“Une soirée normale qui a dégénéré”: retour sur la partouze géante organisée dans un gîte à Virton
L’information a dépassé nos frontières. Une fête clandestine, réunissant une cinquantaine de personnes à Saint-Mard (Virton), a été interrompue dans un gîte samedi soir. En arrivant sur les lieux, les policiers ont retrouvé certains des participants complètement nus, des litres d’alcool et des cartouches de protoxyde d’azote. Une telle lockdown party était-elle préméditée? “Les choses ont dérapé, je n’avais pas prévu d’organiser une orgie”, confie l’organisatrice à Sudpresse.
Jeffrey DujardinDernière mise à jour:16-12-20, 19:54Source:HLN, Sudpresse
Mardi après-midi, rue d’Hanoncourt à Virton. La maison de vacances située en face de la clinique Saint-Mard est au centre de toutes les attentions depuis le week-end dernier. De nombreux passants ont fait un détour pour s’arrêter et contempler l’endroit où une partouze géante a été organisée.
En août 1999, des milliers de personnes ralliaient Virton et la Gaume pour une éclipse totale de soleil. Vingt-et-un printemps plus tard, la commune située au sud-est de la Belgique est à nouveau évoquée à l’international. “Nous sommes rentrés vers 22 heures, et nous avons vu des voitures garées partout. Toutes avaient des plaques d’immatriculation françaises”, raconte un voisin à HLN.
Un gîte réputé
Le gîte est très apprécié des touristes et des familles qui veulent passer une semaine de détente dans les bois. Il a la belle note de 8,4 sur 10 selon 32 votes. Le grand jardin avec terrasse, piscine et vue sur les forêts et les collines de Virton, est un bel atout. A l’intérieur, tout a été rénové. Il y a quatre chambres à coucher avec un total de huit lits, deux belles salles de bains avec douches à l’italienne, et même un billard et une table de ping-pong au sous-sol. En bref, une “super belle villa”, comme décrite par un vacancier en octobre. Mais il y a aussi des inconvénients: il faut parfois faire avec l’odeur désagréable venant d’une usine voisine. Et il y a des travaux de rénovation de l’autre côté de la rue : “Les travaux du nouvel hôpital, qui font du bruit et de la poussière, continuent”, pouvait-on lire cet été dans une revue locale.
Quatre mois plus tard, la police reçoit un coup de téléphone dans la nuit. Une forte pollution sonore est signalée dans la rue d’Hanoncourt. D’importantes ressources sont déployées. La police se rend sur les lieux et se gare entre la maison de vacances et l’hôpital. “Il était évident que la fête avait commencé. Il y avait beaucoup de bruit, de musique et d’acclamations”, témoigne le voisin. La police estime qu’il y a une vingtaine de personnes à l’intérieur de la maison. Les voisins regardent derrière leurs fenêtres, tandis que la police attend le feu vert du ministère public pour entrer.
Lorsque la police finit par intervenir, chaque mètre carré de la maison est occupé. Dans le gîte, qui peut être loué pour maximum huit personnes, il n’y a pas vingt fêtards, mais presque trois fois plus. La police passe au peigne fin toute la maison et le jardin. Un par un, les participants sont sortis de la maison, certains à peine ou pas du tout habillés. Les voisins n’en croient pas leurs yeux: “Ma femme a suivi l’intervention par la fenêtre, elle a vu que plusieurs personnes étaient très peu vêtues. Certaines femmes portaient des mini-jupes alors que la nuit était froide”.
A l’intérieur, de l’alcool, beaucoup d’alcool, et... des cartouches de crème fouettée de “Cream Deluxe”. Nous ne savons pas si les fêtards étaient d’humeur à manger de la crème fouettée. Ce qui est certain, c’est que ces cartouches contiennent du protoxyde d’azote. Une petite cartouche de gaz vidée dans un ballon de baudruche et son inhalation provoque des rires incontrôlés, d’où son surnom de “gaz hilarant”, qui s’estompent au bout d’une à deux minutes.
Au total, 56 personnes se trouvaient dans la maison, chacune d’entre elles a été condamnée à une amende de 250 euros pour ne pas avoir respecté les mesures sanitaires. Sinon, deux rapports officiels ont été rédigés pour possession de stupéfiants et de protoxyde d’azote. “Au départ, c’était juste une soirée entre amis pour fêter l’anniversaire d’une copine. Et puis les gens n’ont pas su fermer leur bouche, et d’autres sont arrivés”, explique l’organisatrice de la fête, âgée de 30 ans, dans les journaux de Sudpresse.
Le groupe d’amis, originaire de Metz, était d’abord passé par le Luxembourg pour s’approvisionner en alcool bon marché, après quoi il s’est dirigé vers Virton. Les invitations auraient été distribuées via Snapchat. Mais la situation a vite dégénéré et a dépassé le cercle des amis. Il y avait une règle: celui qui voulait venir devait payer un droit d’entrée. “De cette façon, chacun payait sa part pour l’alcool.”
C’était juste une soirée normale qui a dégénéré. Oui, il y a eu des trucs sexuels, mais ce n’était pas l’idée initiale
L’organisatrice de la soirée
“Pourquoi sommes-nous allés à Virton? Nous recherchions un endroit calme et tranquille”, explique-t-elle. “Mais si nous avions su que la maison était en face d’un hôpital, nous ne l’aurions pas fait. Il n’y avait pas de but sexuel. Après, comme dans toute soirée, il y a des couples qui s’éclipsent, qui batifolent, des gens qui vont s’isoler dans des chambres, voilà tout. En fait, on a perdu le contrôle de cette soirée. (...) C’était juste une soirée normale qui a dégénéré. Oui, il y a eu des trucs sexuels, mais ce n’était pas l’idée initiale”, admet-elle. “Ce n’était pas l’idée du siècle, c’est vrai. Mais l’erreur est humaine, non? On est jeune, on a le droit de s’amuser”.
Le maire de Virton, François Culot, juge la situation “complètement irresponsable”. “Chacun doit prendre ses responsabilités dans cette crise. Pour notre municipalité, qui attire souvent les touristes, c’est une première douloureuse”. Un voisin du gîte trouve également honteux que sa commune “doive faire la une des journaux, alors que Virton a tant d’autres belles choses à offrir”, dit-il. “C’est aussi une véritable honte pour le propriétaire de la maison, un sympathique Flamand qui vit entre Anvers et Louvain. Il ne mérite vraiment pas cela”, dit-il. Le propriétaire a également été interrogé par la police et a été condamné à une amende. “Mais l’homme ne savait rien. Il a acheté la maison il y a quelques années, après quoi il en a laissé la gestion à une société de location”.