxe sur les multinationales, qui devrait rapporter 634 millions. Les entreprises multinationales seront assujetties à un taux d’imposition minimum de 15 % à compter de 2023, conformément à une règle de l’OCDE.
“Nous allons même plus loin que nos obligations internationales. Puisque nous ne viserons pas uniquement les sociétés-mères en Belgique mais également les filiales belges des multinationales étrangères. C’est un vrai impôt minimum pour tout le monde”, sourit Pierre-Yves Dermagne, Vice-Premier ministre et ministre de l’Économie et du Travail remplacé par Karine Lalieux lors des négociations pour cause de Covid.
Réponse de Georges-Louis Bouchez? “Vous parlez d’une taxe OCDE instaurée partout dans le monde et sur laquelle vous n’avez eu aucune influence? Allez, soyez sérieux”, a-t-il commenté sur Twitter.
La mesure chère au MR qui fâche
Du côté du MR, on se réjouit d’une série de mesures pour l’activation des chômeurs, alors que l’objectif est toujours d’atteindre un taux d’emploi de 80% en 2030. Il n’est pas question toutefois de grandes réformes structurelles mais de mesures à l’impact limité. Un chômeur âgé entre 50 et 55 ans ne pourra par exemple plus refuser un job au motif que la durée journalière des déplacements dépasse 2 heures ou que l’emploi ne correspond pas à la profession pour laquelle il a été formé. Pour renforcer le contrôle des chômeurs, toute personne qui, par deux fois, ne se présente pas à un entretien d’évaluation se verra confrontée à une nouvelle procédure écrite pouvant, le cas échéant, conduire à des sanctions à l’encontre du demandeur d’emploi.
En revanche, le gouvernement ne s’est pas accordé sur l’idée de sanctionner financièrement les chômeurs de longue durée qui refuseraient à plus de deux reprises une formation pour un métier en pénurie. En octobre 2022, le MR avait déjà proposé cette mesure, mais s’était heurté à un “niet” du PS. Dimanche dernier, Alexander De Croo est revenu à la charge avec cette mesure, mais en proposant trois refus au lieu de deux. Concrètement, le chômeur recevrait encore un avertissement par écrit après deux refus et s’il n’accepte pas la formation, il se verrait privé d’allocations pour une période de 4 à 10 semaines. Il s’agissait donc d’une sanction temporaire. Une nouvelle fois, les socialistes francophones ont bloqué.
Vooruit, le parti socialiste flamand, était pourtant d’accord avec l’idée, a reconnu Frank Vandenbroucke: “C’était une discussion très symbolique et qui n’avait que peu de valeur dans la pratique”, a réagi le ministre de la Santé dans l’émission Terzake sur la VRT. “Un chômeur qui refuse une formation peut déjà être sanctionné, y compris si cela ne concerne pas un métier en pénurie. Et je suis favorable à cela. Le PS a surtout refusé parce que certains partis autour de la table ont fait une fixette sur cette mesure”.
Bouchez: “Le PS plus que jamais le parti de la sieste”
Si la mesure en question était en effet plus symbolique que cruciale pour le budget, elle tenait les libéraux (flamands et francophones) particulièrement à coeur. Dans cette coalition dominée par des partis de gauche, le MR et l’Open VLD veulent imprimer leur griffe.
“On aurait été bien fous d’accepter”, affirme une source du PS à Het Laatste Nieuws. Cette mesure porte l’étiquette Georges-Louis Bouchez”.
Le président du MR n’a d’ailleurs pas manqué de réagir sur les réseaux sociaux. “Le PS plus que jamais le parti de la sieste... Défendre le chômage aux dépens des travailleurs. Mais cela ne scandalise personne. Ne cherchez plus pourquoi la Wallonie et Bruxelles vont mal… Il faut changer!”, a-t-il déploré sur Twitter. Lors d’un conclave budgétaire précédent, Sophie Wilmès, qui officiait encore comme Vice-Première, avait quitté les dicussions parce que le PS continuait de bloquer cette mesure, “de bon sens” selon elle.
L’accord “thé au gingembre”
La mesure, imbuvable pour le PS, est pourtant restée longtemps sur la table des négociations, le MR en faisant une priorité. Face au blocage persistant, elle a été balayée une demi-heure avant le départ d’Alexander De Croo pour la séance plénière de la Chambre, relate Het Laatste Nieuws.
En conférence de presse, c’est un Alexander De Croo satisfait qui s’est présenté devant les journalistes. Le PM a parlé de l’accord “thé au gingembre”. “Je ne sais pas pourquoi mais on s’est tous mis à boire beaucoup de thé au gingembre, qui a beaucoup de vertus pour le bien-être physique. Cela évite le mal de gorge et cela permet de bien négocier”.
Il est vrai que les discussions ont été mouvementées et sujettes à tensions. Alors qu’on vous avait déjà parlé des menaces de Georges Gilkinet de faire tomber le gouvernement, le site d’information Business AM nous apprend que Frank Vandenbroucke aurait déchiré ses documents de colère en apprenant que De Croo voulait faire des économies dans les soins de santé, son département ministériel.
Bref, pour certains, les vacances de Pâques tombent à pic...
La FGTB n’accepte pas “l’attaque” contre les allocations sociales
Le contrôle budgétaire mené par le gouvernement fédéral contient “un certain nombre de réformes positives”, comme l’impôt minimum de 15% sur les bénéfices des multinationales, mais implique “une entrave” à l’augmentation des allocations minimales, a indiqué vendredi la FGTB, dans une première réaction.
La FGTB affirme ne pas accepter cette “’attaque” contre les allocations sociales. “Les partis libéraux instrumentalisent le contrôle budgétaire pour réduire les allocations sociales des plus faibles de la société”, fustige le syndicat socialiste, qui demande à toutes les parties concernées d’adapter cette mesure qui prendrait effet en 2024.
La FGTB ajoute qu’elle réagira “de manière plus complète” dès que les textes budgétaires seront rendus publics.
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